Océans : des découvertes azuréennes dans le monde des planctons
Deux publications de chercheurs de l’Observatoire océanologique de Villefranche (CNRS-UPMC) dans la revue "Nature" apportent un nouvel éclairage sur le monde encore peu connu des planctons et sur leur rôle dans la "pompe à carbone" biologique que jouent les océans.
Avec deux publications dans la prestigieuse revue "Nature" qui révèlent de nouvelles découvertes sur le plancton, les chercheurs de l’Observatoire océanologique de Villefranche (CNRS-UPMC) ont confirmé qu'ils étaient des acteurs majeurs dans les recherches en ce domaine. Ces deux articles font état en effet de deux découvertes majeures. Le premier, grâce aux échantillons récoltés lors de l'expédition Tara Océans, décrit un nouveau réseau d’espèces du plancton et dévoile son rôle dans la pompe à carbone biologique. Un élément essentiel considérant que l'océan est la plus importante "pompe à carbone" de la planète. L'article démontre aussi la possibilité de prédire le transfert de carbone de la surface vers le fond grâce à un faible nombre de gènes.
Ces résultats permettront notamment aux chercheurs de tester la robustesse de ce réseau face aux perturbations climatiques et les conséquences sur la pompe à carbone biologique. Publiés récemment sur le site de la revue Nature, ces travaux soulignent tout particulièrement l'importance du plancton dans la machine climatique.
Le second article porte le regard sur un plancton "unicellulaire" géant passé jusqu'à présent inaperçu. La publication s'attache à montrer l'importance des rhizaires (Rhizaria en latin), plancton géant passé jusqu’alors inaperçu à cause de sa fragilité de collecte dans les filets et qui constitue en fait 25% du plancton de grande taille à l’échelle mondiale. Il prédomine dans des zones pauvres en nutriments (situées au centre des grands océans), qui couvrent la plus grande partie des régions océaniques.
Une technologie d'imagerie numérique sous-marine exceptionnelle
Autre apport des chercheurs azuréens à une meilleure connaissance de la biologie des océans : la technologie d’imagerie numérique sous-marine qui a été inventée à l’Observatoire Océanologique de Villefranche (CNRS-UPMC) et qui a permis l’obtention de ces résultats. Cette technologie s'appelle l’UVP (Underwater Vision Profiler) ou profileur de vision marin. Elle a été inventée par Gaby Gorsky (DR CNRS), Lars Stemmann (Professeur à l’UPMC) et Marc Picheral (Ingénieur de recherche CNRS), qui a obtenu par ailleurs le Cristal du CNRS pour cette invention.
Cet appareil est composé d’un Système d’imagerie numérique équipé d'un logiciel permettant d'identifier et de quantifier directement le macro-plancton et la neige marine de la surface et jusqu’à 6000 m de profondeur. L’UVP est aussi l’instrument qui a permis l’obtention des données concernant les particules marines (>100 µm) et du plancton (> 600 µm) utilisées dans les deux articles de Nature. Plusieurs unités de cet appareil sont vendues dans le monde chaque année, par la jeune société française Hydroptic, sous la licence du CNRS (www.hydroptic.com). Sur la photo ci-contre, l'immersion de l'UVP (© DR/OOV ).
+ d'infos
- Beaucoup plus de détail dans les communiqués du CNRS. Pour le premier article "Le "réseau social" planctonique de la pompe à carbone biologique dévoilé"
- Pour le second article : "Du plancton géant passé inaperçu"