Capital-risque : 1,244 milliard de francs en 5 ans sur la Côte
Entre 1996 et avril 2001, 32 start-up ont procédé à 43 levées de fonds : la première étude sur ce sujet, réalisée par l'Observatoire Dynamis du Ceram, permet de cerner le phénomène
Les start-up azuréennes et le capital-risque ? Jusqu'à présent, hormis les annonces de levées de fonds, il n'y avait guère d'éléments pour apprécier le phénomène d'une façon globale et surtout pour appréhender son évolution. L'étude sur le financement par le capital-risque des start-up azuréennes, qui a été présentée à l'occasion de la dernière soirée du Club Sophia Start-up, constitue donc une première. Réalisée par l'Observatoire Dynamis, cellule lancée par le Ceram pour analyser en profondeur et de façon récurrente le comportement stratégique des entreprises high tech des Alpes-Maritimes, elle offre une vision du phénomène sur cinq années (1996 à 2001).1,244 milliard de francs en cinq ansLes éléments mis en avance par l'observatoire que pilotent Michel Bernasconi et Franck Moreau ? Des chiffres d'abord. Entre 1996 et le 30 avril 2001, 32 entreprises ont réalisé 43 levées de fonds pour un montant de 1.244 milliards de francs (dont près de la moitié en 2000). Les fonds proviennent de 64 fonds de capital-risque qui sont d’origine étrangère pour la moitié d’entre eux. Le montant moyen investi sur la première levée (32 au total) s'élève à 21 millions de francs; sur la seconde levée (9 secondes levées) à 62 millions de francs et le montant moyen levé par entreprise (première et seconde levée comprise) est de 39 millions de francs.A préciser que l’analyse porte sur les levées de fonds réalisées par les entreprises nées dans la région auprès des capital-risqueurs. Ne seront donc pas prises en considération des levées de fonds réalisées par des entreprises implantées sur la Côte d'Azur mais n'y ayant pas leur siège (Wwwhoosh, Vivance, IXEurope, etc) ni des levées de fonds faites par des business angels ou par mise en bourse. Une méthodologie qui explique de nettes différences avec une autre étude lancée par la Fondation Sophia Antipolis.Michel Bernasconi, qui présentait l'étude au CIV de Valbonne, a donné également des éléments d'analyse. " Sur la période, on note une accélération du nombre d’opérations. Nous sommes passés d’une seule opération en 1996 à dix-neuf au cours de l’année 2000. La répartition entre les tours de financement montre que les premiers tours ont connu une très forte augmentation en 2000 (16 contre 7 en 1999 et 0 en 1998). Les seconds tours sont encore peu nombreux, puisqu’il n’y en avait aucun en 1999 et seulement trois en 2000 (mais déjà 3 en 2001 arrêté à fin avril)".La montée en puissance du phénomène start-up"En ce qui concerne les sommes levées par les entreprises, on note une augmentation très forte en 2000 avec 585 millions de francs, contre 233 millions en 1999, soit plus du double. Si l’on élimine l’année 1996 - qui ne concernait qu’une seule entreprise (Nicox) - le montant moyen par levée est lui même en augmentation régulière au cours de la période observée, passant de 14 millions de francs en 1997 à 31 millions en 2000" commentait Michel Bernasconi.Les champions de ces levées ont été Nicox en 1996 et 1997 (97 millions de francs), Aucland (115 millions de francs) en 1999, Kast Telecom (240 millions de francs) et Opteway (112 millions de francs) en 2000. Dans un contexte général favorable à la création d’entreprises technologiques, les nouvelles entreprises du département des Alpes-Maritimes ont donc su tirer particulièrement leur épingle du jeu.Dans l'étude, il est encore insisté sur le caractère international de la technopole : la moitié des 64 fonds, qui ont réalisé des opérations, sont d’origine étrangère. Les Européens et les Américains sont à parts égales avec 22% des opérations. Les Européens les plus actifs sont les Anglais et les Suisses. L’Asie avec 5% est représentée par Singapour et le Japon. La création il y a 5 ans du Sommet International du capital-risque - qui se tient depuis chaque année en décembre - a manifestement joué un rôle important en permettant aux entreprises de rencontrer des investisseurs internationaux. Sur la période, les deux investisseurs les plus actifs en nombre d’opérations sont Sofinnova Partners et 3I qui ont financé respectivement quatre et trois entreprises.Les raisons de rester optimiste pour 2001Et 2001 ? Michel Bernasconi reste relativement optimiste. "En fonction des caractéristiques des entreprises financées et de la tendance sur les 4 premiers mois de 2001, on peut penser que cette année ne verra pas un effondrement du montant des financements malgré le changement d’attitude de l’industrie du capital-risque depuis l’e-krach. D'une part les "dotcoms" n’ont pas représenté une part importante des financements. Parmi les 32 entreprises concernées par les levées de fonds, seules 3 entreprises sont dans le secteur Internet, une dans le BtoC (Aucland) et deux dans le BtoB (Etexx et Buying Partner). D'autre part, la plupart des entreprises de Sophia Antipolis sont des fournisseurs de technologies Internet ou Telecom, et, même si leurs marchés sont ralentis, leurs perspectives restent favorables à moyen terme. Ensuite, compte tenu du nombre important de premiers tours en 2000, des deuxièmes tours devraient avoir lieu en 2001. On note d’ailleurs qu’à la fin avril 2001, les sommes levées sont déjà équivalentes à la totalité de l’année 1999 (233 millions de francs en 1999 et 585 millions de francs an 2000, année record). Ainsi, sauf aggravation de la crise ou difficultés collectives des entreprises, les levées de fonds devraient continuer."