Nice : la disparition de Ben, le peintre philosophe

L’artiste de 88 ans a été retrouvé mort ce matin à son domicile à Aspremont. Il suit dans la mort son épouse Annie avec qui il était marié depuis 60 ans et qui était décédé la veille des suites d’un AVC. Le monde de l’art est en deuil et depuis cet après-midi les hommages se multiplient.

Ben Les Tchatches au César

Ben le facétieux, le philosophe, le passionné, l’esprit libre n’est plus. Il a été retrouvé mort ce matin mercredi 5 juin à son domicile. Il s’agirait d’un suicide par arme à feu. L’artiste, de son vrai nom Ben Vautier, était âgé de 88 ans. Il avait été particulièrement bouleversé par le décès, la veille, de son épouse Annie des suites d’un AVC. Ils étaient mariés depuis 60 ans et il l’aura suivie dans la mort. (Photo DR : Botox's a accompagné son hommage d'une photo de Ben " Les Tchatches au César, novembre 2017, Nice").

"Le monde de l'art est en deuil"

Dans l’après-midi les hommages se sont multipliés. “Le monde de l’art est en deuil” a déclaré Charles Ange Ginesy, président du Département. ‘Populaire grâce à ses célèbres écritures sérigraphiées, Ben faisait partie de ces artistes pétris de talent, d'imagination et d'audace qui composaient l'Ecole de Nice."

"L'un des derniers artistes vivants du mouvement Fluxus"

” BOTOX(S), le réseau d'art contemporain Alpes & Riviera, s’est déclaré sous le choc et pleure “un artiste qui semblait immortel, tant il était actif dans l'art. Depuis sa boutique rue Tonduti de l'Escarène à Nice jusqu'à la création de la Fondation du Doute à Blois, il a connu un immense succès international et était l'un des derniers artistes vivants du mouvement Fluxus.

“Nice perd un éternel agitateur qui ne laissait personne indifférent, incarnant l’exigence créative, sans cesse à la recherche du “nouveau” dans l’art. Pas avare en critique, mais toujours généreux dans son soutien aux jeunes générations, il laisse un vide immense.”

"Ben est le plus fort"

L’un des messages les plus chaleureux et personnels, est aussi celui de Christian Estrosi, président de la Métropole. ”Non, Ben n’est pas mort. Il est là, dans mon bureau, depuis toujours sous mes yeux, par ce tableau à fond rouge où, de son écriture inégalable, il m’encourage : “Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis”. Il n’est pas mort parce que tous les Niçois peuvent voir ses mots sur les stations de la ligne 1 du tramway. Il n’est pas mort parce qu’il a écrit “Liberté, égalité, fraternité” aux murs du salon d’honneur de la mairie.”

“Je ne peux pas rendre hommage à Ben comme s’il était une personnalité pareille aux autres. Il est inclassable, il est impertinent, il est audacieux, il est obsessionnel, il est inattendu, il est triste, il est éruptif, il est fou, il est sage. Il est tout cela et bien plus encore. Il est Ben. Il a transformé la création artistique, il a transformé notre rapport au réel et au vrai, il a souligné, encore et encore, nos faiblesses, nos manques et nos tentations. C’est pour ça que Ben est un grand artiste. Un très grand même.”

Et le maire de Nice de se souvenir. “Parmi tant d’autres, me reviennent ces images en noir et blanc : Ben, assis sur le tout petit garde-corps de notre Promenade des Anglais, qui brandit un cadre vide sur fond d’horizon de la baie des Anges, créant ainsi, avec notre regard sur un paysage pour nous banal, une œuvre d’art avec Nice et son infini unique. Ben est le plus fort !”

 

Ajouter un commentaire