Les éditeurs américains attaquent en justice MP3.com
La veille de l'ouverture du Midemnet, la RIAA (Recording Industry Association of America) a porté plainte contre la société symbole de la musique sur Internet. La bataille est engagée…
La bataille est engagée. Elle s'annonce gigantesque. Entre les nouveaux distributeurs de musique, qui utilisent la voie Internet, et l'industrie du disque qui veut maintenir la prééminence des supports classiques, le fer a été porté devant les tribunaux. Juste avant l'ouverture du Midemnet de Cannes qui, en prélude au Midem, a réuni huit cents participants dont plus de deux cents journalistes. Ainsi, en fin de semaine dernière, la RIAA (Recording Industry Association of America), le lobby des éditeurs de musique américains, a déposé plainte contre le symbole même de la musique sur Internet : la société /www.mp3.com">MP3.com. Une attaque lancée contre My.MP3 un nouveau service ouvert le 12 janvier dernier.My.MP3 : mettre sa discothèque en ligneLe principe de My.MP3 : permettre à chaque internaute de créer sa propre discothèque sur le Web et écouter ainsi ses titres où qu'il soit, sur quelque ordinateur qui soit, pourvu que cet ordinateur soit connecté à Internet. Ainsi, l'internaute copie les titres de ses propres CD sur son disque dur, puis transmet à l'aide d'un logiciel spécialisé (Beam-it) les références de ses titres. MP3.com se charge ensuite de retrouver les titres dans sa base de données (plus de 45.000 chansons référencées) et de mettre cette discothèque en ligne à disposition de l'internaute.Pour la RIAA, c'est 'un non respect flagrant des droits'. Pour Michael Robertson, directeur de MP3, qui répond dans une lettre ouverte publiée sur le site à Hilary Rosen, représentant de la RIAA, ce service n'est rien d'autre qu'un 'lecteur de CD virtuel'. Quand le consommateur achète un CD, est ce que l'industrie musicale doit lui dire où il peut écouter la musique qu'il a achetée? Quel est le type de technologie qu'il doit utiliser pour écouter ce CD ? Ou s'il peut utiliser les nouvelles technologies Internet ?Et de rappeler que, en matière de droit d'auteur, MP3.com peut en faire encore plus que l'industrie. La société permet aux artistes d'être en connexion directe avec leurs publics, et d'espérer, par le biais d'un 'paiement à la chanson', obtenir une rétribution plus importante que celle que leur accorde aujourd'hui l'industrie du disque…Le juste prix de la musiqueLe débat est lancé. Comme le note le quotidien /www.liberation.fr/multi/actu/20000124/20000124b.html"> Libération, la plainte contre MP3.com résume l'affrontement entre deux conceptions de la distribution de la musique. Celle qui veut perpétuer le système traditionnel et continuer à faire payer les œuvres, et celle qui considère que l'avènement des nouvelles technologies oblige le milieu du disque à chercher d'autres modes de rémunération.'A Cannes, pourtant, les frontières ne semblent pas aussi tranchées. Et les majors sont les premières à se mettre sur les rangs d'Internet. Le rachat d'EMI, géant européen de l'édition musicale par AOL-Time Warner et ses 24 millions d'internautes, montre que les grandes manœuvres sont déjà engagées pour une distribution sur le Net. L'offensive contre MP3.com ressemble plus à une bataille d'arrière garde qu'à un conflit annonciateur. Tout juste, s'ils sont convaincus de l'efficacité de la distribution sur le Net, les éditeurs de musique, n'ont qu'une seule voix pour crier 'non à la musique gratuite'…C'est sur ce terrain, celui du prix d'une chanson, du 'juste prix' de la musique, que l'affrontement risque d'être le plus violent dans les mois et les années qui viennent…