Politique : comment les Régionales 2015 ont changé Christian Estrosi
Un grand changement de cap pour Christian Estrosi qui sera vendredi officiellement président de la Région PACA. Vainqueur des Régionales PACA face au FN de Marion Maréchal-Le Pen grâce aux voix de la gauche, le député-maire de Nice s'est porté contre la politique du "ni-ni" prônée par Nicolas Sarkozy, plaide pour une "cohésion solide" avec le centre et ne se présentera pas aux primaires LR pour les présidentielles. Sur le terrain local, il démissionnera de ses mandats de député et de maire.
Le soir de sa victoire aux Régionales 2015, certains auront été surpris en entendant Christian Estrosi, plutôt étiqueté comme représentant de la droite "dure", remercier la gauche. Certes, c'était bien grâce aux voix de gauche qu'il avait pu combler l'écart de 14 points qui avait été creusé au premier tour par Marion Maréchal-Le Pen, la candidate du Front National. Mais les remerciements ont été bien appuyés et, comme pour Xavier Bertrand, élu dans le Nord Pas-de-Calais Picardie, ils ont été suivis par les premières démarches pour la mise en place d'un "conseil territorial". Une structure qui permettra de donner une voix dans la vie de la collectivité régionale à "ceux qui ont fait le sacrifice de ne pas être candidats au second tour par esprit républicain."
Contre la politique du "ni-ni" pronée par Nicolas Sarkozy
Les changements ne s'arrêtent pas là. Au niveau politique national d'abord, Christian Estrosi s'est inscrit dans le camp de ceux qui contestent la politique du "ni-ni" pronée par Nicolas Sarkozy, président de LR. Le député-maire de Nice le dit clairement dans une interview à "Paris Match". "Si les électeurs avaient adopté la ligne du ni-ni, Xavier Bertrand et moi-même n’aurions pas été élus. Il y aurait aujourd’hui une Le Pen élue dans le Nord et une Le Pen élue dans le Sud. Cela aurait été la débâcle! Nous sommes face à un parti extrémiste, obscurantiste. Une dynastie érigée en système. La droite modérée et le centre doivent se rassembler."
Et de préciser également, toujours dans Paris Match que "Nicolas Sarkozy est un ami, je le respecte. Mais contrairement à lui, je ne pense pas que nous, élus Républicains, devions tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN. Plutôt que chasser sur le terrain du Front national, je préfère chasser le Front national du terrain." Pour les "décodeurs" du quotidien "Le Monde" qui ne se privent pas de rappeler quelques-unes de ses déclarations tonitruantes sur "l'immigration clandestine", et les "5èmes colonnes", "si chacun a le droit de changer d’avis, voilà pour M. Estrosi un virage d’ampleu r ".
Christian Estrosi démissionnera de ses mandats de député et de maire de Nice
D'autres changements vont toucher le paysage politique local. Ainsi, le nouveau président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui sera élu officiellement vendredi, a confirmé ce qu'il avait déjà annoncé : il démissionnera de ses mandats de député et de maire de Nice (dans les délais permis par la loi sur le cumul des mandats). Il restera conseiller municipal de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur. Il est resté très discret quant au nom de son successeur à la mairie, reportant la réponse au prochain conseil municipal de Nice en janvier. On en reste donc aux rumeurs. Le nom de Rudy Salles avait un moment circulé, mais il semble aujourd'hui que ce soit le premier adjoint, Philippe Pradal qui tienne la pole position.
Et puis, autre changement de cet "après Régionales 2015". Christian Estrosi ne serait plus candidat à la primaire LR en vue de la présidentielle 2017. C'est ce qu'il a assuré dans une interview à Nice-Matin. Mais il s'est toutefois rallié à ceux qui souhaitent avancer en juin 2016 ces primaires. "Pouvons-nous rester encore un an à nous déchirer, à faire le concours de celui qui est plus à droite, moins à droite?", explique-t-il à Paris Match. Et de répondre à la question "êtes-vous sur la ligne Juppé" par un "Je suis sur la ligne Estrosi. Nous devons choisir contre qui nous voulons combattre et nous y tenir. Il faut organiser une cohésion solide avec le centre : François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin..." Une confirmation supplémentaire du changement de cap.
- Lire l'interview de Paris Match : "Plus on va à droite, plus on fait monter le FN"
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Lire l'article des Décodeurs du quotidien Le Monde : "Estrosi critique le virage à droite des Républicains… qu’il a lui-même alimenté"
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