Institut Eurécom : la boîte de Pandore du Peer-to-Peer
Le 10ème International Workshop on Web Caching and Content Distribution a permis de faire un point sur l'une des plus puissantes technologies de distribution de contenu : le Peer-to-Peer. Ernst W. Biersack, professeur à Eurécom, donne un aperçu des problèmes qu'elle pose.
Un point sur l'état de l'art en matière de technologies de "cache" et de distribution de contenu par Internet : c'est ce qu'a permis le 10ème International Workshop on Web Caching and Content Distribution (WCW) que l'Institut Eurécom a accueilli récemment. Ce rendez-vous, programmé une fois par an dans le cadre de l'IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), la plus importante des associations scientifique du monde des STIC, a regroupé pendant deux jours au CICA de Sophia Antipolis une quarantaine de spécialistes mondiaux. Le Workshop, qui avait déjà eu lieu plusieurs fois en Europe, s'est attaché plus particulièrement cette année aux technologies de P2P (Peer-to-Peer), nouveau paradigme de très grande puissance. Les innovations dans les systèmes de diffusion de contenu ayant un grand impact sur le monde de l'Internet, ce workshop tenait de l'événement. Ernst W. Biersack, professeur à l'Institut Eurecom, qui présidait le comité d'organisation, donne un aperçu sur les principales questions abordées."Au début du Web, sont apparues des technologies de "caching". Pour améliorer l'efficacité de la diffusion de contenu, on installait un "cache". Des journaux à grande audience, comme le "Times", ont ainsi fait des "miroirs", répliquant leurs contenus. Est apparu ensuite le Peer-to-Peer. Le principe est simple : votre machine qui tient habituellement le rôle de client, devient aussi active et joue un rôle de serveur. Mais cette technologie, efficace pour la diffusion de contenu, n'en pose pas moins d'autres problèmes, notamment celui du piratage des créateurs de contenus. Quand un film sort, on le retrouve souvent au même moment, et parfois même en avance, sur Internet. Le P2P bouleverse ainsi les business plan des créateurs de contenus". "Un autre défi est affronté par les opérateurs qui vendent les accès à Internet. Ils ont fait leurs calculs d'utilisation de ressources suivant les clients. Mais à travers le P2P, les internautes peuvent par exemple télécharger des films et venir saturer le réseau. Le volume des ressources à mettre à la disposition du client se trouve donc bouleversé par le P2P. Aux Etats-Unis, les opérateurs en sont venus à tarifer le P2P. Autre effet : le P2P vient bousculer l'organisation des réseaux et la structure de répartition des coûts entre opérateurs de différents niveaux. Les opérateurs ont réagi en installant des boîtiers (on parle de "cache logic") qui interceptent le trafic intra-opérateurs et permettent de minimiser les coûts en évitant aux données de remonter plus haut. Ce qui permet de ne pas avoir à payer à la hiérarchie supérieure pour la réception et émission de données. Mais, côté créateurs de contenus comme côté opérateurs Internet, on peut dire que les chercheurs, en créant la technologie du P2P, ont ouvert une boite de Pandore."Pour en savoir plus : http://2005.iwcw.org