Nice : 14 expositions en une pour mettre en lumière la Promenade des Anglais
A l’instar de ce qui a été réalisé en 2013 autour d’Henri Matisse, les musées et galeries de Nice proposeront cet été 14 expositions sur un seul thème : la Promenade des Anglais. 14 expositions en une visant à soutenir la candidature de la Promenade des Anglais à son inscription par l’UNESCO au Patrimoine Mondial, et qui permettront d’avoir une approche globale de l’histoire de la Promenade des Anglais, ainsi que du regard posé sur elle par de nombreux artistes.
Du 12 juin au 4 octobre, Nice mobilise ses musées, municipaux mais aussi nationaux, pour organiser une multitude d’expositions autour d’un thème unique : la Promenade des Anglais. Regroupées sous le titre « Nice 2015, Promenade(s) des Anglais », ces différentes expositions, coordonnées par l’ancien Ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, permettront aux visiteurs de mieux connaître l’histoire de l’avènement d’une ville nouvelle, liée à l’affirmation du tourisme, dont l’urbanisme et les architectures méritent qu’on les connaisse et qu’on les protège mieux. Un patrimoine qui est par ailleurs devenu un mythe, inspirant de nombreux écrivains, peintres ou cinéastes qui contribuèrent à en faire le témoin de la réputation internationale de Nice.
Rencontre avec le Commissaire Général de l’exposition, l’ancien Ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, pour évoquer les différents objectifs de « Nice 2015. Promenade(s) des Anglais ».
Nice « Capitale d’hiver »
Dans des registres différents mais très complémentaires, ces 14 expositions contribueront tout d’abord à une meilleure connaissance de l’histoire de la Promenade des Anglais, depuis la constitution d’un large ruban gris et minéral de près de 7 kilomètres de long qui s’incurve depuis la colline du château jusqu’à l’embouchure du Var, et au-dessus duquel elle s’est érigée. Ainsi, en s’appuyant sur une sélection de galets, l’exposition de la Galerie des Ponchettes expliquera la façon dont le galet est un produit de ce paysage : arraché aux montagnes, dévalant les cours d’eau pour finir sur la plage déposé par les courants. L’exposition du Musée Masséna permettra elle de mieux appréhender la formation, au XIXe siècle, d’une ville nouvelle, à côté de la vieille ville, sur la rive droite du Paillon, pour accueillir le séjour hivernal de résidents étrangers venus y profiter de la douceur du climat et de la « joie de vivre » pour reprendre le titre d’une œuvre célèbre d’Henri Matisse.
Une ville nouvelle qui va, au fil des décennies, devenir une véritable « Capitale d’hiver » avec son urbanisme comportant les principales fonctions d’une ville consacrée au tourisme : villas, hôtels, palaces, casinos et églises dédiées à la variété des cultes de résidents pas toujours catholiques. Une fresque historique témoignera également de la densité de la vie mondaine et culturelle dont l’avènement de cette ville a été le moteur. Parmi les personnalités qui ont illustré cette histoire, l’on retrouvera notamment des écrivains comme Friedrich Nietzsche, Stefan Zweig, ou Colette ; des photographes et cinéastes comme Charles Nègre, Jacques-Henri Lartigue ou Jean Vigo ; et bien sur des peintres comme Raoul Dufy, Henri Matisse ou Marc Chagall.
Une formidable source d’inspiration pour les peintres
Plusieurs expositions mettront particulièrement en exergue la formidable source d’inspiration qu’a constituée la Promenade des Anglais pour ces artistes. Ainsi, l’exposition du Musée National Marc Chagall explorera les liens encore méconnus que ce peintre a entretenus avec la ville de Nice qui a attiré son œil avec le bleu azur de la mer et de l’éclat du ciel, mais aussi par sa végétation flamboyante ou les étincelles colorées dégagées par les bouquets du marché aux fleurs. Autant d’éléments que l’on retrouve dans la célèbre affiche réalisée par Chagall pour Nice, que l’on pourra admirer ainsi que plusieurs gouaches préparatoires.
