Smart city : pays e-exemplaire, l'Estonie vient inspirer Monaco
Dans le domaine de l'e-administration, l'Estonie donne l'exemple en Europe. Le Monaco Economic Board (MEB) l'avait découvert en 2011, à l’occasion de l'accompagnement d’un voyage officiel de SAS le Prince Albert II. La délégation économique de la Principauté avait alors visité le Centre de démonstration des TIC estonien qui met en valeur le projet global de numérisation du pays intitulé e-Estonia. Une découverte que le MEB avait gardé bien en mémoire et qui a débouché sur une conférence, donnée vendredi dernier dans les locaux de MonacoTech, sur l’e-administration et des e-services mis en place en Estonie. Une présentation qui venait participer à la réflexion de la Principauté sur son avenir de smart city.
Comment l'Estonie a pris un virage radicalement numérique
Sept ans plus tard, c'est d'ailleurs celui qui avait animé la visite, Indrek Vimberg, qui est venu en Principauté faire le point sur les avancées de son pays, accompagné de Rein Lang, ancien ministre estonien et actuel consultant pour Nortal (cette société a fourni environ 40% des outils numériques du projet e-Estonia). Tous deux ont d’abord rappelé ce qui avait conduit le pays balte, indépendant depuis 1991, à prendre un virage radicalement numérique dès 1995. Le manque de moyens et une administration post-soviétique à reconstruire ont ainsi constitué le moteur de cette évolution. Toomas Hendrik Ilves, qui deviendra Président en 2006, déclarait alors à ses concitoyens : "au lieu d'une Mercedes d'occasion, achetez un ordinateur pour vos enfants !".
Dès lors, l’Estonie a mis en route les bases technologiques et adapté sa législation. En 2002, les citoyens ont été dotés d’une carte d’identité électronique qui progressivement leur a permis d’avoir accès à de nombreux services tels que la signature électronique (2002), le vote électronique (2005) ou encore un système de e-santé qui dématérialise toutes les prescriptions (2010). Le projet participe également à l’attractivité du pays puisque depuis 2015 l’e-résidence permet aux étrangers de créer son entreprise à distance en quelques clics. Pour construire cet édifice, l’Estonie a dû échafauder une infrastructure numérique complexe, constituée de bases de données reliées par une sorte d’autoroute de l’information nationale sécurisée.
Au final, le pays a totalement muté. L’agriculture qui représentait 30% du PIB en 1991 ne pèse plus que 4% quand les services du tertiaire en génèrent maintenant 68%. L’e-administration a également permis de réduire les coûts et gagner en efficacité. Ainsi par exemple, l’Estonie estime économiser 2% de son PIB par an grâce à la signature électronique. Bien représentés dans l’audience, le Gouvernement et l’administration de Monaco ont pu se nourrir de cet exemple. Il inspirera peut-être de nouvelles avancées de l’e-administration de la Principauté, smart-city en devenir...