Face à l’œuvre à la Fondation Maeght
Jusqu’au 11 novembre, la Fondation Maeght présente "Face à l’œuvre", une exposition rendant hommage aux œuvres en privilégiant un face-à-face singulier entre chacune d’entre elles et les visiteurs. Rencontre avec le directeur de la Fondation, Olivier Kaeppelin.
Avec l'exposition "Face à l'œuvre" qui se poursuit jusqu'au 11 novembre, la Fondation Maeght rend hommage aux œuvres en privilégiant un face-à-face singulier entre chacune d’entre elles et les visiteurs. Directeur de la Fondation, Olivier Kaeppelin, évoque le choix des pièces retenues pour cette exposition ainsi que la manière dont il a élaboré le parcours du visiteur. Ce dernier aura de multiples occasions d’éprouver un choc devant des chefs-d’œuvre d’artistes ayant marqué l’histoire de Fondation), mais aussi des œuvres plus confidentielles qui symbolisent la prise de risque vertueuse qui a toujours animé ce lieu magique. Photo ci-dessus : Alexandre Calder, Crinkly worm, 1970. (DR(c)Calder Fondation.
Pour commémorer les 50 ans de sa création, la FondationMaeght a choisi pour sa grande exposition estivale de rendre hommage aux œuvres, en mettant en perspective la façon dont Aimé et Marguerite Maeght, puis leur fils Adrien et ses équipes, ont choisi les œuvres sans préjugés ni réduction à la notion d’écoles, mais uniquement soucieux de leur force d’expression et de leur puissance d’émotion, dans une réelle volonté de partager l’art avec autrui. Aimé Maeght s’est toujours défié des écoles car elle limite la curiosité et vous prive de l’expérience de la surprise tout en vous rendant tributaire de l’air du temps. La seule relation à l’œuvre qui le captivait était un moment de face-à-face silencieux, une relation intense, à la fois cognitive et sensible, mais avant tout transformatrice de notre être et de nos comportements.
Un face-à-face comme fil rouge
C’est d’ailleurs la recherche de ce face-à-face singulier et la volonté de faciliter l’existence d’un rapport particulier entre les visiteurs et chacune des œuvres présentées, qui ont servi de fil rouge au Directeur de la Fondation OlivierKaeppelin pour élaborer le parcours de l’exposition, même si ce dernier ne s’est pas privé d’organiser aussi quelques face-à-face entre les œuvres d’une même salle, comme dans cette salle consacrée au visage et aux portraits où des esquisses de Francis Bacon dialoguent entre elles, ou dans cette autre dédiée à l’énergie puisée de la nature où une extraordinaire peinture de Joan Mitchell répond à un paysage en révolution comme un volcan de Paul Rebeyrolle.
Des chefs-d’œuvre emblématiques
Même si « Face à l’œuvre » n’est pas une rétrospective des grandes expositions organisées depuis 50 ans à la FondationMaeght, le promeneur aura tout le loisir d’admirer une centaine de peintures et sculptures qui ont marqué l’histoire de la Fondation. Parmi elles, d’incontestables chefs d’œuvre d’artistes emblématiques de la Fondation comme Joan Miro dontles céramiques rythment le « Labyrinthe » du jardin de la Fondation, Alberto Giacometti dont les célèbres bronzes « L’Homme qui marche » sont toujours bien présents dans la cour de la Fondation, mais dont on découvre aussi l’incroyable plâtre peint « Le Nez » ainsi que plusieurs portraits de Marguerite Maeght, ou encore Alexandre Calder dont on peut découvrir une puissant huile sur toile « Fond rouge », mais aussi de surprenants animobiles comme ce « Crinkly worm ». Chefs-d’œuvre également d’autres artistes internationalement reconnus, qui sont régulièrement exposés à La Fondation comme Pierre Bonnard qui nous livre sa belle vision de « L’été », Marc Chagall et ses « Amoureux au clair de lune » ou Vassily Kandinsky avec plusieurs superbes tableaux comme ce merveilleux « Balancement ». Les visiteurs pourront aussi découvrir des œuvres saluées comme des chefs-d’oeuvre lors de leur création, avant que leurs auteurs, adulés de leur vivant, ne soient rattrapés par le débat de l’Histoire avant de tomber pour certains comme Ubac et Tal Coat dans ce que l’on a coutume d’appeler « le purgatoire ».
Des témoignages de prises de risque
L’exposition fait également la part belle à des œuvres d’artistes plus confidentiels qui ont eu du mal à rencontrer leur public, mais qui symbolisent la prise de risque qui a toujours animé aussi bien Aimé Maeght avec par exemple François Fiedler dont on peut découvrir l’imposant triptyque « A trois termes I, II et III », qu’Adrien Maeght avec Gérard Gasiorowski dont l’immense (1.5x10m) « Hommage à Manet » vient pratiquement mettre le point final à cette exposition qui n’oublie pas de faire un clin d’œil à quelques artistes contemporains, comme Djamel Tatah ou Jacques Monory auxquels la Fondation Maeght a consacré une exposition au cours de ces dernières années. Encore un témoignage d’ailleurs des nombreuses prises de risque qui ont émaillé les 50 ans d’histoire de ce lieu magique.