AOM et Air Liberté largués par SAirGroup
Les actionnaires du groupe suisse lâchent les deux compagnies françaises avec deux mois de trésorerie. En France, de source syndicale, 2.700 emplois seraient supprimés d'ici la mi-juin.
Mercredi 25 avril, article remanié à 19 heures - Pour les 7.400 salariés français d'AOM, Air Liberté et Air Littoral, c'était aujourd'hui la journée de tous les dangers. Ce le fut réellement. Vers 19 heures, alors que l'assemblée générale annuelle de leur maison mère, SAirGroup, se poursuit à Zurich, les derniers espoirs s'envolent. Comme cela avait filtré la veille, la solution du lâchage en plein vol se confirme. Les deux compagnies françaises AOM et Air Liberté (le sort d'Air Littoral était déjà scellé) ont deux mois de trésorerie non renouvelable, pour tenter de retrouver un repreneur.Déjà, en milieu d'après-midi, Marc Rochet, le Pdg d'AOM-Air Liberté, confirmait l'hypothèse du sursis de deux mois. Suite à quoi une polémique s'engageait sur la première vague de licenciements. Selon des sources syndicales, 2.700 suppression d'emplois interviendraient avant la mi-juin dans les trois compagnies AOM, Air Liberté et Air Littoral. Un carnage.Un sursis de deux moisAir Littoral n'espérait rien de cette assemblée d'actionnaire. La compagnie des gens du sud était déjà fixée sur son sort : SAirGroup avait décidé il y a un mois de couper le robinet financier. La compagnie, qui avait alors deux mois de trésorerie pour fonctionner (elle n'en a plus qu'un aujourd'hui), se doit toujours de chercher un repreneur. Hier mardi, d'ailleurs, le personnel de la compagnie a manifesté sur l'aéroport international de Nice, bloquant les pistes pendant deux heures entre 14 et 16 heures.AOM et Air Liberté, à cours de trésorerie, risquaient elles toutes deux le dépôt de bilan immédiat. Un sursis leur est donc accordé. Elles recevront un viatique de 500 millions de francs, soit deux mois de trésorie, pour tenter de trouver un repreneur. Dans une lettre diffusée aux salariés, Marc Rochet notait qu'il continuait de rechercher un ou plusieurs actionnaires "afin de remplacer SAirGroup et Taitbout (holding majoritairement détenue par Marine Wendel d'Ernest-Antoine Seillière), qui ne souhaitent pas poursuivre leurs investissements dans ce secteur d'activité". Des contacts avaient déjà été pris en ce sens, mais n'avaient "pas encore permis d'aboutir". "Ce projet, ajoutait Marc Rochet, qui n'est toujours pas figé, fait actuellement l'objet d'études plus affinées au sein des différents services de la compagnie, notamment sur ses conséquences sociales". Un dernier point particulièrement sensible. Jean Immediato, président du Syndicat national des pilotes de ligne d'Air Liberté, affirmait ainsi qu'"au moins 2.700 des 7.400 employés des compagnies françaises AOM-Air Liberté et Air Littoral, auront perdu leur emploi d'ici la mi-juin ". Quant à Cyril Spinetta, Pdg d'Air France, il assurait dans l'après-midi qu'il serait disposé à aider au reclassement d'une partie du personnel d'AOM et d'Air Liberté.2,4 millions de passagers sur NicePour l'aéroport de Nice, la perspective d'un crash des trois compagnies semble se rapprocher à vive allure. La stratégie long terme de la plate-forme niçoise risque d'être remise en cause, tandis que se jouera le sort de plus de 700 emplois et de plus du quart de son trafic passagers.Les trois compagnies à la recherche de repreneur ont en effet un poids considérable à Nice. Air Littoral, le hub niçois, pesait en 2000, 1,2 millions de passagers. AOM et Air Liberté avec leur navette, maintiennent la concurrence sur Nice Orly, un axe aérien essentiel. Toutes deux comptaient pour 1,2 million de passagers en 2000. Soit au total pour les trois compagnies, 2,4 millions de passagers. Plus de 25% des 9,4 millions de passagers comptabilisés l'an dernier sur l'aéroport ! Un chiffre qui ne sera pas forcément retrouvé en cas de reprise ou, pire, de liquidation.