Immobilier : Sophia pris à contrepied par la reprise
L'accélération de la croissance, se heurte à un problème de logement des entreprises : échaudés par la crise du début des années 90, les promoteurs n'ont pas suivi le mouvement.
Alors que les institutions s'interrogent sur la relance de la technopole, que tout le monde cherche désespérement le meilleur moyen d'animer le parc scientifique, un regard serait à poser sur une question quand même primordiale : Sophia Antipolis peut il accueillir les entreprises que la Côte d'Azur attire à grand renfort de promotion? Car actuellement, c'est là l'un des problèmes les plus cruciaux : il n'y a plus de locaux, tout au moins de locaux adaptés, pour répondre à la demande des entreprises.La construction n'a pas suiviLe problème avait déjà été signalé il y a plus de deux ans par la SAEM alors que les premiers frissons de reprise se faisaient sentir. C'était lors du MIPIM de mars 1997 que la sonnette d'alarme avait été tirée. Il n'y aurait bientôt plus de locaux libres pour de nouvelles implantations importantes d'entreprises.Le problème alors était le suivant : échaudés par la crise sévère de l'immobilier, les promoteurs ne voulaient plus (ou ne pouvaient plus car ils n'étaient pas suivis par les banques) entreprendre la construction d'un immeuble de bureaux, tant qu'une bonne partie des locaux n'étaient pas déjà retenus solidement par un bail classique de 3, 6, 9 ans. De l'autre côté, les industriels, ne voulaient pas s'engager tant qu'ils n'avaient pas vu les locaux sortir de terre et, notamment les étrangers, trouvaient trop contraignant le bail 3, 6, 9.A peu de choses près, le scénario n'a guère évolué. Les brûlures de la crise sont encore trop douloureuses et la reprise n'est pas encore entrée dans toutes les têtes pour que la construction, même si elle a repris sur Sophia, puisse suivre le mouvement.Entreprise cherche logement…Au CICA, la pépinière d'entreprises du Conseil général, il ne se passe pas un jour sans que deux, trois demandes soient formulées. Demandes auxquelles il ne peut être répondu, le CICA affichant complet depuis longtemps. Les entreprises arrivées à maturité et qui pourraient quitter la pépinière, renâclent souvent à le faire tant qu'elles n'ont pas trouvé un autre local adapté. Elles ne veulent évidemment pas se retrouver à la rue…Même mouvement à la SAEM, la société d'aménagement d'économie mixte. Là, on signale qu'il y a bien 52.000 m2 de bureaux signés pour la construction, mais que la plupart des projets n'ont pas encore démarré. Parmi les dossiers les plus avancés, trois permis de construire dont un de 12.000 m2 (Etienne Renard); un autre de 4.000 m2 (Alba immobilier sur Mougins); un troisième de 3.800 m2 (SCI Prolog). Des permis qui ont donc été obtenus mais sans que les travaux aient démarré : grosso modo, le promoteur attend la signature du client et le client attend le démarrage des travaux. Une situation qui, évidemment, peut durer longtemps.D'autres permis sont en cours d'examen : 9.000 m2 au font de l'Orme à Mougins (SFBM, Société financière du bassin méditerranéen); 2.000 m2 entre Berlioz et l'IMRA (Miraglia). Et puis, à un stade moins avancé, des projets ont déjà obtenu l'agrément du Symisa, le Syndicat Mixte de Sophia Antipolis : 4.000 m2 pour Alba; 2.500 m2 pour Gaïa 3 (à côté de Siemens, sur la route des Crètes); 2.500 m2 pour Bouygues, derrière Amadeus.La reprise pénalisée par la pénurie de bureauxDes mètres carrés sur Sophia Antipolis, il n'en manque pas, assure-t-on. Mais il ne sont pas encore là. Et pendant plus d'un an, tout le monde va continuer à souffrir. Cette chasse au logement, que mènent actuellement les entreprises, ne peut que mécaniquement se prolonger, la construction étant un secteur qui, par essence, présente beaucoup d'inertie.Sophia Antipolis a redemarré en flèche. Tout le monde s'en réjouit. L'augmentation du nombre d'emplois en 1999 devrait ainsi se maintenir au même niveau record que l'an dernier. Mais la pénurie de logements à laquelle sont confrontées aujourd'hui les entreprises risque de pénaliser cette belle croissance retrouvée. Et démotiver tous les organismes et les professionnels qui assurent la promotion du parc scientifique. A quoi bon attirer les entreprises françaises et étrangères, ou se battre pour la création de start-ups sur le site, s'il s'avère ensuite impossible de les loger sur place ?