Cannes : Vivendi cède son pôle immobilier
En annonçant lors du MIPIM la cession de la CGIS, l'ex-CGE tourne, sur la Côte d'Azur, la page de plusieurs grands dossiers qui s'étaient traduits par plus de 2 milliards de francs de perte.
Ce fut l'un des événements du MIPIM, le Marché international des Professionnels de l'immobilier qui s'est terminé à Cannes samedi 11 mars. L'annonce de la cession de la CGIS, le pôle immobilier de Vivendi, à la Caisse des dépôts et à LBO France, une société de capital-risque, a surpris le monde immobilier. Certes, Jean-Marie Messier avait annoncé, lors de la définition de la nouvelle stratégie du groupe voilà trois ans, qu'il se séparerait de ses activités immobilières durement secouées au début des années 90.Cannes et la vallée de la SiagneMais la surprise est venue du fait que Vivendi n'a pas gardé de participation. Ainsi, 95% de la CGIS ont été cédés, les 5% restant étant attribués à une société regroupant une dizaine de cadres dirigeants. Pour la Côte d'Azur, c'est une page, largement ouverte à la fin des années 80 et au début des années 90 qui se ferme.L'immobilière Phénix avait notamment été très présente dans les dossiers immobiliers de Cannes et de Mandelieu, dossiers qui s'étaient traduits par des pertes de l'ordre de 2 milliards de francs. Sur Cannes, Phénix s'était investi sur deux opérations d'envergure : la ZAC de Cannes ouest qui devait permettre une conversion de la Zone Industrielle de la Bocca avec construction d'une médiapole, de deux mille chambres d'hôtel en bord de mer et de logements; la réalisation d'un hôtel-casino de luxe au Palm Beach.De lourdes pertesSur Mandelieu, Phénix participait à la rénovation du centre ville et, surtout, avait lancé d'importantes acquisitions foncières dans toute la vallée de la Siagne. Piloté à la fin des années 80 par Christian Pellerin, l'homme de la Défense, le projet avait été alors de réaliser une zone d'activité et d'habitation tournée vers le spatial à partir du pôle existant de l'établissement d'Alcatel, premier constructeur européen de satellite. Il était alors envisagé plus de trois millions de mètre carrés de plancher. Autant que la Défense à Paris...Autant de grands dossiers qui n'ont pas abouti. La ZAC de Cannes Ouest, lancée par Michel Mouillot alors maire de Cannes, est devenue totalement irréalisable à partir de 1992 quand le marché immobilier s'est effondré. De plus, les crues de la Siagne et le gel du SDAU (Schéma directeur d'Aménagement et d'urbanisme) décidé en raison des dangers d'inondation, annonçaient une forte limitation des possibilités de construction et bloquaient tout projet immédiat.Un problème de PPR (Plan de Prévention des Risques) qui s'est posé d'une façon encore plus sensible dans la vallée de la Siagne, les acquisitions foncières de Phénix (près d'un milliard de francs) se trouvant depuis inconstructibles. Quant au Palm Beach, à la suite d'une longue guerre de tranchées avec les copropriétaires de la presqu'île, la CGIS a fini par revendre la société Cannes Balnéaire, propriétaire du casino, au groupe Partouche. Non sans avoir encaissé, là aussi, de sérieuses pertes.