Côte d'Azur : après le drame, les bilans et les questions
La Côte d'Azur panse ses plaies face à un bilan humain encore provisoire de 17 morts et 4 disparus, des dégâts considérables, entreprises, commerces, habitations, équipements publics ravagés. Tandis qu'elle remet en état ses routes, voies ferrées, réseaux électriques et de télécommunication fixe ou mobile, les premières interrogations jaillissent autour d'une alerte orange pas adaptée à la situation et plus globalement autour des choix d'urbanisation à l'heure du réchauffement climatique.
Un tragique bilan de 17 morts et 4 disparus qui, ce lundi matin restait encore provisoire et risque de s'alourdir et des dégâts matériels considérables particulièrement dans les villes côtières de Mandelieu, Cannes, Antibes, Biot et Nice où les orages se sont acharnés : les intempéries de la soirée du samedi 3 décembre ont laissé de terribles blessures. Hier, le beau temps retrouvé, la Côte a commencé à panser ses plaies. Mais ce lundi matin, les techniciens d'ERDF travaillent toujours pour rendre l'électricité d'ici ce soir à 10.000 foyers qui en sont encore privés (au plus fort des orages, 70.000 foyers n'ont plus eu de courant).
Quelque 40.000 lignes téléphoniques restent également toujours coupées principalement sur Cannes mais également Vallauris, Biot et Nice Carras, tandis que le réseau mobile est fortement perturbé sur la zone de Cannes. Là également, Orange est mobilisé pour la remise en état d'un réseau touché par les eaux.
Le bilan toujours provisoire : 17 morts et 4 disparus
Hier, dimanche, le bilan s'est alourdi au fil des heures et des tragiques découvertes de corps. Ainsi, hier soir, une 17ème victime a été enregistrée : une femme morte dans un accident de voiture à Mougins du fait des fortes pluies. Ce matin, ce bilan toujours provisoire se monte à 17 morts et 4 disparus. Dans cet effroyable bilan Mandelieu-La Napoule a payé le plus lourd tribut (7 morts, des résidents de deux immeubles qui cherchaient à sécuriser leur voiture dans les parkings souterrains et qui sont morts noyés suite à l'arrivée de la vague).
Trois autres personnes ont trouvé la mort dans un tunnel de Vallauris (une voiture qui est restée bloquée avec ses trois passagers), trois pensionnaires d'une maison de retraite ont été noyées à Biot par la crue de La Brague, un campeur britannique est décédé dans le camping du Pylone à Antibes, deux autres personnes ont été noyées dans les rues de Cannes transformées en torrent. Concernant les personnes disparues (deux à Cannes, une à Antibes et une à Mandelieu-la-Napoule), les recherches ont repris ce matin avec cependant peu d'espoir de les retrouver vivantes.
Des dégâts considérables
Après le mouvement de stupeur dans une Côte d'Azur complètement groggy par les effets désastreux d'un véritable "tsunami de l'intérieur", on mesure aujourd'hui un peu plus l'ampleur des dégâts humains et matériels tandis que l'on s'active à remettre en état des routes encore coupées et des voies ferrées, qui, elles aussi ont été fermées pendant de longues heures.
Les dégâts, on a pu en avoir la mesure dans les reportages qu'ont diffusés toutes les chaînes de télévision, les médias du Net ou la presse "papier" (Nice-Matin d'aujourd'hui lundi, sous le titre "Le désastre", publie 16 pages spéciales consacrées aux intempéries). Et elles sont hallucinantes ces vidéos où l'on voit des rues de Cannes transformées en torrent, où l'eau qui envahit le "Moulin de Mougins". Elles sont impressionnantes ces photos de voitures ou de caravanes ballotées comme des fétus de paille, s'entassant les unes sur les autres, ces intérieurs de maisons ou d'appartements ravagés par les eaux en furie, ce Marineland à Antibes détruit à 90% avec des mammifères marins nageant dans la boue.
Partout des spectacles de désolation avec des habitants et des commerçants qui ont tout perdu en une nuit et, pour tous les sinistrés, une question lancinante : peut-on remettre en état au même endroit sans risquer d'être victime de nouvelles inondations?
L'alerte orange pas suffisante
Passé aussi ce mouvement de stupeur, commence l'heure des premières interrogations. Elles suivent plusieurs directions. L'alerte orange qui avait été lancée était-elle suffisante? Hier soir, David Lisnard, le maire de Cannes, refusait la polémique. Certes le lancement d'une alerte rouge aurait été plus approprié. Mais devant l'intensité des précipitations (195 mm en 2 heures) cela n'aurait pas changé grand-chose, les équipes qui étaient déjà mobilisées ne pouvant en faire plus.
Eric Ciotti, président du Département, est revenu ce matin sur la question parlant d'une "banalisation des alertes orange" (une dizaine depuis le début de l'année) et de la mise en place d'une "alerte noire" pour les intempéries d'une violence extrême comme vient d'en connaître la Côte. Cela tout en reconnaissant que ces événements climatiques intenses restent difficiles à prévoir.
Christian Estrosi, député-maire de Nice, a mis moins d'épaisseur de gant, déclarant que, s'il y avait eu une alerte rouge dans les heures qui ont précédé les intempéries sur les lieux concernés, il aurait été possible de demander à la population de prendre des précautions et d'évacuer des lieux potentiellement dangereux comme les campings. Ce qui aurait permis d'épargner des vies.
Une urbanisation avec de vastes zones totalement imperméabilisées
L'autre direction des interrogations tient à la façon dont l'urbanisation s'est faite sur la Côte d'Azur depuis les années 60 avec de vastes espaces totalement imperméabilisés, des habitations en rez-de-chaussée dans les zones à risques, une forte concentration de population et des effets d'entonnoir un peu partout.
Troisième direction : le réchauffement climatique est-il responsable de ces phénomènes météorologiques? Selon les spécialistes, il n'y a pas encore suffisamment de recul pour le dire avec certitude, même si l'on peut penser que le changement climatique favorise l'intensité et la fréquence de ce type de phénomène. C'est ce que pense François Hollande. Le président de la République, lors de sa visite hier sur les lieux du drame, a aussi souligné l'importance de soutenir les actions contre le réchauffement climatique comme la COP21 qui se déroule en décembre à Paris.
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