Nice : le cri de colère des policiers municipaux
Les policiers municipaux de Métropole-Ville de Nice ont été cruellement déçus de n'avoir même pas été cités lors de la conférence de presse que le ministre de l’intérieur et le ministre de la défense ont tenue le 16 juillet. Leurs représentants syndicaux ont envoyé une Lettre Ouverte au Premier Ministre pour exprimer cette déception et redemander une évolution de la législation pour un meilleur armement et des moyens d'action supplémentaires au quotidien.
Autre pièce à ajouter au dossier déjà épais de l'attentat de Nice : la réaction des policiers municipaux de la Métropole-ville de Nice. Ils n'ont pas apprécié que leur rôle ait été minimisé dans la neutralisation du terroriste et qu'ils n'aient même pas, selon eux, été cités lors de la conférence de presse que le ministre de l’intérieur et le ministre de la défense ont tenue le 16 juillet. Les sections syndicales représentatives de la collectivité Metropole-Ville de Nice (SAFPT, SANCA-UNSA, FAFPT Métropole – Ville de Nice, ainsi que SNPM, FOPM, CGT PM de Nice) ont envoyé aussi une Lettre ouverte au Premier Ministre pour dire que le fait de n'avoir pas été cité avait été perçu comme une offense.
Dans cette lettre les syndicats de policiers municipaux rappellent aussi au nom de tous leurs collègues français ce qu'ils ont déjà demandé : faire évoluer l’arsenal législatif et règlementaire afin de donner les moyens nécessaires à la police municipale. Cela non seulement pour l'armement, mais aussi pour les moyens d'action au quotidien.
Le texte de la Lettre Ouverte
"Monsieur le Premier Ministre,
En ce funeste 14 Juillet 2016, au travers de l’attentat terroriste perpétré sur le territoire de la commune de Nice, la France a de nouveau été victime de la folie inhumaine. Une fois de plus, l’un des bras armé de l’Etat Islamique a semé la terreur au sein de notre population.
Ce 14 Juillet de l’horreur, c’est ensemble que les policiers municipaux et les policiers nationaux ont procédé à la neutralisation du terroriste en sauvant des centaines de vies humaines, c’est ensemble qu’ils ont porté secours à la population et c’est ensemble qu’ils ont dû faire face à l’indicible, dans le courage et la dignité.
Malgré cela, nous déplorons qu’une fois encore, une fois de trop, au cours de la conférence de presse que le ministre de l’intérieur et le ministre de la défense ont tenue le 16 Juillet 2016 à 19 heures, la police municipale n’ait pas été citée alors que le soir de la fête nationale, comme lors de toutes les manifestations de ce type, elle était en première ligne sous l’autorité de la Préfecture.
Faut-il vous rappeler Monsieur le premier Ministre que c’est un équipage de la police municipale, qui a signalé l’arrivée du camion ? Que ce sont les caméras de vidéoprotection gérées par le Centre de Supervision Urbain de la police municipale de Nice qui ont permis de confirmer rapidement la menace ? Que l’alerte donnée à l’ensemble des forces de sécurité intérieure émanait de la police municipale et a été donnée immédiatement au PC CRISE qui se tenait ce soir-là au sein de ses locaux ?
Est-il donc encore nécessaire de rappeler que c’est grâce à la réactivité et à l’action de la Police municipale de Nice que le terroriste a pu être neutralisé en moins d’une minute ?
Contrairement aux propos tenus par le gouvernement il y a quelques semaines de cela, les policiers municipaux ne sont donc pas des « PRIMO-ARRIVANTS », mais bien des « PRIMO-INTERVENANTS ».
Ne pas avoir été cité, est perçu comme une offense par les agents de la police municipale que nous représentons.
