Cannes 2016 : les frères Dardenne injustement malmenés avec « La Fille inconnue »
Accueil mitigé hier pour « La Fille inconnue » de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Pourtant leur film, qui relate la quête d’une jeune médecin pour découvrir l’identité d’une inconnue dont elle se sent responsable de la mort, ne mérite pas l’excès de critiques virulentes dont il fut l’objet. Si l’histoire est assez simple, elle est tout de même empreinte d’une certaine profondeur et offre un beau rôle à Adèle Haenel.
Si Pedro Almodóvar est un peu le cinéaste maudit du Festival de Cannes, les frères Dardenne en sont un peu les chouchous puisqu’ils ont déjà obtenu deux Palmes d’Or pour « Rosetta » en 1999 et pour « L’Enfant » » en 2002, mais également le Grand Prix pour « Le Gamin au vélo » et le Prix du scénario pour « Le Silence de Lorna », sans oublier les prix d’interprétation glanés par de deux leurs acteurs :(Emilie Dequenne dans « Rosetta » et Olivier Gourmet dans « Le Fils ». Pourtant cette année, « La Fille inconnue », qu’ils ont présenté hier, a été dans l’ensemble très mal accueillie par la critique, sans doute victime d’un syndrome qui sévit souvent au Festival où certains journalistes, peut-être fatigués par le rythme cannois assez éprouvant, prennent un malin plaisir à agir en meute pour descendre en flammes un film qui pourtant ne le mérite pas.
Une jeune médecin mène l’enquête
« La Fille inconnue » raconte l’histoire de Jenny, une jeune médecin qui, à la fin d’une journée éreintante, refuse d’ouvrir à une patiente qui sonne à sa porte plus d’une heure après la fin des consultations. Un peu plus tard, elle apprend par la police que la personne qui a sonné était une jeune fille inconnue que l’on a retrouvée morte non loin de là. Bouleversée et se sentant responsable de sa mort qui aurait pu être évitée si elle lui avait ouverte, Jenny va tout d’abord renoncer à un poste lucratif dans un centre médical prestigieux pour reprendre le cabinet, situé dans un quartier populaire de banlieue, au sein duquel elle vient de terminer un remplacement. Mais surtout, elle ne va avoir de cesse de chercher à découvrir l’identité de l’inconnue, ne serait-ce que pour que sa famille puisse un jour se recueillir sur sa tombe.
Adèle Haenel à l’écoute de ses patients
Même si son enquête va parfois empiéter sur les plates-bandes de la police, le Docteur Davin va principalement la mener en étant à l’écoute de ses patients et de leurs douleurs. Adèle Haenel donne du corps à ce personnage qui suscite de l’empathie de la part de ses malades et qui finira à mener à bien sa quête obstinée des circonstances de la mort de l’inconnue qui retrouvera à la fin son identité. Une quête qui permettra également à Jenny, grâce à ses rencontres, de renaître à la vie. Jean-Pierre et Luc Dardenne offre un très beau rôle à Adèle Haenel qui prend dignement la suite de Cécile de France et de Marion Cotillard qui incarnaient leurs héroïnes dans leur deux derniers films. Comme souvent chez eux, la toile de fond sociale est aussi très présente et les deux frères mettent en lumière comme rarement les gens simples d’un quartier populaire de Liège.
Si l’histoire de « La Fille inconnue » est finalement relativement simple, elle est tout de même empreinte d’une certaine profondeur et n’est en rien ennuyeuse, contrairement aux dires de certaines critiques virulentes. Les frères Dardenne restent de grands cinéastes et, même s’ils ne décrocheront sans doute pas leur 3ème Palme d’Or cette année, c’est toujours un plaisir de découvrir leurs films au Festival de Cannes.