Sophia : le Pdg de Rifft soupçonné d'escroquerie au crowfunding
Etonnement ce matin dans l'écosystème azuréen des start-up : Lucas Goreta, Pdg fondateur de Rifft (Research & Innovation for future technologies), soupçonné d'avoir escroqué 4 millions d'euros à travers le financement participatif, a été mis en examen à Annecy et placé en détention provisoire. Avec à la clé une question : que va devenir Rifft qui, par deux fois, a exposé au CES de Las Vegas ses bracelets connectés et Wi Surf, sa table à induction pour recharger les appareils électroniques ?
La surprise évidemment ce matin dans l'écosystème start-up de la Côte d'Azur en apprenant, via Nice-Matin, que Lucas Goreta, Pdg de Rifft, avait été la semaine dernière mis en examen et placé en détention provisoire dans une affaire d'escroquerie au crowdfunding. Les salariés de cette start-up (une vingtaine) avaient appris cette nouvelle quelques jours auparavant. Ils restent quant à eux effondrés, dans l'incompréhension et dans la plus grande incertitude quant à l'avenir de la société. Ils se sont aussi tournés vers le Tribunal de Commerce qui désignera un administrateur provisoire chargé d'assurer un rôle de conseil pendant que le Pdg en est empêché. (Photo DR ci dessus : Lucas Goreta sur son stand au dernier CES de Las Vegas en janvier 2018).
Pour les salariés qui sont tombés de haut, Rifft (Research & Innovation for future technologies) était dans sa phase de décollage. Fondée en 2014 à Sophia Antipolis, la jeune société avait déjà lancé des produits qui avaient été reconnus et salués (les bracelets connectés CT Band, les tables à induction Wi Surf pour recharger ses appareils mobiles). Elle faisait partie entre autres du Pôle SCS et était allée deux années de suite présenter ses innovations au CES Las Vegas. Là aussi une belle reconnaissance.
Rifft avait d'ailleurs reçu en octobre dernier, lors du CES Unveiled Paris, deux "awards" pour son Wi Surf qu'elle a présenté début janvier à Las Vegas sur le stand de la PACA. Pour les salariés, ces produits commençaient aussi à se vendre. CT Band avait ouvert sa commercialisation à travers des partenariats avec des distributeurs de montres. Quant à Wi Surf, si son développement avait pris un peu de retard (c'est cependant le lot de bien des start-ups), le produit terminait sa phase de prototypage et des pourparlers étaient engagés avec des fabricants de meubles pour pouvoir intégrer les modules. Rien qui puisse penser à une affaire frauduleuse et à une mise en examen du Pdg.
Mais, comme le relate le quotidien local, Ledauphine.com, c'est à Annecy (la juridiction du dernier domicile connu de Lucas Goreta) que l'affaire s'est jouée "avec une première étape dans les locaux de la police judiciaire, une seconde chez le procureur" avant le placement sous mandat de dépôt. Lucas Goreta est en effet soupçonné d'avoir détourné 4 M€ à travers des opérations de crowdfunding, le financement participatif. Et le quotidien de rappeler que le chef d'entreprise n'en était pas à son premier essai, son nom ayant été cité dans des affaires d'escroqueries en Gironde dans les années 2000 et dans le Calvados en 2009. "En 2007, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis et 5 ans d’interdiction de gérer" rappelle Ledauphine.com.
Après s'être domicilié à Annecy, Lucas Goreta arrive en 2014 dans les Alpes-Maritimes. Il créé alors la start-up Rifft ainsi que d'autres sociétés plus opaques de crowdfunding basées en Grande-Bretagne. C'est à travers le financement participatif et quelque 10.000 souscripteurs que 4 millions d'euros seront levés en plusieurs campagnes pour des produits qui, pourtant pré-achetés, n'auraient toujours pas été mis sur le marché. Plusieurs plaintes de souscripteurs et d'anciens salariés avaient aussi été déposées voilà plusieurs mois à ce sujet. C'est elles qui ont donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire et aux suites "surprenantes" que l'on connait aujourd'hui.