La Provence : le rachat par CMA-CGM validé aujourd'hui par la justice ?
Une étape importante aujourd'hui dans le rachat des 89% de parts de Bernard Tapie dans le groupe La Provence, rachat que se disputent Rodolphe Saadé (CMA-CGM) et Xavier Niel (Nice-Matin) : le tribunal de commerce de Bobigny doit valider ou non la vente à CMA CGM décidée par le Conseil d'administration de La Provence. Le juge-commissaire se prononcera le 22 juin.
Actualisation 07-06-2022 à 21h : Le tribunal de commerce de Bobigny a mis sa décision en délibéré. Le juge-commissaire se prononcera le 22 juin. / Une nouvelle étape importante, sinon cruciale, va se jouer aujourd'hui dans la bataille engagée voilà plusieurs mois entre Xaviel Niel, le patron de Free, propriétaire de Nice-Matin et Rodolphe Saadé, le Pdg du puissant armateur marseillais CMA CGM, pour le rachat du groupe La Provence (La Provence et Corse Matin): le tribunal de commerce de Bobigny, à l'issue d'une audience à huis clos, doit valider ou non la cession du journal à CMA CGM, dont l'offre de reprise a été retenue le 9 mai dernier par le Conseil d'administration de La Provence. Une décision prise à "l'unanimité" par deux voix sur cinq (un administrateur absent et deux autres récusés pour "conflit d'intérêt"). Rien n'est simple.
NJJ, holding du fondateur de Free Telecom Xavier Niel, détient 11% de La Provence et compte bien racheter les 89% des parts qui appartenaient à Bernard Tapie pour créer un arc de presse méditerranéen avec une nouvelle imprimerie dans le Var, à mi-chemin de Marseille et de Nice. La holding n'avait pas manqué aussi de contester cette décision du conseil d'administration de La Provence et avait lancé le 25 mai une procédure en référé pour demander sa suspension. C'est recours qui doit être jugé ce jeudi. L'examen sur le fond pour demander la nullité de cette décision aura lieu quant à lui le 29 juin.
Cette bataille judiciaire risque cependant de couter cher au groupe marseillais de presse et à ses 850 salariés. "Si la vente n'est pas actée, les procédures vont nous amener jusqu'en fin d'année, voire début d'année prochaine et je n'aurai pas la trésorerie nécessaire pour tenir", a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Serfati, Pdg de La Provence. Et de confirmer les craintes au vu de la situation financière du groupe : ce serait un placement en procédure de sauvegarde, puis en redressement judiciaire, "la pire des solutions", selon lui.
C'est ce qu'il a expliqué avec Frédéric Avazeri, mandataire judiciaire chargé de superviser la cession de l'entreprise, aux salariés lors d'un comité social et économique extraordinaire jeudi dernier. Tous deux jugent la vente du groupe plus urgente que jamais. Les syndicats de salariés en sont conscients de leur côté. Ils demandent aussi à ce que la cession à CMA CGM se fasse, estimant que seuls les investissements et la mise en œuvre du projet de relance, s'ils interviennent rapidement, permettraient d'éviter la procédure de sauvegarde.
Première partie de la réponse aujourd'hui. Mais même si la vente à CMA-CGM est autorisée, rien n'indique que la bataille judiciaire soit terminée, des recours étant toujours possibles menant à une éventuelle annulation de la vente et à une situation plus que jamais compliquée..