Nice : Façonnable restructure et supprime 96 postes
Reprise en 2007 par le groupe libanais M1 Fashion, la société niçoise Façonnable vient d'annoncer à ses salariés (près de 200 dans son siège social de Nice) un lourd plan de réorganisation. Il vise à regrouper les collections, recentrer l’offre proposée, rationaliser la Supply Chain, repenser l’implantation des boutiques ou "corners" et supprimer des postes pour diminuer les coûts de structure face à la baisse du chiffre d'affaires et à des pertes récurrentes.
C'est une des dernières maisons de couture azuréenne qui vient d'entrer dans la tourmente de la restructuration. Spécialisée dans le prêt à porter haut de gamme homme et femme, le groupe issu de la petite boutique ouverte dans la rue Paradis en 1950 par Jean-Pierre Benaym et Albert Goldberg a annoncé lundi à ses salariés un plan de réorganisation qui implique la suppression de 96 postes, dont une bonne part au siège social de Nice (450 salariés dans le monde dont près de 200 à Nice).
Chiffre d'affaires en baisse et perspectives 2015 peu encourageantes
"Dans un contexte économique dégradé, le groupe connaît une situation particulièrement difficile qui s'est accentuée au cours des dernières années avec des pertes croissantes dues à une baisse de son chiffre d’affaires", a déclaré la direction (le chiffre d'affaires se montait à un peu plus de 47 M€ en 2013 avec une perte colossale de 30,5 M€). "Au cours des dernières années, diverses mesures opérationnelles et stratégiques ont été prises pour faire face à ce contexte économique difficile. Cependant, les coûts salariaux n'ont volontairement pas été réduits malgré la baisse du chiffre d’affaires", est-il ajouté.
Mais "compte-tenu de l’importance de la baisse de celui-ci et des perspectives pour 2015, le Groupe ne peut maintenir son organisation en l'état, sauf à accentuer encore le niveau des pertes et à mettre en danger la pérennité de ses activités."
Un projet qui devrait supprimer 96 postes sur 448
Confronté à des pertes récurrentes, le groupe Façonnable a aussi "présenté aux représentants du personnel un projet de réorganisation pour redresser ses résultats, notamment par une relance de ses activités et une réduction de ses coûts. Le projet prévoit de regrouper les collections, recentrer l’offre proposée, rationaliser la Supply Chain, repenser l’implantation des boutiques et "corners" et diminuer les coûts de structure."
Un projet qui, est-il précisé, devrait entraîner la suppression nette de 96 postes, dont une bonne part au siège social de Nice, sur les 448 que compte le Groupe actuellement. Ces suppressions de postes, suivant le cours des procédures légales, interviendraient au début de l'été.
"Les mesures sociales d’accompagnement seront débattues avec les représentants du personnel dans les semaines qui viennent avec pour objectif d'offrir à chaque salarié concerné une solution adaptée à ses besoins", a annoncé la direction. "Il sera proposé aux membres du Comité d'Entreprise de mettre en place un Espace Information Conseil dans les prochains jours pour accompagner les salariés puis un cabinet d’aide au reclassement à l’issue de la procédure d’information-consultation", est-il noté.
Une marque "star" des années 80 qui s'est développée à l'international
Façonnable, qui véhicule dans le monde un esprit et un style "French Riviera", avait été racheté fin 2000 par son principal distributeur aux Etats-Unis, Nordström, le groupe qui lui avait assuré une belle expansion américaine. Dans les années 80, Façonnable s'était ainsi imposé comme l’une des marques françaises pour homme les plus connues à travers le monde. Elle rivalisait alors avec les grands du genre comme Ralph Lauren.
Mais les nouveaux développements à l'international sur lesquels avait tablé Nordström ne se sont pas concrétisés. Façonnable, qui gardait cependant tout son potentiel, avait été racheté fin 2007 pour 210 millions de dollars (153 M€ alors) par le groupe libanais M1 de Taha et Najib Mikati, via sa filiale "Fashion", spécialisée dans les produits de luxe. Pour sortir de la parenthèse américaine, M1 Fashion chercha alors à relancer la marque avec entre autres un nouveau concept de boutique décliné dans la quarantaine de magasins du groupe (27 en France, 6 au Portugal, 3 en Belgique et 4 aux Etats-Unis) et chez les franchisés (43 dans le monde).
Alberto Lavia, ancien pdg de Kenzo, nommé à la direction et Eric Wright, directeur artistique, avaient été chargés de la reconquête. Le siège niçois de la société avait été confirmé, mais les nouveaux développements étaient eux envisagé à l'étrange. C'est ce qui a été fait, mais sans succès en termes de retombées financières. Aujourd'hui, un trait est tiré et c'est une lourde et douloureuse opération de réorganisation qui commence.