Sale temps pour Marineland
La mort de Valentin, une orque de 19 ans, a ravivé les inquiétudes des défenseurs des cétacés, quant à l'état de santé des animaux marins du parc ravagé par les intempéries de la nuit du 3 au 4 octobre. Les supporters de "Blackfish" se déchaînent depuis sur les réseaux et réclament la fermeture du parc, attraction touristique majeure de la Côte d'Azur. Une passe difficile pour Marineland, dont le départ du directeur général Bernard Giampaolo a été annoncé hier.
C'est sans doute la plus grave crise qu'ai jamais eu à affronter Marineland à Antibes, le premier parc aquatique d'Europe avec plus d'1,2 millions de visiteurs par an. Bien sûr il y a eu les inondations de la nuit du 3 au 4 octobre qui ont ravagé les installations, noyé les pompes qui alimentent les bassins envahis par des eaux boueuses. Une véritable épreuve. Il a fallu une mobilisation totale du personnel pour sauver les animaux marins, nettoyer, remettre en état les systèmes de filtration, de climatisation. La course contre la montre a été épuisante. Mais, loin de s'éclaircir, le ciel de Marineland s'est encore bien noirci depuis le début de la semaine avec un mouvement de contestation qui s'est déchaîné sur les réseaux sociaux et réclame la fermeture du parc.
C'est la mort de Valentin, une orque de 19 ans qui a déclenché la fièvre. Les opposants au parc, s'étaient déjà entre autres mobilisés contre la captivité des cétacés. Venus de toute la France plusieurs centaines de défenseurs des animaux avaient manifesté samedi 15 août aux abords du parc en réclamant boycott. Un même rassemblement renforcé de biologistes marins, s'était déroulé mi-juillet et un autre début septembre. Suite aux intempéries, les supporters de "blackfish" s'étaient inquiétés de l'état de santé des animaux marins. L'annonce de la mort de Valentin, a renforcé ces inquiétudes. L'immense porte-voix des réseaux sociaux a fait le reste.
Quelques exemples. Sea Shepherd France a publié des photos des orques confinées dans des bassins encore pollués. Commentaire : "Les orques doivent être retirées de ces bassins morbides où elles meurent à petit feu et placées dans des baies en mer, fermées le temps de mettre en place un vrai processus de réhabilitation des orques à leur milieu naturel. Nous leur devons bien ça."
Ancien dresseur d'orques au sein du parc (dont Valentin), John Hargrove est quant à lui direct dans le magazine l'Obs : "c'est Marineland qui a tué Valentin" (selon la direction du parc, les analyses ont montré qu'il est mort d'une "torsion intestinale"). Et John Hargrove de mettre en cause le "bassin-prison en béton", la qualité de l'eau en concluant : "nous pouvons et surtout nous devons tirer des leçons de cette tragédie : ces animaux majestueux n'ont pas leur place en captivité. C'est en refusant d'acheter des entrées que ce trou fermera".
Une attaque frontale qui, comme la vague qui a enflé sur les réseaux sociaux, a de quoi déstabiliser le groupe propriétaire de Marineland. Pour l'instant, outre bien sûr toutes les mesures de sauvegarde engagées, il a décidé de changer de directeur général. Hier, mercredi, le groupe Parques Reunidos a annoncé départ de Bernard Giampaolo. Après neuf années à Antibes, il part à Ravenne en Italie et sera remplacé en intérim par Jesus Fernandez Moran, directeur de la division zoologique du Groupe Parques Reunidos Europe. Mais pas sûr que cela calmera les réseaux sociaux et tous ceux qui pensent, au vu des dégâts causés par les intempéries, que Marineland, dans ses constructions a par trop négligé ce risque.