Le pavé du sénateur Laffitte dans la mare UMTS !
Dans un rapport explosif de l'Office parlementaire, le père de Sophia Antipolis dénonce un prélèvement exorbitant des licences qui risque de provoquer un "désastre industriel" en Europe.
Un pavé dans la mare de l'UMTS ! Alors que les voix se font de plus en plus nombreuses pour dénoncer l'hystérie qui a saisi le monde financier, politique et industriel autour de la téléphonie de la troisième génération, les sénateurs Pierre Laffitte, le père de Sophia Antipolis, et René Trégouët, viennent de présenter à Paris un rapport explosif de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Un rapport dont une partie avait été réalisée à partir d'une consultation de chefs d'entreprise high tech de la Côte d'Azur (IBM, Realviz, Activia, Sigma technologies, Nortel, Cisco, etc).70 milliards de francs dépensés avant de commencer !Ce qui y est dénoncé ? Le coût exorbitant des licences UMTS en France, ainsi que dans certains pays européens comme la Grande Bretagne et l'Allemagne. Une facture qui, entre le prix des licences (900 milliards de francs en Europe) et le déploiement des réseaux (une somme du même ordre) risque selon eux de mener à un véritable "désastre industriel" et anéantir l'avance que l'Europe a sur les Etats-Unis dans le domaine de la téléphonie mobile."Nous avons été chargés il y a près d'un an d'une étude sur les conséquences de l'évolution scientifique et technique sur les communications, note le sénateur Laffitte. Mais depuis, il s'est passé le désastre de l'attribution des licences UMTS en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France. Tous deux, - le sénateur Trégouët et moi-même -, nous nous sommes insurgés contre les prélèvements que nous estimons totalement excessifs. Si nous prenons le cas de la France, entre le prélèvement (32 milliards de francs) et le coût de déploiement du réseau (autour de 40 milliards de francs), un opérateur aura dépensé de l'ordre de 70 milliards de francs avant même de toucher le moindre centime. En outre, la bulle financière des dot.coms a comme prévu exolosé aux Etats-Unis. "15 milliards de francs maximum pour l'ensemble des 4 opérateurs"Comment en ayant dépensé autant d'argent, en ayant à mettre au point une technique qui n'existe pas encore, en ayant à proposer des services qui n'existent pas encore eux non plus, comment pouvoir offrir des services grand public à un tarif abordable ? Un petit calcul tenant compte de l'amortissement des investissements, des dépenses de fonctionnement et de la rétribution des services, mettrait le forfait mensuel entre 600 et 1.000 francs. Le grand public, qui n'a même pas encore la pratique des hauts débits en France est-il prêt à payer ce prix ? Certainement pas.""L'A.R.T., lors de l'attribution des licences la semaine dernière, a d'ailleurs fait la même analyse que nous. L'Autorité de régulation des télécommunications a même publié le chiffre qu'il nous avait donné confidentiellement : selon elle, le prélèvement maximum pour les quatre opérateurs est de 15 milliards de francs (soit un peu moins de 4 milliards de francs par opérateur). Nous sommes bien loin des 132 milliards de francs réclamés."Tout remettre à platMais le coup n'est-il pas parti ? N'est-il pas trop tard déjà pour faire marche arrière et repartir sur des bases plus en accord avec un marché qui, aujourd'hui, s'est dégrisé ? Le sénateur Laffitte pense qu'il faut au contraire absolument agir. "Nous disons qu'il faut tout remettre à plat. Non seulement en France. Mais également en Europe. En Grande-Bretagne et en Allemagne où les ponctions ont atteint des niveaux intolérables dont toutes les conséquences ne sont pas encore connues. J'ai d'ailleurs envoyé le rapport à Tony Blair, à Gerhard Schröder. L'enjeu est énorme quand on sait que les NTIC contribuent pour le tiers à la croissance économique. Si l'UMTS se révèle comme un désastre, le secteur des NTIC ne pourra pas se développer, la perte fiscale et sociale sera énorme ! ""Mais, à titre personnel, je vais plus loin. Il faut profiter de cela pour supprimer le monopole de TDF qui coûte très cher à toutes les sociétés de télédiffusion et qui ne se trouve plus justifié alors que les monopoles de la télévision et des télécommunications ont été supprimés. Ces points hauts sur lesquels TDF à la main pourraient être utilisés par les opérateurs télécoms, d'autant plus qu'il y a convergence entre la télévision et les télécommunications. Une grande remise à plat des fréquences s'impose également. C'est ce qui sera abordé dans la seconde quinzaine de décembre, lors d'une grande réunion à Sophia Antipolis 2001 où tout le monde se retrouvera : opérateurs télécoms, télédiffuseurs, autorités, etc."