Nice : 'M i n g e i , beauté du quotidien au Japon'
Cette exposition temporaire au musée des Arts Asiatiques met en scène la remarquable collection privée de Jeffrey Montgomery sur l'artisanat d'art nippon du début du 20ème siècle.
Il s'agit du titre de la troisième exposition temporaire présentée par le musée des Arts Asiatiques de Nice depuis son ouverture en 1998. Inaugurée le 14 Avril par Françoise Cachin, directrice des Musées de France, cette exposition de deux cents objets du quotidien au Japon constitue l'essentiel de la collection privée de Jeffrey Montgomery. On pourra la visiter jusqu'au 3 décembre prochain.La valorisation de l'artisanat d'artA toutes les époques, depuis que le Japon est entré dans l'histoire, les objets du quotidien japonais qui nous ont été transmis, plus spécialement ceux des 17, 18 et 19ème siècle, nous sont apparus dans leur perfection tant par leur ergonomie fonctionnelle que par l'originalité de leur matière, de leurs couleurs, et de leur décoration.Théières, bols, masques, Kakemonos (rouleaux peints), représentation d'animaux familiers (chats, lapins, renards) avaient de quoi envoûter. Le savoir-faire de ces artisans s'est perpétué au 20ème siècle bien que l'industrialisation du Japon ait mis en péril ces dynasties d'artisans dont l'art de fabrication relativement spécialisé, imprégné de l'esprit du bouddhisme ZEN, s'enseignait dans un cadre familial élargi. De même qu'on avait les écoles de peinture comme celles de Korin ou de Kano qui ont franchi plusieurs siècles, de même des écoles de potiers comme celle de la famille Raku transmettaient-t-elles leurs techniques de génération en génération.C'est sans doute en réaction contre la fabrication industrielle d'objets que l'écrivain-philosophe-potier Soëtsu Yanagi, aidé des potiers Hamada Shôji et Kawai Kanjirô, créa le Mouvement pour l'Art Populaire Japonais sur le modèle du Mouvement de l'Artisanat créé en Grande Bretagne par William Morris vers le milieu du 19ème siècle.L'art du fonctionnelSoëtsu Yanagi définit le mouvement Mingei comme un art des objets fonctionnels qui ont un usage pratique ou une fonction qui peut être rituelle comme les petites divinités domestiques que l'on retrouve sur les petits autels familiaux.Parmi les objets de la collection Montgomery, on remarquera précisément un autel familial du 18ème dont l'intérieur des portes est décoré de phénix et de grenades en laque dorée, sur un fond de laque rouge. On s'attardera aussi sur un brûleur d'encens en forme de tortue ou encore sur un chat en argile peinte du 19ème dont de nombreuses copies conforme ornent au Japon l'entrée de certaines boutiques, comme une invitation à y entrer.Nombreux sont les objets qui évoquent la parenté culturelle du Japon et de la Chine. Ainsi le brûleur d'encens en forme de tortue : les quatre pattes de l'animal représentaient le carré impérial rattaché à la terre tandis que la carapace ovale symbolisait le ciel. Les deux traditions impériales n'incarnaient-elles pas la maîtrise du ciel et de la terre en un même lieu et en un même homme.Cette collection privée n'a d'égale que les collections que l'on peut admirer à Tokyo au musée des Arts Populaires du Japon.