Un triple constat : 1- ralentissement de la demande
Les causes de la crise actuelle de la filière télécommunications-informatique sont triples. La première : un phénomène classique de ralentissement de la demande.
La crise actuelle de la filière télécommunications-informatique résulte d'un phénomène classique de ralentissement de marché, durcie par deux événements financiers lourds; cette crise rétroagit de façon disproportionnée sur l'ensemble des deux secteurs ; elle crée les conditions d’une pause technologique préoccupante pour les grands pays européens et plus particulièrement pour la France dans le domaine de l’Internet à haut débit.Un phénomène classique de ralentissement de la demande1. La saturation du marchéIl est parfaitement normal que deux secteurs, qui ont enregistré une croissance continuelle depuis plus d'un quart de siècle, connaissent une stabilisation de la demande. Sur ce plan, les télécommunications et l'informatique entrent, pour une part de leur activité, dans une phase de maturité, comme toute autre branche.Relevons, toutefois, que l'on est plus confronté à un ralentissement qu'à une véritable stabilisation : si les ventes d’ordinateurs personnels marquent le pas, celles d’assistants personnels décollent et, en dépit de la crise, on a vendu en France plus de téléphones portables au premier trimestre 2001 qu’au premier trimestre 2000.Le ralentissement de la demande doit également s’analyser au regard des prévisions optimistes des uns et des autres, qui ont abouti à des situations de surcapacité dont la sanction se traduit cruellement par des plans de suppression d’emplois sur l’ensemble des deux filières de l’informatique et des télécommunications.2. Un double palier d'usagesMais, à bien y regarder, l'arrondissement des courbes de vente d'ordinateurs, de logiciels, de serveurs ou de téléphones portables relève de causes plus complexes qu’une simple crise d’ajustement de l’offre à la demande.Car, si ce mouvement est la conséquence d'une manifestation, somme toute parfaitement classique, d'un état d’affaiblissement de la demande et de surcapacité de l’offre, il procède, aussi, d'un double palier d'usages.Les usages des services et des équipements de base d'informatique et de télécommunications sont, peu à peu, entrés dans les mœurs, comme en leur temps le téléphone ou la télévision. Leurs utilisateurs, professionnels ou privés, se limitent à un taux normal de renouvellement d'équipements, le plus souvent, pour accéder à des fonctionnalités (accès à la toile, courrier électronique, réseaux d'entreprise, téléphonie mobile, etc.) qui sont proposées sur le marché depuis déjà quelque temps. Bien que la demande correspondante asseye des taux de progression dont se contenteraient la plupart des autres secteurs d'activité, elle ne suffit plus à insuffler au secteur le dynamisme qui était le sien.À l'opposé, les nouveaux services et beaucoup de nouveaux équipements liés à l'introduction de l'Internet haut débit, fixe ou mobile, ne sont pas encore totalement disponibles. Dans le premier cas, à cause de la lenteur du dégroupage de la boucle locale, dans le second du fait du retard de mise au point des équipements et du déploiement des réseaux. L'offre de services tardant, il est parfaitement compréhensible que l'appropriation de leurs usages, qui commande les comportements d'achats, ne suive pas.Le lissage de ce porte-à-faux, qui consistait à diffuser le plus largement possible les résultats d'une première révolution technologique, tout en préparant, à des coûts très lourds en recherche et en déploiement, l'introduction de la seconde, était tendu. Mais l’on pouvait estimer que les bénéfices de la première révolution technologique nourriraient les investissements de l'autre.En 2000, deux événements financiers ont perturbé cette anticipation raisonnable, mais non acquise : l'éclatement de la bulle boursière américaine et les conditions d'attribution des licences de téléphonie mobile de troisième génération dans les principaux pays européens.