Aéroports de la Côte d'Azur : la privatisation lancée à la rentrée!
La procédure sera lancée dès septembre pour une privatisation des aéroports de la Côte d'Azur qui devrait intervenir au premier trimestre 2016 avec la cession de la totalité (60%) des parts de l'Etat. Hier mardi, David Lisnard, maire de Cannes et président du CRT Côte d'Azur, a rencontré Emmanuel Macron avec une délégation azuréenne pour demander que les élus des communes concernées et les actionnaires locaux soient associés à l’élaboration du cahier des charges.
La privatisation des aéroports de la Côte d'Azur (ACA) dont l'Etat détient actuellement 60% des parts se précise. Elle sera en début d'année prochaine l'un des grands dossiers du territoire azuréen mais va démarrer très rapidement : à la rentrée, dès septembre avec le lancement du processus de privatisation. Cette opération a été rendue possible, tout comme celle de l'aéroport de Lyon, avec le vote de la Loi Macron et de son article 49. La privatisation des aéroports de la Côte d'Azur (Nice mais également Cannes-Mandelieu et Saint-Tropez) et de Lyon n'attendaient donc plus que le feu vert de Bercy. Il a été donné hier par Emmanuel Macron, ministre de l'économie et les deux opérations seront menées en même temps.
Premier appel d'offres à la mi-octobre
Selon le quotidien Le Monde, qui cite Bernard Kleynhoff, président de la CCI Nice Côte d'Azur et président du Conseil de surveillance d'ACA, "une procédure de dialogue compétitif devrait être privilégiée". Un premier appel d'offres sera lancé à la mi-octobre pour une préqualification mi-novembre. Une seconde phase s'engagera à partir de décembre pour un choix définitif à la fin du premier trimestre 2016.
L'Etat céderait la totalité de ses parts (60 %). Le reste du capital, rappelons-le, est détenu par la CCI Nice Côte d'Azur (25%) et trois collectivités chacune à 5% (Région PACA, Département 06 et Métropole Nice Côte d'Azur) et aucun de ces actionnaires n'a donné d'indications sur ce qu'il fera de son côté.
Un élément essentiel au développement du territoire
La vente du second aéroport français tient lieu de l'événement en raison de son importance (11,5 millions de passagers annuellement) et de sa valorisation estimée entre 1,5 et 1,8 milliards d'euros, soit bien plus que la valeur de l'aéroport de Toulouse, le premier aéroport de province à avoir été privatisé. Mais cette vente n'est pas sans poser de problème, notamment pour le département qui craint que les nouveaux actionnaires n'aient pas pour première mission le développement économique du territoire.
Est redouté tout particulièrement un rachat des parts par ADP (Aéroport de Paris) avec le risque de privilégier le hub de Paris. Or la Côte d'Azur est enclavée, sans ligne TGV, et le développement de son tourisme comme celui de son industrie high tech reste très lié à celui de l'aéroport et des destinations internationales qu'il peut relier.
C'est ce qui explique la montée au créneau de Christian Estrosi en février dernier avec l'organisation d'un référendum sur Nice et des empoignades verbales avec Emmanuel Macron, le ministre de l'économie. Des débats qui furent vifs mais aboutirent sur des avancées confirmées par le Sénat, avancées donnant la possibilité aux collectivités publiques d'être associées au choix du nouvel actionnaire et de participer à la gouvernance de la future société aéroportuaire.
Ce que demandent les Azuréens
Ce sont ces avancées qui ont été au cœur de la rencontre hier mardi à Paris entre Emmanuel Macron et David Lisnard, maire de Cannes, président du Comité Régional du Tourisme de la Côte d’Azur, accompagné du président de la CCI et d’une délégation d’élus azuréens. Parlant d'une même voix, ils ont demandé que les élus des communes concernées et les actionnaires locaux soient associés à l’élaboration du cahier des charges avec notamment trois préoccupations majeures :
- d’une part, garantir l’autonomie de la plateforme azuréenne par rapport aux aéroports de Paris pour en faire un véritable outil de développement économique et touristique local à la fois qualitatif et quantitatif. Pour David Lisnard, "les aéroports de la Côte d’Azur ne peuvent devenir des équipements de seconde zone, de délestage ou de logistique de la capitale avec des dessertes restreintes ou secondaires. Le marché est là pour des vols internationaux directs depuis Nice mais le "triumvirat" DGAC-ADP-Air France bloque tout développement de façon scandaleuse" ;
- d’autre part, créer un fond d’investissement avec le produit de la cession des parts de l’Etat afin de financer les projets des communes azuréennes, dont Nice et Cannes qui accueillent des plateformes aéroportuaires. "La valorisation des actions de l’Etat est une conséquence directe des investissements des collectivités pour l’attractivité de la Côte d’Azur. Il paraît normal que ce produit serve désormais au développement du territoire qui en a assuré l’évolution";
- enfin, avoir des garanties sur l’identité, les intentions et la solidité à long terme des actionnaires potentiels. Pour le maire de Cannes, "les collectivités et les partenaires locaux doivent être associés aux décisions stratégiques concernant ces outils essentiels de désenclavement et de développement. Il est essentiel de se prémunir de tout actionnaire qui voudrait obtenir une rentabilité maximale immédiate car elle passerait forcément par une augmentation des redevances aéroportuaires et se ferait au détriment d’une vision d'avenir et structurelle. L’exploitant doit s’inscrire dans les préoccupations de développement de la Côte d’Azur, de la préservation du cadre de vie des habitants et de respect de l’environnement."
Le ministre a pris acte de ces attentes des forces vives locales et les parties ont prévu de se revoir en septembre pour tenter de progresser sur ces points.
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