LGV Côte d'Azur : la bataille est lancée
"Nous n'allons pas faire une croix sur la ligne à grande vitesse. Il était temps que l'on entende les voix des milieux économiques de la Côte d'Azur et des syndicats salariés. Des voix très unies". Car aujourd'hui, pour les Alpes-Maritimes il y a péril en la demeure et la LGV risque de lui passer de nouveau sous le nez et cette fois de manière définitive. Certains responsables des Bouches-du-Rhône en effet semblent s'arc-bouter sur le tracé dit des "métropoles" qui passe par Marseille et rend la réalisation pratiquement impossible (un surcoût d'environ 3 milliards d'euros en raison des travaux en souterrain à réaliser). Président de la CCI Nice Côte d'Azur, Dominique Estève a aussi sonné la mobilisation azuréenne. Et il a donné le ton d'emblée lors de la réunion des forces économiques en faveur de la LGV jeudi dernier au palais consulaire à Nice : la Côte d'Azur veut la LGV; les déclarations positives des ministres ne suffisent pas; il faut maintenant des décisions, des financements, une programmation. Du concret.
La réunion collective en elle même constitue une première. Car non seulement y étaient associés les représentants des chefs d'entreprises (présidents de l'UPE06, du BTP, de l'Hôtellerie, de la Fédération Nationale Monégasque, etc.) mais également les représentants de syndicats de salariés (FO, CFDT, CGC, CGT). Bref l'union sacré. L'enjeu, il est vrai, est de taille : Nice sera-t-il ou non raccordé au réseau européen de lignes à grande vitesse?
Le coche avait déjà été manqué en 1990. Le projet de LGV, qui s'appelait déjà LGV Côte d'Azur, s'était arrêté à Marseille. "Un projet réalisé avec des financements nationaux et régionaux auxquels les Alpes-Maritimes ont participé", souligne Dominique Estève. La Côte s'est donc battue pour que le dossier de la LGV Côte d'Azur ne soit pas enterré : inscription dans la DTA (Directive Territoriale d'Aménagement) approuvée par le Gouvernement. Relance avec une inscription du projet TGV Côte dAzur par le Comité Interministériel dAménagement et du Développement du Territoire du 18 décembre 2003. Un débat public a suivi en 2005. A cette occasion toute la Côte d'Azur s'est mobilisée avec entre autres une pétition en faveur de la LGV qui a réuni quelque 20.000 signatures !
L'affaire prenait une bonne tournure. Deux options étaient mises à l'étude : un tracé dit des métropoles qui passe par Marseille centre et Toulon et un tracé dit "Côte d'Azur" qui fonce directement sur Nice à partir de la gare TGV d'Aix-en-Provence. Comme le rappelle Dominique Estève, RFF a alors décidé de poursuivre les études et de mener en 2006 et 2007 des études complémentaires pour comparer les performances et la faisabilité technique et financière des différentes solutions et choisir un scénario. Les résultats des études ont finalement été remis aux partenaires financiers du projet en septembre 2008, après plusieurs reports, mais nont pas été à ce jour diffusés plus largement.
Il ressort de ces études que le coût du tracé des métropoles semble désormais hors de portée financièrement (11,5 milliards d'euros contre 8 milliards d'euros pour le TGV Côte d'Azur). D'où des déclarations de Michel Sappin, préfet de la région Paca, en faveur de l'option LGV Côte d'Azur et de vives réactions dans les Bouches-du-Rhône. Dominique Estève se déclare d'ailleurs choqué par les déclarations de lUnion Patronale des Bouches du Rhône estimant préférable de ne pas réaliser de LGV du tout, plutôt que davoir une LGV ne passant pas par le centre de Marseille !
La bataille pour la LGV Côte d'Azur donc désormais est lancée. Par cette première réunion collective de mobilisation, la Côte montre sa détermination. On écoutera les interviews réalisés par Emmanuel Maumon (liens ci-contre) de Dominique Estève, mais aussi de Philippe Ortelli, président de la Fédération monégasque patronale ou de Jean-Michel Hervo, Secrétaire Départemental de la CFDT. Tous disent la même chose : il n'est pas pensable qu'à l'heure du Grenelle de l'Environnement et du Développement Durable, la 5ème ville de France ne soit pas reliée au réseau européen à grande vitesse.
|