Tim Scanlan, inventeur dans l'âme
De grands groupes en start-ups, cet anglais au look d'inventeur est un fidèle de Sophia Antipolis. A 55 ans, il rebondit à nouveau en fondant e-acute.
Après une licence de physique et des débuts comme ingénieur dans l'informatique en Grande-Bretagne, Tim Scanlan adopte la France dès 1970. Il épouse une française et travaille à Paris chez Steria. Départ ensuite pour le Nigéria, où Steria l'envoie développer le système informatique d'une banque. Pendant ses loisirs, il invente le premier programme de bridge pour ordinateur. Il contacte Fidelity Electronics, la société américaine qui distribue le premier jeu d'échecs électronique.Intéressé par ses talents, la société lui propose de monter sa succursale en France. Il accepte, à condition de choisir la localisation : 'J'ai choisi Sophia Antipolis. J'y ai installé une équipe de quatre personnes en 1981. J'ai vraiment connu les débuts de la technopole. Il n'y avait pas un seul mètre carré de bureaux à louer pour de petites sociétés !'Il rejoint ensuite un autre géant du jeu, Mattel (le fabricant de la poupée Barbie), et joue encore les pionniers en montant une nouvelle équipe à Sophia : 'Nous étions une vingtaine. Notre mission était de développer le soft de jeux vidéo.'Première création : 'Nice Ideas'Mattel, en butte à une forte concurrence sur le marché des jeux vidéo, veut fermer sa filiale azuréenne. 'Avec une partie de l'équipe, nous avons alors décidé de voler de nos propres ailes. J'ai fondé Nice Ideas. Mais le marché est devenu de plus en plus difficile, beaucoup de boîtes travaillaient à perte. Nous avons dû arrêter notre activité. Heureusement, les treize membres de l'équipe ont pu se recaser : une grande partie d'entre nous a été embauchée chez Digital Equipement, alors en phase de croissance. J'y ai travaillé durant sept ans, comme manager d'une équipe soft. On a inventé pas mal de choses ! Par exemple le premier système hypertexte, avant Apple.' 'Notre projet, baptisé 'Memex', a été testé au Cern, à qui l'on attribue aujourd'hui l'origine du World Wide Web. Mais quand nos projets devenaient intéressants, les Américains avaient la désagréable habitude de les rapatrier aux US, ce n'était pas très motivant ! Nous travaillions alors sur un système prometteur de reconnaissance d'écriture. DEC n'entendait pas aller très loin dans cette voie, ce n'était pas le coeur de son activité. Avec trois collègues, nous avons décidé de tenter seuls l'aventure.'L'aventure de PapyrusTim Scanlan fonde Papyrus en 1993. Il se bat pour démontrer l'intérêt de la reconnaissance d'écriture comme interface, mais la débâcle du Newton d'Apple ne lui facilite pas la tâche. En 1998, sa société est rachetée par l'américain Fonix, qui lui propose de venir travailler aux Etats-Unis. Mais Tim n'a pas envie de quitter le midi, et Fonix rechigne à suivre Tim dans sa nouvelle passion, la reconnaissance des caractères chinois. Il reprend sa liberté. 'J'ai eu l'occasion de ressortir de mes tiroirs mon logiciel pour jeu de bridge : acheté par une société anglaise, il est sorti sur le Psion 5.'Tim est convaincu que la reconnaissance d'écriture a encore de beaux jours devant elle avec le marché de la téléphonie mobile. Il dépose un brevet en décembre 1998. Associé à David Buckler, il fonde /www.e-acute.fr">e-acuteen juillet 1999.Toujours fidèle à Sophia Antipolis, il s'installe dans des bureaux au CICA. La jeune société a obtenu le prix de l'innovation à Capital IT à Paris avec Octave, un système d'écriture sur téléphone mobile ou PDA type Palm Pilot (voir dans le dossier Start-ups l'article e-acute : l'écriture des petits mobiles).Un contexte plus favorableHeureux des débuts prometteurs de e-acute, Tim Scanlan regarde le passé sans amertume, tirant la leçon de ses échecs : 'Au début j'ai été créateur malgré moi, en réaction contre une volonté de fermeture de Mattel. Papyrus aurait certainement eu une autre histoire si j'avais pu alors trouver les mêmes investissements que pour e-acute. Notre système était sans conteste le plus avancé au monde, mais nous manquions de moyens. J'ai vécu le scénario d'une petite société rachetée à bas prix par un grand groupe. Aujourd'hui, le contexte est beaucoup plus favorable aux sociétés qui démarrent : on trouve plus facilement des financements, et dans l'optique d'un éventuel rachat, le scénario peut être beaucoup plus positif.'Confiant dans l'avenir de son nouveau 'bébé', Tim est comme un poisson dans l'eau à Sophia Antipolis : 'Ici, on travaille beaucoup, avec moins de stress qu'à Paris ou Londres ! L'aéroport de Nice est très pratique, on va partout dans le monde facilement.'Il apprécie la qualité de vie méridionale, même s'il manque de de temps pour ses hobbies, le piano, le ski, le ski nautique. Autre atout de la région, les facilités pour les étrangers : 'Mes deux filles ont profité d'un enseignement bilingue, en faisant leur scolarité au Collège international de Valbonne.'Il se réjouit de les voir former une deuxième génération de sophipolitains : 'L'aînée, après des études en Angleterre, est revenue travailler à Sophia dans une start-up qui fait du marketing pour le secteur pharmaceutique.'Contact : e-mail, tscanlan@e-acute.fr