Sophia : l'Institut Theseus sauvé de justesse
L'un des 10 meilleurs MBA européen a failli disparaître cet été, suite au retrait brutal de France Telecom. Une solution a été trouvée, mais un plan social a dû être lancé.
La rentrée a bien failli ne pas avoir lieu à l'Institut Theseus de Sophia Antipolis. Avec le désastre d'une cinquantaine d'élèves qui avaient déjà payé pour l'un des plus prestigieux MBA d'Europe et qui se seraient retrouvés sur le pavé. Ce fut d'ailleurs, pour le campus sophipolitain, le grand dossier de l'été.S'il a pu être réglé sans que les élèves ne voient le danger qui les a menacés, si la rentrée a pu être assurée dans les meilleures conditions, si Theseus a pu assurer sa pérennité, il n'en reste pas moins un problème douloureux : l'Institut va devoir se séparer d'une partie de son personnel avec un plan social annoncé en début de semaine et touchant une dizaine de personnes sur un effectif de 28.Créé par France Télécom en 1989Les raisons de cette crise ? Le retrait net et brutal de France Télécom annonçé au début de l'été. Theseus avait été fondé par l'opérateur historique en 1989, alors qu'il était encore nationalisé. C'est lui qui portait à bout de bras cet institut prestigieux qui développait deux activités liées à la formation : un MBA combinant management et nouvelles technologies de la communication; des sessions de formation pour les hauts cadres des grands groupes internationaux.Quand il y a quatre ans France Télécom a été privatisé, Theseus évidemment a vu venir les difficultés. L'entreprise privée FT, souhaitait se désengager progressivement de ce qui ne lui semblait plus être son cœur de métier. Au départ, sur un budget annuel de l'ordre de 25 millions de francs, le déficit de l'ordre de 10 millions de francs était assuré pratiquement à 100% par l'opérateur téléphonique. Sa participation s'était nettement réduite et ne tournait plus qu'autour de 10%.La CCI assure le sauvetage' Le désengagement de France Telecom n'était pas une surprise, assure Ahmet Aykaç, le directeur de Theseus. La dissolution du GIE (Groupement d'Intérêt Economique) était prévue. Cette formule n'avait d'ailleurs pas que des avantages. Elle nous bloquait auprès de nouveaux partenaires qui ne voulaient pas s'associer au sein d'un GIE, en raison des risques financiers que cela présentait.Reste quand même quelque chose qui n'était pas attendu : France Telecom voulait vendre le bâtiment, qui lui appartient, et dans lequel est hébergé Theseus depuis sa création (un bâtiment qui se trouve à côté de l'Agora de FT qui a été, elle, mise en vente). Sans locaux, difficile en effet d'accueillir les étudiants. Le sauvetage de Theseus a pu avoir lieu, en fait, grâce à la CCI, la Chambre de Commerce et d'Industrie. L'an dernier, déjà, Theseus s'était rapproché du Ceram, l'école de commerce de la CCI qui avait son propre MBA. Les deux MBA avaient déjà été rapprochés même s'il n'étaient pas pour autant fusionnés ( chaque entité a procédé à son propre recrutement pour la rentrée 2000 avec 50 élèves environ pour chacun).Un nouveau départLa CCI a donc négocié un contrat de neuf ans à France Telecom et a établi un contrat de sous-location avec Theseus. Ce qui permet à cet Institut, qui contribue au rayonnement de Sophia Antipolis (il a été classé parmi les cent meilleurs MBA du monde et les dix meilleurs européens), d'assurer son avenir. En revanche, le budget, de par le retrait de FT et les frais de location s'est contracté autour de 20 millions de francs. Ce qui, explique la direction, a contraint au plan social.Mais il s'agit d'un nouveau départ,assure Ahmet Aykaç. Nous avons créé deux structures légales. Une association loi de 1901, la SAMI (Sophia Antipolis Management Institute) prendra en charge l'activité diplomante MBA et les projets de recherche. Une structure SARL, qui appartiendra au corps professoral et aux employés, assurera la partie formations internationales pour les grands groupes.L'immense regret d'Ahmet Aykaç, c'est évidemment d'être contraint de se séparer d'une partie de ceux qui ont contribué au succès de l'Institut. Nous avons étudié toutes les solutions pour éviter cela. Dans le court terme, il n'y en pas.Mais ce nouveau plan social à Sophia Antipolis, après celui qui touche la SAEM (Société anonyme d'économie mixte), n'en jette pas moins une mauvaise lumière sur une technopole en pleine reprise…