Monaco : les nouvelles guerres froides selon Ludovic Subran
Pour le chef économiste d’Allianz, invité par le Monaco Economic Board, les trois dernières années ont conduit à une certaine forme d’économie de guerre. En plus des guerres “chaudes” (Ukraine), des guerres froides se dessinent (rivalité sino-américaine, changement climatique, vieillissement de la population). Quant à l’année prochaine, elle promet d’être longue en raison d’un nombre d’élections cruciales dont la présidentielle américaine.
Plus que jamais le monde est en plein bouleversement. Les crises qui le secouent aujourd’hui ont débouché sur des situations inédites. En invitant lundi au Métropole Monte-Carlo Ludovic Subran, Chef économiste d’Allianz, le Monaco Economic Board et ses partenaires (Monaco Asset Management et la Jeune Chambre Économique de Monaco) ont permis à leurs membres d’y voir un peu plus clair et de prendre en compte les nouvelles tendances qui s’installent. (Crédits photo MEB / Landry Basile : Ludovic Sabran).
"Un changement radical de paradigme"
Devant une centaine de décideurs monégasques, Ludovic Subran a ainsi livré un diagnostic éclairant sur la situation macroéconomique mondiale. Sa vision ? “Je visualise les trois dernières années comme un changement radical de paradigme” a-t-il souligné. Ces bouleversements ont conduit à une certaine forme d’économie de guerre “c’est à dire du rationnement et de la sobriété, de la réallocation de capital vers l’effort de guerre, par exemple pour le contrôle de prix de l’énergie, et enfin de la monétisation de la dette” (financement par création monétaire).
Des situations de guerres "froides" se confirment
En plus des guerres “chaudes” (Ukraine mais aussi crise Covid, classifiée ainsi par la forme des réponses apportées par les États) se dessinent ou se confirment des situations de guerres “froides”, telles que la rivalité sino-américaine mais également le changement climatique ou le vieillissement de la population (là aussi, ainsi classifiée du fait des réponses des États). Les outils mis en place par les gouvernements face à ces situations sont l’interventionnisme, le protectionnisme et le légalisme. Les conséquences ? “Certainement moins de croissance, une inflation persistante et pour les entreprises, une obligation de vigilance accrue afin de limiter les risques, notamment dans leurs chaînes d'approvisionnement et leur financement.”
Un retour de Donald Trump jugé "très possible"
Pour compliquer encore la situation, 2024 promet d’être longue pour les prévisionnistes tant le nombre d’élections cruciales est important et va peser sur l’économie mondiale, à commencer par celles aux Etats-Unis en novembre, ce qui va favoriser une attitude attentiste des entreprises. L’économiste estime d’ailleurs que le retour de Donald Trump est très possible, ce qui aurait pour conséquences une instabilité mondiale accrue : surchauffe de l’économie américaine, intensification de la guerre commerciale avec la Chine mais également avec les États qui ont prêté une forme d'allégeance avec l’Empire du Milieu, probable désengagement en Ukraine et enfin un différentiel accru avec l’Europe concernant les normes ESG sur lesquelles “l’homme à la mèche” est très critique. “Une élection donc loin d’être anodine” conclut Ludovic Subran.
Crédits photo : MEB / Landry Basile : de g. à d. Gian Luca Braggiotti, Président Délégué de Monaco Asset Management ; Marie-Gisèle Fringant, Présidente de la JCE Monaco ; Ludovic Subran, Chef-Économiste d'Allianz ; Michel Dotta, Président du MEB ; Anthony Stent-Torriani, Administrateur Délégué de Monaco Asset Management ; Guillaume Rose, Directeur Général Exécutif du MEB.