Burkini : Cannes suspend l'arrêté, mais pour le maire, David Lisnard, le problème reste ouvert
Suite à la décision du Conseil d'Etat, David Lisnard, qui avait lancé le 27 juillet dernier le débat autour de l'interdiction du burkini sur les plages, a suspendu l'arrêté municipal. Mais pour le maire de Cannes, "le problème reste réel dans toute son acuité pour l’avenir, sur la signification et les conséquences de telles tenues sur les espaces de loisirs et de détente que sont les plages publiques."
Cannes a suspendu aujourd'hui mardi 30 août, son arrêté anti-burkini. Pris le 27 juillet par le maire, David Lisnard, cet arrêté qui ne courrait que jusqu'au 31 août, avait lancé le débat autour du burkini, débat qui s'est enflammé tout au long du mois d'août. Dans un premier temps, le tribunal Administratif de Nice, (par son ordonnance du 13 août dernier) avait validé l’arrêt municipal de la Ville de Cannes. Mais l’arrêt du Conseil d’Etat du 26 août dernier, a changé la donne. Il a été jugé que "l'arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d'aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle".
Suite logique, le Tribunal administratif s'est cadré sur la plus haute juridiction administrative et a suspendu aujourd'hui, mardi, l'exécution de l'arrêté "anti-burkini". Cannes s'est donc incliné, indiquant qu'elle n'engagerait pas de procédure de contestation. Ce n'est pourtant pas là un "clap" de fin.
David Lisnard : "la solution est donc désormais politique"
"Passé le cap des interprétations juridiques, le problème reste réel dans toute son acuité pour l’avenir, sur la signification et les conséquences de telles tenues sur les espaces de loisirs et de détente que sont les plages publiques" explique David Lisnard dans un communiqué. "Cela d’autant plus que le Premier Ministre lui-même a estimé que ces costumes de bains portés uniquement par des femmes et à connotation ostensiblement religieuse et fondamentaliste "sont incompatibles avec les valeurs de la France et de la République".
Si tel est le cas, ce que je crois, la société ne peut rester inerte.
Or, le Conseil d’Etat estimant que les maires n’auraient pas la possibilité de les prohiber, même pour protéger du risque de trouble à l’ordre public, la solution est donc désormais politique.
C’est au débat démocratique de trancher sur la possibilité, voire la nécessité, d’interdire ou pas de tels vêtements à portée religieuse et politique, en l’occurrence du radicalisme islamiste.
J’estime à ce titre qu’il faut une évolution législative, y compris au niveau de la Loi Fondamentale s’il y a difficulté constitutionnelle, soit pour interdire le burkini sur tout le territoire, soit pour permettre aux maires de le faire selon les circonstances locales, notamment pour des motifs d'ordre public et de dignité de la femme.
Le problème doit être tranché pour clarifier nos règles de "vivre ensemble en république française", puis passer à d’autres débats.