Les atouts de Sophia Antipolis vus par David Simplot, past-directeur Inria

"L'atout innovation de Sophia" : c'était le thème du dernier déjeuner du Club Business Sophia-Antipolis qui avait invité David Simplot pour en parler. Professeur des Universités, past directeur INRIA Sophia Antipolis et par ailleurs élu à Antibes et à la CASA depuis 2020, c'est un sujet qu'il connait d'autant mieux qu'il a été porteur du projet 3IA Côte d’Azur  au cœur aujourd'hui de la stratégie d'attractivité sophipolitaine. L'occasion aussi de lui poser en direct quelques questions. (Photo WTM : David Simplot).

WTM : les atouts de Sophia Antipolis ?

David Simplot. "En résumé, la concentration d'acteurs sur le territoire, l'excellence académique et la présence de marques fortes comme Nice, Cannes et Antibes. Pour disposer d'un écosystème innovant, il faut d'abord une certaine concentration de talents sur une thématique. Au mieux il faut plusieurs thématiques parce qu'avec le monothématique on fait de l'entre-soi et il devient difficile de sortir du cadre."

"Sur Sophia Antipolis, clairement, nous avons une densité suffisante sur le numérique et l'Intelligence Artificielle. Mais il est important de se positionner sur d'autres thématiques. Ce que je défends, c'est santé, biotech parce que cela correspond à une excellence dont nous disposons et à un écosystème d'entreprises spécialisées en biotechnologies comme Median Technologies, Nicox… Si on combine cela avec l'excellence académique, c'est une opportunité."

"La 3e thématique que j'envisagerai, c'est la thématique Blue tech. Pourquoi ? Parce que nous avons le premier port de plaisance international à Antibes et nous commençons à regrouper un certain nombre d'entreprises qui viennent de l'extérieur et s'installent sur ce créneau."

WTM : les points forts et ceux à renforcer?

David Simplot. "Les atouts de la Côte tiennent dans cette concentration d'acteurs sur le territoire avec les grandes entreprises technologiques, les laboratoires de recherche et une université de premier rang. Il faut cependant se rappeler que la Silicon Valley, c'est huit fois Sophia Antipolis. Mais nous avons en revanche la chance d'avoir des villes comme Nice, Antibes et Cannes qui sont autant de marques fortes et qui forment une grande métropole avec un large panel d'activités culturelles. S'y ajoutent un aéroport international qui nous relie au monde entier et une technopole de Sophia Antipolis performante, dynamique, qui crée de l'ordre de 1.000 emplois par an avec de l'endogène (des entreprises installées qui se développent) et de l'exogène (de nouvelles arrivées). Un bon équilibre."

"Ce que nous devons continuer à faire pour améliorer l'innovation, tient dans la définition de lieux de rencontres qui sont essentiels dans les écosystèmes innovants. Il faut multiplier les opportunités de rencontres. C'est ce que Pierre Giorgini, ancien président-recteur de l'Université catholique de Lille disait. Il parlait des rencontres improbables. Quand une entreprise vient s'installer sur la Côte, elle sait que ses ingénieurs vont pouvoir sortir, s'insérer dans les communautés comme celle de Telecom Valley, rencontrer leurs pairs, échanger et monter en compétence. Ça c'est bien. Les Jeux de Sophia en donnent un exemple. Ils permettent un brassage d'employés. Ce sont des lieux d'opportunités de rencontres improbables."

"Ce brassage, il faut encore le stimuler. C'est ce que devrait apporter la création d'un Pôle innovation, ou encore Ecotone qui va arriver dans quelques années. Il faut enfin que ce brassage soit vraiment hétérogène. Si les réunions entre dirigeants ou entre ingénieurs c'est très bien, les rencontres transverses, culturelles, sportives, c'est encore mieux."

WTM : la stratégie IA de la technopole ?

David Simplot. "Sur ce sujet, je vais avoir du mal à sortir des sentiers battus et de ce que nous avons déjà mis en place. Il est important que l'on ait déjà des rencontres entre les entreprises et les chercheurs sur ces thématiques comme le Sophia Summit où le public est mixte. Ces rencontres permettent des interactions et collaborations entre les mondes de la recherche et des entreprises. Quant au 3IA, le plan de montée en charge raisonnable que nous avions mis en place, avec des financements venant des entreprises, en est aujourd'hui au-delà de ce qui avait été prévu. Ce plan, pourtant, avait impressionné le jury de labellisation sur le critère du soutien des entreprises."

"Autre facteur favorable pour la suite : le grand mouvement de rénovation de l'immobilier d'entreprise sophipolitain. Les nouveaux programmes immobiliers qui ont été lancés avec une nouvelle génération de bureaux, viennent renforcer l'image de marque de la technopole, tandis que le projet Ecotone, qui a été présenté récemment, va donner à Sophia Antipolis un véritable bâtiment totem."