Etat d'urgence immobilier !
Le manque de locaux pour les entreprises est aujourd'hui l'un des problèmes majeurs de la technopole. Situation d'autant plus paradoxale que la demande et les terrains sont là…
Enfin! Les chantiers commencent à s'ouvrir dans la technopole. Les programmes démarrent un peu partout. Il y a urgence. Depuis une bonne année, Sophia Antipolis s'est installé dans la pénurie immobilière. Le développement de la technopole se trouve bloqué dans le goulot d'étranglement de l'immobilier d'entreprise. Avec le grand risque de manquer la vague d'une nouvelle économie dont la technopole est justement l'un des grands initiateurs en France!Banques et promoteurs n'ont pas cru à la repriseLa situation a été mainte fois évoquée. Elle est d'autant plus consternante que Sophia Antipolis dispose de terrains à bâtir. Plus de 80.000 m2 de droits à bâtir même se trouvent en attente de mise en chantier. Mais banques et promoteurs, échaudés par la crise du début des années 90, n'y croyaient pas. Avant d'attaquer, il leur fallait des contrats de location béton pour plus de trois quarts du programme. Or, si les signatures souvent sont plus que bonnes, les entreprises étrangères rechignent à s'engager sur des baux de location 3,6 9.Quant aux start-ups, autres grands acteurs de la reprise, elles sont encore moins enclines à se geler dans le long terme que leurs vitesses d'évolution, donc leurs besoins de surfaces, n'ont rien à voir avec ce qu'on connaissait auparavant. D'où blocage qui fut pénalisant l'an dernier (voir l'article 'les effets de la pénurie sur l'emploi sophipolitain').La SAEM, la Société d'aménagement d'économie mixte qui gère le parc technologique, avait bien tiré l'alarme dès 1997. Les stocks diminuent, la demande augmente, la reprise est là, avait-elle averti à l'époque, chiffres à l'appui. Rien n'y avait fait. Banques et promoteurs se renvoyaient la balle, tandis que la puissance publique préférait laisser faire le marché.Urgence à construireDepuis le début de l'année, Etat et collectivités territoriales se rejettent les responsabilités. Le préfet Jean-René Garnier avait fait sensation lors de l'assemblée générale de CAD (Côte d'Azur Développement), en début d'année. Inutile, disait-il en substance, de dépenser de l'argent pour faire venir les entreprises de l'étranger si l'on n'a même pas les moyens de les accueillir. Roger Duhalde, premier vice-président du Conseil général et président du Symisa, le syndicat intercommunal qui gère la technopole, avait répliqué un peu plus tard dans les colonnes du quotidien régional Nice-Matin en accusant l'Etat de bloquer les collectivités par des schémas directeurs et des directives territoriales d'aménagement contraignantes.L'heure n'est pourtant pas aux disputes. Mais à faire face à l'urgence. Le fabuleux positionnement actuel de la technopole sur Internet et la mobilité, les compétences rassemblées dans ce domaine hyper porteur, la présence de l'ETSI, l'organisme européen de standardisation des télécoms, du W3C, le World Wide Web Consortium, devraient permettre d'assurer un fort développement pendant au minimum plusieurs années et pousser du même coup l'emploi régional.Les promoteurs qui ont attaqué, ne l'ont d'ailleurs pas regretté. Claude Muller (SFBM Antibes Développement), par exemple, qui a mis en chantier 9.000 m2 est déjà complet et il a trois gros clients pour un total de 20.000m2 ! Une raison supplémentaire, s'il en fallait, de ne pas s'installer dans la pénurie et de pousser les feux...