Cannes 2017 : Les Fantômes d’Ismaël en ouverture
C’est le film d’Arnaud Desplechin, Les Fantômes d’Ismaël, qui ouvrira ce soir la 70ème édition du Festival de Cannes. Un film au casting prestigieux avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg qui, aux côtés des membres du jury emmenés par Pedro Almodovar, assureront une belle première montée des marches.
Juré du Festival l’an dernier, Arnaud Desplechin a déjà participé à cinq reprises à la compétition du Festival de Cannes, dès 1992 avec son premier long métrage « La Sentinelle » jusqu’à « Jimmy P », tourné aux Etats-Unis, en 2012. Cette année, il fait l’ouverture hors compétition avec « Les Fantômes d’Ismaël », un film qui offre la particularité de sortir avec deux versions différentes qui ont toutes les deux l’aval d’Arnaud Desplechin. Une « version originale » (Director’s cut) et une « version courte », raccourcie de 17 minutes, qui est celle présentée à Cannes et qui sera la plus largement diffusée.
Les Fantômes d’Ismaël raconte l’histoire d’un réalisateur qui, avec quelques difficultés, est en train de mettre la dernière main à son nouveau film. Auprès de Sylvia, Ismaël a retrouvé une certaine stabilité même s’il est toujours hanté par le souvenir de sa femme Carlotta qui a disparu subitement, sans jamais donner de nouvelles, il y a plus de 20 ans. Mais son équilibre précaire va être remis en question lorsque Carlotta, qu’il croyait morte, fera sa réapparition.
Un beau duo d’actrices
Aux côtés de Mathieu Amalric, l’acteur fétiche d’Arnaud Desplechin dont il incarne un peu le double confronté à ses angoisses, vont s’affronter deux femmes qui se disputent le même homme. Astrophysicienne solitaire et rêveuse, Charlotte Gainsbourg est la raisonnable tandis que Marion Cotillard est insaisissable, mais touchante comme lorsqu’elle danse sur une chanson de Dylan. Dans des registres forcément différents, les deux actrices donnent du corps à ce beau film dans lequel Arnaud Desplechin aborde avec beaucoup d’autodérision des thèmes qui lui sont chers comme le vertige du deuil ou la nécessité du cinéma, avec de nombreuses références à ses précédents films.
Dans ce film à clés dans lequel il revisite le triangle amoureux, le réalisateur n’hésite pas à se remettre en question pour mieux chasser ses fantômes et se réinventer. L’épilogue du film, en forme de happy-end, illustre bien cette renaissance qui ouvre un avenir radieux à moins que les fantômes qui ne rodent jamais très loin chez Arnaud Desplechin ne fassent rapidement leur réapparition.