Cannes 2016 : Retour réussi pour Jodie Foster avec « Money Monster »

Lorsqu’il dévoila la sélection du Festival de Cannes, Thierry Frémaux annonça que l’édition 2016 serait marquée par une pluie d’étoiles sur la Croisette. Si les deux premiers films présentés aujourd’hui en compétition, « Rester vertical » d’Alain Guiraudie et « Sieranevada » de Cristi Puiu en étaient dépourvus, deux superstars ont néanmoins foulé le tapis rouge ce soir : George Clooney et Julia Roberts venus présenter « Money Monster » de Jodie Foster.

Prise d’otages en direct

Dans ce film, George Clooney joue le rôle de Lee Gates, l’animateur vedette d’une émission télévisée, « Money Monster », dans laquelle il donne des conseils de placements financiers en se donnant en spectacle, ponctuant ses explications boursières de gags et effets sonores puérils. Un jour l’émission dérape lorsqu’un inconnu fait irruption dans le studio et prend en otage le présentateur dont les conseils l’ont mené à la ruine lorsque le cours d’une action, prétendument sans risque qu’il recommandait, s’est effondré. Lee est contraint d’enfiler un gilet bourré d’explosifs susceptible de faire sauter tout l’immeuble. Les forces de l’ordre rappliquent en masse et l’on suit minute par minute, le déroulement de la prise d’otages qui est relayée en direct par toutes les télévisions du monde entier.

L’émotion derrière le thriller

Secondé par Patty Fenn (Julia Roberts), la productrice et réalisatrice de l’émission qui lui parle constamment à l’oreillette, Lee engage le dialogue avec Kyle le preneur d’otages, d’abord pour sauver sa peau. Mais au fil de l’histoire, tandis qu’ils cherchent à comprendre ce qui s’est passé, Lee et Patty se découvrent sincèrement émus par la situation de Kyle et vont mener l’enquête, mettant à jour une gigantesque fraude au cœur de Wall Street. Derrière le thriller haletant, l’histoire poignante prend progressivement le dessus tandis que Jodie Foster montre l’évolution du personnage de George Clooney, superficiel et suffisant au début, qui se révèle à la hauteur d’une situation dramatique et finit par montrer le visage d’un homme plein d’humanité.

Un beau duo de stars

Dans sa dénonciation, qui touchent parfaitement leur cible, des dérives de la télévision spectacle et des chaînes d’infos en continu, mais surtout de celles du monde de la finance, Jodie Foster est bien aidée par son beau duo d’acteurs dont la complicité dans la vie semble se ressentir à l’écran. George Clooney est bon dans le rôle de cet animateur qui n’est pas dupe de la légèreté  des conseils qu’il donne aux téléspectateurs, mais auxquels les événements du film offriront une occasion inattendue de se racheter. Quant à Julia Roberts, elle est parfaite en productrice réalisatrice qui tire les ficelles de l’émission en parvenant à maîtriser son électron libre d’animateur qui l’exaspère souvent, mais qui finira par remonter dans son estime.

Au final, outre le fait d’avoir offert une très belle montée des marches,  foulées pour la première fois par Julia Roberts, Jodie Foster a pleinement réussi son retour au Festival de Cannes où l’actrice aujourd’hui réalisatrice s’était révélée il y a 40 ans, alors qu’elle n’avait que 13 ans, avec deux films en compétition « Bugsy Malone » d’Alan Parker et surtout « Taxi Driver » de Martin Scorsese qui décrocha la Palme d’Or en cette année 1976.