Cannes 2017 : Vers la lumière illumine le Festival
Présenté hier en compétition, « Vers la lumière » de Naomi Kawase a illuminé le Festival de Cannes. A travers cette belle réflexion sur la beauté qui va disparaître mais aussi sur le cinéma et le handicap, Naomi Kawase nous livre une superbe métaphore de l’existence avec ses douleurs intimes, ses séparations irrémédiables et ses quêtes éperdues de lumière.
Même si Naomi Kawase n’est pas véritablement une habituée du Festival de Cannes, « Vers la lumière », présenté hier, est tout de même son cinquième film à y être en compétition alors que son premier long métrage « Suzaku », présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, y a obtenu la Caméra d’Or il y a 20 ans. Cette année avec « Vers la lumière » belle réflexion sur la beauté qui va disparaître, mais aussi sur le cinéma et le handicap, Naomi Kawase nous offre un rayon de soleil dans une compétition parfois un peu sombre.
« Vers la lumière » raconte l’histoire de Misako qui élabore l’audio-description des films pour les aveugles en souhaitant leur transmettre la beauté du cinéma avec une grande précision. Passionnée par son métier, elle est touchée lors d’une réunion préparatoire à l’audio-description d’un film par les propos de Nakamori, un ancien photographe atteint d’une maladie dégénérative qui lui fait perdre la vue, lui reprochant vivement son trop-plein d’informations et ses interprétations subjectives qui brident l’imagination des aveugles. Une réflexion qui finira par modifier sa vision de son métier, tout en faisant écho à des moments douloureux de sa vie personnelle.
Une superbe métaphore de l’existence
A travers l’audio-description qui permet aux non-voyants, même privés des images, de partager le plaisir d’un film dans une salle de cinéma en se connectant à l’émotion des autres, Naomi Kawase nous livre une superbe métaphore de l’existence avec ses douleurs intimes, ses séparations irrémédiables et ses quêtes éperdues de lumière. Misako, dont le père a disparu et la mère perd la mémoire, et Nakamori qui n’est plus mesure de se servir de son appareil photo alors qu’il était toute sa vie, finiront par se rapprocher et partageront en secret cette phrase plusieurs fois prononcée : « Rien n’est plus beau que ce que l’on a sous les yeux et qui s’apprête à disparaître ».
« Vers la lumière » est aussi un film magnifique avec de superbes plans soulignés par une musique composée par Ibrahim Maalouf. Un film poignant avec de grands moments d’émotion qui pourraient bien séduire les membres du Jury et, pourquoi-pas, valoir à Naomi Kawase de devenir la seconde femme, après Jane Campion pour « La Leçon de piano » en 1993, à décrocher la Palme d’Or du Festival de Cannes.