Campus : la longue route du droit d'ingérence
La séance de rentrée de l'Institut du Droit de la Paix et du Développement a permis de rendre hommage à ceux qui, de 1933 à aujourd'hui, se sont battus pour imposer le concept d'humanitaire.
Au Palais de la Société des Nations comparait un individu de nationalité allemande, un certain Bernheim, un juif de Haute Silésie qui a porté plainte contre son gouvernement par suite des persécutions dont sont victimes les Juifs de la part du régime nazi qui vient d'arriver au pouvoir. Le ministre de la propagande du Reich, Joseph Goebbels répond devant l'assemblée : l'Allemagne est un pays souverain, nous faisons ce que nous voulons de nos pacifistes, de nos socialistes et de nos juifs.Les délégués de la Société des Nations sont choqués. Mais pas par la réponse de Goebbels ; plutôt par la plainte de Bernheim qui met en cause l'article 2 paragraphe 7 de la Charte qui défend à l'organisation internationale de s'immiscer dans les affaires intérieures des états. Seul contre tous René Cassin défend la thèse qu'il faut défendre tous les Bernheim et condamner tous les Goebbels. De cette lâcheté de la Société des Nations est sans doute née la Shoah.L'histoire du droit d'ingérence part de là : Genève, 1933. Elle a été retracée par le professeur Mario Bettati, co-fondateur avec Bernard Kouchner de Médecin sans frontières puis de Médecin du Monde, à l'occasion de la séance solennelle de rentrée de l'Institut du Droit de la Paix et du Développement de l'Université de Nice. Une séance placée par le Doyen de l'Institut, Louis Balmont, et le Vice Président de l'Université, sous le patronage du professeur René-Jean Dupuy auquel il était rendu hommage en rappelant, avec l'histoire du droit humanitaire et du droit d'ingérence, le souvenir de ceux qui furent les inspirateurs de Bernard Kouchner, le Prix Nobel René Cassin et l'ancien secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros Ghali.Après le deuxième conflit mondial, les idées de René Cassin ne s'imposeront qu'en doses homéopathiques à partir de la déclaration universelle des droits de l'homme et de la Convention du 9 Décembre 1948 sur la répression du génocide. Il faudra 50 ans pour voir s'affirmer le droit d'ingérence et l'introduction d'un peu plus d'humanité dans les Relations Internationales avec les élections au Kosovo.