Suppressions de postes à IBM : première grève numérique en télétravail
Annoncée en fin d'année dernière, la réduction d'effectifs à IBM France se précise : 1.250 postes (dont 70 sur la Côte) seraient supprimés par le PSE tandis que 1.000 autres postes (dont 150 à Nice) seraient transférés dans Kyndryl, une société autonome. Pour s'opposer à cette opération, la CGT IBM France a lancé un appel à la première grève numérique en télétravail. Un mouvement marqué ce matin par une "invasion numérique" des "télégrévistes" dans la réunion WebEx du Comité économique et social.
C'est une sévère réduction d'effectifs, annoncée fin décembre, et qui se précise aujourd'hui pour IBM France. Pour protester contre les licenciements secs et l’externalisation d’environ 1300 salariés dans une nouvelle entreprise "NewCo" renommée Kyndryl voilà deux jours, la CGT IBM France organise une journée d’action ce vendredi 16 avril, avec appel à la première grève numérique en télétravail. Un mouvement qui a été marqué ce matin par une "invasion numérique" par les télégrévistes d'une réunion du Comité social économique qui se tenait en visoconf. (Photo : The Crown, le bâtiment d'IBM à Nice Meridia depuis son départ du site emblématique de La Gaude qui a accueilli jusqu'à 2.000 personnes).
Une réduction d'effectifs programmée en deux volets
Selon le syndicat, la perte d’effectifs est programmée en deux temps : un plan de suppression de 1.250 postes avant l’été, suivi du transfert au 1er septembre d’environ 1.000 salariés dans une nouvelle société créée pour l’occasion. Il ne resterait alors en 2022 que la moitié des 5.000 salariés actifs actuels (10.000 en 2011 soit -75% en l'espace de dix ans).
La CGT distingue ainsi deux volets dans la réduction d'effectifs en cours de discussion : le PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi); le transfert des activités d'infogérance (la branche GTS-IS) vers une société autonome qui ouvre sur un horizon d'incertitude pour les salariés concernés.
Volet 1 PSE : départs aidés et licenciements secs. Ce plan annoncé en novembre 2020 comporte des mesures d’aide au départ volontaire complétées par des départs contraints. Les multiples réunions d’échanges avec les syndicats n’ont fait bouger qu’à la marge la direction assure le syndicat. Elle a fermé le dialogue social avec l’intersyndicale (CGT, UNSA, CFE-CGC, CFDT, CFTC) qui n’a de cesse d’exiger la suppression des licenciements secs inclus dans le PSE.
Volet 2 NewCo / Kyndryl : transferts contraints hors d’IBM dans une société low-cost précédemment appelée NewCo et qui vient d'être rebaptisée Kyndryl. Cette société autonome reprendrait les services gérés d'infrastructures informatiques de grandes entreprises. Pour les "survivants" du volet 1, la direction IBM prévoit de transférer environ 1.000 salariés au 1er septembre dans une entreprise créée pour l’occasion et dont l’actionnariat serait à très court terme "totalement indépendant d’IBM".
Appel à la première grève numérique en télétravail
"Ce transfert forcé se heurte à l’hostilité générale des salariés qui le considèrent comme un prélude à des licenciements massifs externalisés", souligne la CGT. "La pérennité de la société est loin d’être assurée en raison de la défiance des sociétés clientes qui se sentent trahies par l’annonce d’IBM d’abandonner ce secteur d’activité. La scission met en péril l’avenir des deux sociétés et de leurs salariés". Le syndicat souligne que les experts missionnés par le CSE Central sur le PSE sont venus confirmer l’analyse de l’intersyndicale estimant que la situation économique d’IBM France ne justifie pas un PSE de cette envergure et que la situation économique d’IBM Corp est saine, malgré la pandémie.
Pour les syndicats, reste aussi un problème : comment réagir alors qu'avec le confinement et le recours au télétravail (sur la Côte d'Azur pas loin de 99% des IBMers travaillent actuellement à distance) ne permet pas de rassembler physiquement les salariés ? La CGT a aussi cherché à jouer le digital, un univers que les salariés d'IBM connaissent évidemment bien. "Chaque jeudi nous organisons une assemblée générale en numérique sur Zoom avec délestage sur Twitch qui réunit de 300 à 400 salariés et vendredi, nous allons plus loin : nous appelons les salariés connectés à pointer en mode grève", explique José Sainz, délégué syndical CGT. "En pleine pandémie, cela fait partie des nouveaux moyens d'action, alors que tous les sites d'IBM sont vides et que la direction profite de cette dispersion des salariés pour rester intransigeante".
Les "télégrévistes" tentent une "invasion numérique" de la réunion du CES
Illustration des nouvelles actions syndicales dans le monde du numérique : la "télégrève", grève numérique lancée ce matin par la CGT d'IBM France pour protester contre les importantes suppressions de postes, a été assortie d'une tentative d'"invasion numérique" dans la réunion WebEx du CSE (Comité social économique) qui se déroulait ce matin. Une autre première syndicale dans le nouveau monde du travail digital.
José Sainz, délégué syndical CGT, a ainsi rapporté à l'AFP que ce vendredi matin, certains des 80 salariés en télégrève ont envahi la plateforme WebEx en "se connectant de manière intempestive" cela avant de se voir l'accès coupé par le directeur des relations sociales. "A quand les CRS numériques" a ajouté ironiquement José Sainz.
Commentaires
TeleGreve
Excellent article très complet et juste... Je vous remercie ;-)