"Intime corruption ": un document explosif sur l'affaire des timbres de Monaco
Cette affaire monégasque avait fait la "Une" dans les années 90. Soupçonné d'avoir abusé de petits épargnants en leur promettant la fortune dans l'achat de timbres rares, Gérard Lhéritier, principal accusé, n'a été innocenté qu'en juin 2005. Il raconte dans un livre. Décapant.
Cette affaire troublante, occultée dans de nombreux médias locaux, le journaliste Paul Barelli, la connaît bien. Dans son "billet" hebdomadaire au "Petit Niçois", "billet" qu'il nous a transmis et que nous publions avec l'aimable autorisation de l'éditeur, Paul Barelli s'est intéressé au livre "Intime corruption" que vient de publier Gérard Lhéritier, l'un des protagonistes d'une affaire pour laquelle il n'a été innocenté que récemment."Intime corruption" de Gérard Lhéritier(1) est un ouvrage décapant. Rédigé dans un style parfois pamphlétaire, ce document démonte l’affaire des timbres rares de Monaco dont ce propriétaire d’une société philatélique ayant ses bureaux à Nice fut le principal accusé durant....15 ans avant d’être relaxé par le tribunal correctionnel de Nice, le 24 juin 2005. Désormais blanchi par la justice, Gérard Lhéritier estime que l’affaire au cœur de laquelle il a été impliqué, évoque un emballement de la machine judiciaire comparable, par certains aspects, à l’affaire d’Outreau. Ce conseil en placement règle ses comptes dans cet ouvrage troublant qui provoque de nombreuses interrogations sur le déroulement de certaines enquêtes.Le 19 mars 1996, le juge Jean-Pierre Murciano met en examen pour « escroquerie » et place en détention provisoire Gérard Lhéritier. Au travers de deux sociétés, ce dernier a vendu des timbres rares et principalement des blocs feuillets de Monaco à des profanes en promettant une plus value pouvant atteindre 15 % par an et un rachat au bout de 5 ans du portefeuille philatélique à 70 % de sa cote.Lhéritier est soupçonné d’avoir abusé ses clients de petits épargnants à qui il aurait fait miroiter la perspective de plus-values prodigieuses en temps record. Un détournement de 3 millions d’euros commis au préjudice de 70 clients ! Pourtant, de manière souvent convaincante, l’auteur démonte comment il aurait été abusé par un courtier indépendant qui distribuait les produits de sa société Valeur Philatélique, détourne des fonds de ses collections et abuse ses clients. Après dépôt de plainte, le courtier est arrêté et placé en détention provisoire. Seulement, dès sa sortie, de concert avec un ancien cadre de Gérard Lhéritier, il aurait monté un « coup »pour le faire tomber.L’auteur parle de véritable « machination » orchestrée avec un inspecteur de la PJ de Nice. Ce dernier, lors de la garde à vue de Gérard Lhéritier, le fait extraire de sa cellule pour aller dîner avec lui dans un restaurant niçois ! Le conseil en placement sait de quoi il parle : il a conservé la facture qu’il avait réglée d’une brasserie ! Cette anecdote prêterait à sourire s’il ne s’agissait pas d’une affaire aussi grave dont les méandres frôlent le polar.Intime Corruption donne parfois le vertige : les coups de théâtre se succèdent. En juin 2000 le juge Murciano étend son enquête à Monaco. André Palméro, gestionnaire des collections de la couronne monégasque est mis en examen pour complicité d’escroquerie. Il obtiendra par la suite un non lieu. A titre posthume : André Palméro décède quelques mois plus tard d’une crise cardiaque, « n’ayant supporté ni cette injustice, ni la campagne de presse qui s’ensuivit » dénonce Gérard Lhéritier qui met directement en cause le juge Murciano.Il accuse le magistrat d’être au coeur d’un « complot » sans toutefois pouvoir préciser les motivations du juge. Pour quelles raisons le magistrat grassois aurait-il eu intérêt à nuire à Lhéritier ? La question demeure sans réponse. Force est cependant de constater, et tout le dossier l’atteste, que le magistrat a instruit a charge, sans doute sous l’influence d’un enquêteur de la PJ Huy Decloedt, dont il était proche et qui fut condamné à un an de prison avec sursis pour avoir conservé durant plusieurs années des munitions et explosifs saisis dans le cadre de l’enquête sur les attentats perpétrés contre des foyers Sonacotra de la Côte d’Azur entre 1985 et 1988.Le juge sera également mis en examen en I999 dans le cadre de cette affaire pour usage de faux en écriture publique et infraction à la législation sur les explosifs. Le 31 mai 2001 la Cour d’appel déssaisit le juge Murciano après son refus d’une contre expertise comptable et une confrontation avec la plaignante initiale de cette rocambolesque affaire.Le dossier des timbres rares est confié au juge Rolland qui se démarque de son prédécesseur en abandonnant les poursuites pour escroquerie. Il renvoie Gérard Lhéritier en correctionnel pour abus de confiance. Après 15 ans de procédures, il est relaxé en 2005. Durant quatre années, le juge Murciano n’a jamais convoqué ni entendu Gérard Lhéritier, ce qui rappelle, selon l’auteur, une attitude similaire à celle du juge chargé de l’affaire d’Outreau.Paul Barelli(1)Intime corruption. L’affaire des timbres rares de Monaco. Gérard Lhéritier. L’Archipel