Comment expliquer à des agents en première ligne ce soir-là, dont le professionnalisme, le dévouement, et les efforts au quotidien sont reconnus par une grande majorité de nos concitoyens et de nos élus, qu’ils ne soient même pas salués par les plus hautes autorités de l’Etat ? Nous serions donc une force de sécurité intérieure inexistante aux yeux du gouvernement alors même que nous avons déjà payé un lourd tribut pour la protection des français.
En écrivant ces mots, nous avons une pensée pour nos collègues Clarissa JEAN-PHILIPPE et Aurélie FOUQUET.
Les propos du ministre de l’intérieur et de la défense démontrent la déconnexion que vous avez avec vos équipes du terrain qui sont conscientes du travail et de l’aide apportée par la police municipale depuis de nombreuses années.
Cette complémentarité, particulièrement marquée au cours de cet attentat existe au quotidien. La police municipale et la police nationale ont besoin l’une de l’autre.
Les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie sont devenus tellement insuffisants que la police municipale est devenue le seul moyen de pallier ce manque d’effectifs. Cependant, pour pallier efficacement ce déficit d’effectifs, elle a besoin d’avoir les mêmes moyens d’action et le même armement. Or ce n’est toujours pas le cas.
Ce dramatique évènement nous a démontré que les forces de la police municipale ont su faire face à la situation avec tout le professionnalisme qui peut être attendu dans ce type de situation.
Il démontre également qu’il est temps de faire évoluer l’arsenal législatif et règlementaire afin de donner les moyens nécessaires à la police municipale. Tout d’abord en ce qui concerne l’armement : il est indispensable en effet que les policiers municipaux aient enfin le même armement que les policiers nationaux. Cet armement doit devenir obligatoire et non pas laissé à l’appréciation des maires, il doit être adapté à la menace terroriste et être accompagné de moyens de protection efficaces.
Nous vous demandons également d’étudier la possibilité, à l’instar de ce qui a été fait dans le cadre de l’état d’urgence pour la police nationale, que les policiers municipaux puissent porter leur arme en dehors du service. En effet, dans le cadre des attentats de Nice, de nombreux policiers municipaux en civil, de repos, se sont retrouvés parmi la foule ciblée par le terroriste et il est évident d’après les témoignages qu’ils ont pu apporter à ce jour que si ceux-ci avaient obtenus l’autorisation du port d’arme permanent l’individu aurait pu être stoppé avant.
En ce qui concerne la légitime défense, pourquoi votre gouvernement ne l’a-t-il pas étendue à la police municipale ? Pourquoi les policiers municipaux ne peuvent toujours pas bénéficier des mêmes dispositions que les policiers nationaux ?
En ce qui concerne leurs moyens d’action au quotidien, pourquoi n’ont-ils toujours pas la possibilité d’effectuer des contrôles d’identité alors que le salarié d’un hypermarché peut le faire lors du paiement par chèque ?
En ce qui concerne l’accès aux fichiers, pourquoi n’ont-ils toujours pas accès aux fichiers des immatriculations et des permis alors que n’importe quel garagiste peut y accéder ?
Comme vous l’avez compris, c’est un sentiment de tristesse et de déception qui anime les vingt mille agents que nous représentons.
Comme vous l’avez dit, nous sommes en état de guerre sur notre territoire. Votre gouvernement déplore un manque de moyens humains mais il refuse de donner les moyens d’action nécessaires à la force de sécurité intérieure que nous représentons.
Ce courrier n’est pas le premier, il est aussi le résultat du refus de votre gouvernement d’accéder à toutes les demandes incessantes que nous formulons vainement, pour donner les moyens d’agir à la police municipale.
Les policiers municipaux, au service de la République et de nos concitoyens n’ont jamais failli à leur mission.
Les policiers municipaux, sont plus que jamais pleinement engagés à vos côtés dans ce combat de leur sécurité.
Monsieur le Premier Ministre, Entendez nous ! Entendez ce cri de colère et de douleur qui émane de la 3ème force de sécurité intérieure de notre pays !"