Sophia : des nuages sur les biotechs
La situation économique se dégrade aussi dans les Alpes-Maritimes. Sur la technopole, trois biotechs risquent de disparaître : Sangamo Therapeutics qui avait racheté TXcells en 2018 ; Syneos Health, qui avait repris 120 collaborateurs de Galderma et était à l’initiative de la création du Bioparc ; le centre de distribution des Laboratoires Boiron visé par un nouveau plan social du spécialiste de l’homéopathie.
Comme partout en France, la situation économique se dégrade dans les Alpes-Maritimes. Dans la carte des plans sociaux et emplois supprimés que la CGT vient de publier, 400 emplois sont menacés dans le département : 330 chez Thales Alenia Space à Cannes avec un plan de redéploiement contre lequel les salariés du constructeur de satellites protestent depuis plusieurs mois et, ce qui n’avait pas fait l’actualité jusqu’à présent, 92 à Sophia Antipolis (partie Valbonne) avec Sangamo Therapeutics France. (Photo WTM : le Bioparc de Sophia Antipolis où est installé Syneos Health s’est créé à la place de Galderma).
Sangamo Therapeutics : chiffre d'affaires en chute libre
Pour mémoire, Sangamo Therapeutics est une société américaine de biotechnologies qui a racheté fin 2018 une biotech sophipolitaine : TXcells. Cette spin off de l'Inserm fondée en 2001 avait développé des plateformes d’immunothérapies cellulaires T personnalisées innovantes pour le traitement de maladies inflammatoires et auto-immunes sévères. L’objectif annoncé par Sangamo était de multiplier les capacités de production sur la technopole à partir d’un investissement de l’ordre de 5 M€. L’opération a été menée et le chiffre d’affaires a explosé, passant de 20 M€ en 2020 à 51,2 M€ en 2022 avant de retomber à 37,3 M€ en 2023, suivant les données du site Pappers.
Le nombre de salariés de 46 au départ avec TXcells est monté en conséquence, dépassant les 100 personnes. Mais depuis deux ans cependant, la société mère Sangamo traverse des difficultés financières avec un chiffre d’affaires en plongée (0,837 million d'USD au premier semestre 2024, contre 164,79 millions d'USD le 1er semestre 2023 avec une perte nette de 85,22 millions d'USD). Ce qui vient expliquer le plan social de sa filiale française.
Syneos Health : le départ de l'initiateur du Bioparc
Ce n’est pas le seul nuage noir qui est apparu sur le secteur des biotechs sophipolitaines. Deux autres acteurs devraient disparaître du paysage prochainement : Syneos et les Laboratoires Boiron. Ainsi pour l’américain Syneos. Ce spécialiste spécialiste des essais cliniques été en 2018 l’un des trois repreneurs, et le plus importants, des bâtiments de Galderma, reprise qui avait donné naissance au Bioparc. Syneos avait engagé 120 salariés de Galderma, Nuvisan en avait repris 80 et Sodexo une dizaine. Un noyau de départ qui avait permis au Bioparc de décoller.
Mais, changement de stratégie, depuis le début de l’année, Syneos Health France SARL, dont le siège est à Montrouge dans les Hauts de Seine, a commencé à se dégager du Bioparc, les effectifs ont fondu et son établissement sophipolitain devrait être fermé fin décembre.
Les Laboratoires Boiron victime du déremboursement de l'homéopathie
Les laboratoires Boiron, spécialistes de l’homéopathie, quant à eux, ont annoncé en fin de semaine dernière un nouveau plan de restructuration (147 emplois supprimés) impliquant la fermeture de quatre établissements de distribution, dont celui de Sophia-Antipolis (les trois autres étant ceux de Clermont-Ferrand, Dijon et Reims). Ces quatre fermetures entraîneront la suppression de 73 postes.
En 2021, après la décision prise par le gouvernement français de dérembourser totalement l'homéopathie, le groupe avait déjà supprimé plus de 500 postes et les effectifs de son centre de distribution sophipolitain avaient été réduits à 25 collaborateurs. “Le déremboursement de l'homéopathie en France a entraîné une baisse majeure des ventes de l'HNC (Homéopathie à nom commun)”, explique le groupe.
“Les volumes ont été divisés par 3 en 5 ans, signifiant une baisse de plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. Cette décision du gouvernement avait déjà nécessité une réorganisation très importante en 2021, associée au départ de plus de 500 personnes. Pour autant, ces dernières années, les effets du déremboursement ont continué d'engendrer des baisses supplémentaires de la prescription médicale et notamment des préparations magistrales”. D’où ce nouveau plan qui supprime cette fois totalement son site sophipolitain.