Une charge lourde contre la DPCT
Dans son rapport, Thierry Bruhat n'est pas tendre avec la Direction des pôles de compétences technologiques. Il estime que la création de la DPCT 'n'a pas rempli les attentes des uns et des autres'La DPCT est isoléeLa fonction d'animation ne doit pas se surajouter à la multiplicité des intervenants, elle ne peut exister que par la reconnaissance de la valeur ajoutée qu'elle apporte aux uns et aux autres.Or, aujourd'hui, la DPCT est très isolée. Ses relations avec les différents organismes intervenant dans le développement de Sophia sont soit mauvaises, soit inexistantes. Les relations entre la DPCT et les clubs de Sophia ne sont pas bonnes. Les clubs estiment que la DPCT ne les soutient pas -ne leur donne pas les moyens de fonctionner-, qu'elle vit en vase clos et ne possède pas de méthode d'animation. La DPCT estime pour sa part que les clubs ne représentent pas les forces vives de Sophia et que rien de concret ne ressort de leur action. Elle souhaite travailler en dehors des clubs.Mais les reproches les plus souvent exprimés tiennent à l'inexpérience des membres de la DPCT, à leur manque de compétences spécifiques dans les domaines technologiques, sur le plan international et en termes de méthodes d'animation technopolitaine. Il leur est reproché de ne pas partir des besoins et des projets des entreprises, mais de les contacter, de les réunir avec des idées préconçues; 'ils viennent vous dire ce que vous devez faire' et 'ne cherchent pas à comprendre nos besoins'.Par ailleurs, la dualité des fonctions du responsable de la DPCT est unanimement considérée comme ne lui permettant pas de remplir correctement sa mission de direction des pôles de compétences. D'entrée la mission d'animation perd de sa crédibilité. Dans toutes les technopoles françaises, l'animation est assurée par une équipe dont le responsable non seulement travaille à plein temps, mais personnalise la fonction. A Sophia, il n'est pas raisonnable de penser à la fois redresser le Ceram et de s'occuper de l'animation des pôles de compétences.Pour le responsable de la DPCT, il existe une cohérence entre les missions du Ceram et la fonction de développement technologique, telle que doit la mettre en œuvre la DPCT. Par ailleurs, il reconnaît avoir accepté ce poste car les deux dimensions étaient liées. En outre, les difficultés qu'il ressent dans la mise en œuvre de la fonction relèvent d'un manque de communication, de l'absence de références et d'un contexte institutionnel compliqué. La DPCT souhaite se soustraire de l'emprise des clubs, cibler un sous-groupe de start-up indépendantes des réseaux existants et les accompagner dans la structuration de clusters, conséquences, selon elle, de la spécialisation des entreprises. Devant les critiques concernant son manque de disponibilité, son responsable souhaite renforcer l'équipe de gestion du Ceram afin de se consacrer davantage à l'animation.Au cours de sa première année de fonctionnement, la DPCT a organisé diverses réunions thématiques dont SAME 98 qui a rencontré un réel succès. Mais si ces rencontres thématiques sont nécessaires, si elles favorisent à l'évidence des rencontres informelles, elles ne permettent pas d'obtenir les effets de structuration des pôles et la démultiplication de projets de développement mobilisant compétences et expertises au service de leurs porteurs. Ces effets relèvent d'autres types d'actions et de méthodes d'intervention originales.Des changements à opérer rapidementPlus préoccupant, la DPCT n'a pas su créer la confiance qui permet de faire rentrer les pôles dans une dynamique d'apprentissage collective. Elle apparaît davantage comme un service consulaire cherchant à intervenir sur Sophia avec une stratégie propre, autonome vis-à-vis des autres organismes existants. Elle est vécue comme un acteur supplémentaire dans un environnement institutionnel considéré déjà comme peu lisible et dont les actions sont insuffisamment coordonnées. Aujourd'hui, la DPCT est isolée du fait de sa stratégie, de ses méthodes d'animation et des compétences qu'elle offre.Des changements sont à opérer rapidement, car cette situation est jugée décrédibilisante pour Sophia Antipolis qui reste fragile et dont l'avenir dépend de sa capacité à inventer des formes de développement originales qui assureront sa pérennité dans un environnement de plus en plus concurrentiel.'