Reprise de Nice-Matin : les offres se précisent…et les licenciements
L'administrateur judiciaire a présenté hier le détail des six offres de reprise du groupe Nice-Matin en redressement judiciaire depuis le 26 mai. De quoi prendre la mesure de la saignée qui menace les salariés : sur le seul groupe de presse (607 personnes sans ses filiales Eurosud et PubliNice), le nombre de suppression de postes va de 200 à 300, soit de un tiers à la moitié. Seul le projet de la SCOP se limite à 108 postes (169 suppressions de postes sur 1.100 pour le groupe et ses filiales)
A mesure que l'échéance arrive, la potion semble de plus en plus amère pour les salariés du groupe Nice-Matin, en redressement judiciaire depuis le 26 mai. Hier, l'administrateur judiciaire, Me Xavier Huertas, a présenté au Comité d'Entreprise les six offres qui ont été déposées fin août pour la reprise du groupe de presse régional et de ses filiales (1.100 salariés au total pour Nice-Matin, Eurosud et PubliNice). Lundi, chaque repreneur viendra présenter son projet devant le CE, qui pourra également poser des questions. Mais déjà, les salariés en savent un peu plus sur le nombre de suppressions d'emplois que chacun des six candidats va imposer.
De 169 licenciements à 450 pour le groupe et ses filiales
Car ces offres peuvent encore changer et se bonifier d'ici le 8 octobre minuit, date limite du dépôt des projets définitifs. Mais déjà, la première présentation éclaire bien la saignée que le groupe va subir avec de 169 licenciements pour le mieux-disant social (le projet de SCOP) à 450 pour le trio Rossel-Marzocco-Safa.
La SCOP pourtant ne prévoyait que 129 départs. Ceux qui avaient été négociés durement avec GHM, le Groupe Hersant Média, à travers le plan social du début d'année. Mais l'administrateur judiciaire impose un minimum de 169 suppressions de postes. Ce qui fait 40 départs supplémentaires qui, là, seront des licenciements et non plus des départs volontaires. Autre aspect qui inquiète : les départs devaient être initialement étalés dans le temps. Mais désormais, départs volontaires comme licenciements se doivent d'être immédiats avec des lettres envoyées dès le 13 octobre si le Tribunal de Commerce retient le projet de SCOP. De quoi alimenter bien des débats internes.
Bernard Tapie se retire d'une association avec la SCOP mais reste avec l'offre de La Provence
Autre élément que la SCOP aura à gérer, c'est le retrait de Bernard Tapie, intervenu récemment. Bernard Tapie avait annoncé fin août qu'il s'associerait au projet de SCOP et apporterait 8 M€ pour 35% du capital. Mais l'accord ne s'est finalement pas fait. Principale difficulté: la volonté de Bernard Tapie de mutualiser notamment l'impression des quotidiens de la Provence (96.000 exemplaires) et de Nice-Matin (150.000 exemplaires compte-tenu de Var-Matin), impression qui se serait faite à Puget-sur-Argens et non plus dans l'imprimerie de Nice-Matin. Pour beaucoup de salariés, qui ne voyaient pas d'un bon œil cette association, le retrait de Bernard Tapie est une bonne nouvelle. Mais pour le projet de SCOP, c'est un souci supplémentaire : il lui faut trouver un nouvel investisseur avant le 8 octobre (des contacts seraient toutefois déjà avancés avec un autre investisseur).
Bernard Tapie n'en reste pas moins en course à la reprise, via l'offre de La Provence dont il est le principal actionnaire. Son projet comporte la suppression de 250 postes sur les 607 du groupe Nice-Matin (sans ses filiales Eurosud et Publinice) dont 66 journalistes. Selon les observateurs, c'est une offre qui "tient la route" mais qui reste quand même fragilisée par les déboires judiciaires dont Bernard Tapie est menacé à travers l'affaire de l'arbitrage autour de la vente d'Adidas.
Rossel-Marzocco-Safa : le projet le plus solide, mais le moins-disant social
Donné comme tenant la corde, le trio Rossel et Compagnie (l'éditeur belge de presse Rossel avec le groupe monégasque Marzocco et le groupe Safa), semble le plus solide sur le plan des financements, de la valorisation du potentiel immobilier comme de la compétence en management média. Mais son projet est aussi le moins-disant social. Si son offre semble s'être nettement améliorée sur ce plan avec 450 suppressions de postes contre un peu plus de 700 auparavant, c'est qu'il réintègre quelque 340 salariés de PubliNice, les porteurs de journaux. En revanche, seraient supprimés près de la moitié des emplois de l'activité presse (journalistes, administratifs et ouvriers du livre) : sur un effectif de 607, seuls 308 postes seraient conservés.
Rossel donne d'ailleurs bien la couleur. L'éditeur du "Soir" à Bruxelles et de la "Voix du Nord" en France, supprime presque la moitié des postes de journalistes (96 sur 230). Il compte se passer notamment de tous les photographes, des secrétaires de rédaction, de tous les échelons intermédiaires (chefs de départements, de rubriques, second d'agences). Il envisageait également de sous-traiter l'impression du journal. De quoi évidemment dresser vent debout une bonne partie du personnel.
Des coupes sombres également dans les autres offres
Restent encore trois autres offres qui ne tiennent pas de pole position mais qui, également prévoient des coupes sombres. Pour le groupe Nice-Matin hors filiales (donc sur un effectif de 607 personnes) ce sont 255 suppressions de postes pour l'offre de Paris Normandie; 208 pour celle de Georges Ghosn (ex-propriétaire de La Tribune et de France-Soir); 267 pour Clepsydre (groupe Azur Santé Retraite).
Il faudra maintenant attendre le 8 octobre pour savoir si les propositions de reprise se sont améliorées. Des propositions définitives que le Tribunal de Commerce de Nice examinera le 13 octobre pour rendre sa décision le 21 octobre. Mais plus que jamais, les salariés d'une entreprise considérée comme l'un des plus solides groupe de presse français ont de quoi s'inquiéter.
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