L’exposition du musée Matisse mettra elle en relation l’univers intime de l’atelier de l’artiste avec l’étendue de la baie des anges, tout en déclinant aussi l’importance de la représentation des intérieurs niçois dans l’œuvre de Matisse. Le musée des Beaux-Arts mettra lui Raoul Dufy à l’honneur en proposant de découvrir les séries de peintures inspirées par Nice au cours de ses séjours, de 1926 à 1940. L’exposition s’attachera également aux liens que ces œuvres entretiennent avec les arts décoratifs durant les Années Folles, Dufy ayant été l’un des principaux acteurs de la diffusion d’un style Côte d’Azur à travers l’emploi répété de motifs marins et niçois dans des céramiques ou dans de somptueux tissus créés notamment pour le couturier Paul Poiret.
Un théâtre d’actions artistiques
Plus que tout autre littoral, la Promenade des Anglais suscite rêverie, fantasmes et clichés. A la joie de vivre des peintres modernes venus parachever leur œuvre sous le soleil azuréen, succède la désinvolture des contemporains qui n’hésitent pas à s’approprier ce lieu de sociabilité pour en faire un atelier à ciel ouvert. Ainsi, dès l’après-guerre, la baie des Anges s’est muée en un théâtre d’actions artistiques qui ont bouleversé la trajectoire de l’histoire de l’art : du partage du monde imaginé entre Klein, Arman et le poète Jean-Claude Pascal en 1947, jusqu’aux performances de Ben dans les années 1960-1970.
Organisée au MAMAC, l’exposition « La Prom’ pour atelier » restituera la richesse et la diversité de ces actions en associant œuvres d’art et documents photos, vidéo et audio. Elle montrera comment, dans ce formidable terrain de jeu, les artistes ont fait de la Promenade des Anglais un outil de création et de résistance, révélant son rôle activiste. Un peu dans cette lignée, le photographe anglais Martin Parr, dont le travail est considéré comme une satire de la vie contemporaine démasquant le grotesque dans le banal, présentera, au Théâtre de la Photographie et de l’Image, une soixantaine de ses œuvres réalisées sur des plages, notamment à Nice où il a su capter de son œil espiègle quelques clichés avec l’humour qui caractérise son travail. Un travail qu’il complètera en installant, du 8 au 12 juillet, un studio éphémère à partir duquel il réalisera une série de prises de vue sur la Promenade des Anglais, avec ses usages et ses personnages.
Pour une inscription au Patrimoine Mondial
Cette exposition multiple « Nice 2015. Promenade(s) des Anglais » n’est pas organisée au hasard. Elle s’inscrit dans la démarche de candidature, entamée par la ville de Nice, pour que la Promenade des Anglais soit inscrite par l’UNESCO au Patrimoine Mondial, ce qui assure renforce le prestige et la notoriété mondiale des sites retenus, tout en les assurant de bénéficier des moyens nécessaires à leur sauvegarde. D’ailleurs, pour Jean-Jacques Aillagon, qui préside également la mission pour la candidature de Nice, le catalogue de cette exposition sera le premier argumentaire présenté en septembre au Ministère de la Culture qui doit, parmi d’autres candidatures françaises, valider la candidature de « Nice, Capitale d’hiver et sa Promenade des Anglais », première étape à franchir dans le processus d’inscription par l’UNESCO au Patrimoine Mondial.
Légende photos :
- La Promenade des Anglais sera le thème cet été de 14 expositions réunies sous le titre « Nice 2015. Promenade(s) des Anglais ».
- Vue de la Promenade des Anglais en 1904 ©Archives Ville de Nice
- Sirène au pin, lithographie gravée par Charles Sorlier sous la direction de Marc Chagall 1967. Collection particulière
- Martin Parr, Nice, France, 2014 © Martin Parr / Magnum Photos
- Christian Estrosi et Jean-Jacques Aillagon entourés des conservateurs des musées de Nice lors de la présentation de l’exposition « Nice 2015. Promenade(s) des Anglais.