25 M€ pour Qwant : une bonne nouvelle pour son Pôle R&D niçois

Qwant, l'un des champions de la French Tech Côte d'Azur, vient d'obtenir un financement de 25 M€ auprès de la Banque européenne d’investissement. Il lui permettra d'étendre son offre en Europe en indexant le web pays par pays et langue par langue. Parallèlement, une augmentation de capital de 25 M€ devrait aboutir d'ici la fin d'année. De quoi renforcer les équipes de R&D (40 personnes actuellement) qui se trouvent à Nice.

Le grand décollage pour Qwant, l'un des champions de la French Tech Côte d'Azur? Le moteur de recherche européen va en avoir les moyens : la Banque européenne d’investissement (BEI) a décidé de soutenir à hauteur de 25 millions d’euros cette start-up franco-allemande qui avait bénéficié l'an dernier de l'entrée à hauteur de 20% de son capital du grand groupe de presse allemand Springer. L'annonce de ce nouveau financement a été faite mardi lors de la conférence numérique franco-allemande qui avait lieu à l’Elysée, en présence d’Emmanuel Macron, ministre français de l’Economie et de Sigmar Gabriel, Vice-Chancelier d’Allemagne et Ministre fédéral de l’Economie, d’Ambroise Fayolle, Vice-Président de la BEI et de Jean-Manuel Rozan et Eric Leandri, respectivement président et directeur général de Qwant.

Pour la Banque de l’Union européenne, il s'agit de participer activement au développement du marché européen du numérique face à un secteur très concurrentiel dominé par les géants de l’Internet, et face à l’internationalisation des pratiques du numérique. Le financement accordé s’inscrit ainsi dans le cadre de l’initiative Horizon 2020 et notamment du Programme "InnovFin–financement européen de l’innovation" qui offre des produits sur mesure pour le financement de projets de recherche et d’innovation (R-I), menés par des entreprises de petite, moyenne et grande dimension et par les promoteurs d’infrastructures de recherche.

Le vrai départ du parcours européen

Pour Qwant, après l'amorce qu'a permise l'entrée de Springer (un investissement de l'ordre de 10 M€), c'est aujourd'hui le vrai départ de son parcours européen. D'autant plus que parallèlement à ce financement, une augmentation de capital du même ordre (25 M€) est en cours et devrait aboutir d'ici la fin de l'année. Deux bonnes nouvelles aussi pour le Pôle R&D du moteur de recherche qui se trouve à Nice, avenue Thiers, à quelques pas de la gare Sncf.

Le gros du travail désormais, pour se développer sur l'ensemble de l'Union Européenne, c'est l'indexation du Web. "Pour donner des réponses pertinentes, les moteurs de recherche américain ont commencé par indexer le web des Etats-Unis", explique Jean-Manuel Rozan, président de Qwant. "En Europe, cette indexation doit se faire langue par langue, pays par pays, France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Pologne... C'est un énorme travail qui demande beaucoup de temps, mais aussi de l'argent, des ingénieurs, des serveurs, de la bande passante."

Le Pôle R&D de Nice appelé à grandir

Les chances de s'imposer face à l'omniprésent Google et les potentialités en termes d'emplois ? Jean-Manuel Rozan, en guise d'analogie, cite volontiers l'exemple de Yandex en Russie, même si l'idée n'est pas de ressembler au moteur de recherche russe. Lancé en 1997, il assure aujourd'hui 70% des requêtes en Russie, réalise 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires et compte 2.800 salariés. L'Europe n'est certes pas la Russie, mais cet exemple montre que le potentiel du moteur de recherche européen peut être énorme.

Nice bénéficiera-t-il de cette opération décollage de Qwant? "Actuellement, si le siège social est à Paris et la cyber sécurité à Rouen, le site principal, celui du Pôle R&D, se trouve à Nice" répond Jean-Manuel Rozan. "Nous disposons d'un plateau de 600 m2 où travaillent 40 personnes sur un effectif de 60 pour la société. Pour nous développer sur l'Europe, nous avons besoin d'investir non seulement en infrastructures et en équipements mais surtout en talents et notamment dans ceux de la R&D. Nous sommes de ce côté très heureux de notre implantation à Nice, de notre intégration dans la French Tech Côte d'Azur et nous comptons continuer à nous développer sur Nice. S'il est difficile d'établir un plan de marche aujourd'hui en matière d'embauches, à l'image de Yandex, cela peut se chiffrer en centaines de personnes dont une majorité sur Nice".