TRIBUNE- Liberté d’informer : on achève bien les chevaux
Journaliste et réalisateur de télévision pour la société de production Premières lignes (PLTV), Edouard Perrin a été mis en examen fin avril par la justice luxembourgeoise pour avoir révélé un scandale fiscal. Pour Paul Barelli, Président du Club de la Presse Méditerranée 06, c'est un nouvel exemple qui montre que la liberté d'informer est aujourd'hui en danger en dépit de l'émotion sincère qui présida à la naissance de "Je suis Charlie." Voici sa tribune.
Le titre du célèbre roman d’Horace Mac Coy s’applique-t-il à la poignée de journalistes d’investigation qui révèlent des affaires ? Certes, au cœur de nos démocraties européennes on n’assassine pas des journalistes trop"fouineurs" mais les sanctions judiciaires- souvent disproportionnées contribuent à les “tuer économiquement”. Notre confrère Denis Robert en révélant l’affaire Clearstream a failli tout perdre. Jusqu’à la décision rendue, en février 2011, par la Cour de cassation, qui reconnaît le sérieux de l’enquête et condamne Clearstream à le dédommager.
Le 23 avril, le journaliste Edouard Perrin, réalisateur de Tv, a été mis en examen par la justice luxembourgeoise pour avoir révélé un gigantesque scandale fiscal, LuxLeaks. Edouard Perrin se retrouve aujourd’hui au banc des accusés. Ces poursuites vont à l’encontre des principes basiques de la liberté de la presse. La liberté d’informer, en dépit de l’émotion sincère qui présida à la naissance de "Je suis Charlie" est en danger.
Un autre confrère, ancien journaliste au Figaro, Philippe Carlin signait en mars 2012 un livre intitulé Enquête à Estrosi City : autopsie d'un leurre, En novembre 2013, il fut condamné pour diffamation publique et injures publiques à un total de 25.000 euros d'amendes et dommages et intérêts, condamnations confirmées en appel.
Cependant, son avocat souligne que l’ouvrage n'a jamais fait l'objet de demande de saisie en référé, ni d'interdiction ni de modification partielle même de la part des personnes qui ont obtenu sa condamnation. Philippe Carlin est-il victime d’un "harcèlement judiciaire" comme il le clame ? Il est de nouveau assigné au tribunal le 15 juin 2015 pour une demande de redressement judiciaire au titre de son ancienne activité d'éditeur.
Paul Barelli