Antibes : écrivain et poète, Erri De Luca reçoit le Prix Audiberti

Ecrivain, journaliste engagé, poète et traducteur italien contemporain, l’Italien Erri De Lucca, auteur d'une trentaine d'oeuvres, vient s’inscrire dans la lignée de Paule Constant (prix 2022), Béatrice Commangé, Frédéric Vitoux, Sylvain Tesson, René de Obaldia… autant d’écrivains qui ont reflété si bien les couleurs de la Méditerranée chères à Audiberti.

Erri De Luca

Le Prix Littéraire Jacques Audiberti 2023 a été attribué à un écrivain natif de Naples, Erri De Luca pour l’ensemble de son œuvre. Également journaliste engagé, poète et traducteur italien contemporain, il s’inscrit dans la lignée de Paule Constant (prix 2022), Béatrice Commangé, Frédéric Vitoux, Sylvain Tesson, René de Obaldia… autant d’écrivains qui ont reflété les couleurs de la Méditerranée chères à Audiberti. (Photo WTM : Erri De Luca au micro avec Didier Van Cauwelaert, lors de la présentation du prix en présence de Jean Leonetti, président de la CASA et des membres du jury).

Une enfance "déclassée" dans le Naples d'après-guerre

Né à Naples en 1950, dans une famille bourgeoise appauvrie par la guerre, Erri De Luca a publié une trentaine d’ouvrages. Il a d’ailleurs déjà été primé à plusieurs reprises : prix Femina étranger en 2002 pour son livre “Montedidio”, prix européen de littérature en 2013, prix Ulysse pour l'ensemble de son œuvre, prix André Malraux en 2020 pour “Impossible”.... Ce prix Audiberti lui a été remis vendredi dernier dans l’Auditorium du Conservatoire de la Musique et d’Art, remise officielle suivie d’une lecture de textes issus de son dernier ouvrage, “Grandeur nature”, par des élèves de Luc Girerd, professeur de théâtre au Conservatoire.

Son oeuvre, Erri De Lucca l’aura tirée en grande partie de son enfance. Il a grandi dans le quartier populaire de Montedidio, qui donnera son titre à l’un de ses plus célèbres romans. Une enfance “déclassée” qu’il ne se rappelle pas heureuse. Il habitait la “maison de la ruelle” entre une mère attentive, mais impérieuse et humiliée par sa nouvelle pauvreté, et un père bienveillant, mais “trop lointain”. Il n’avait pas de chambre et dormait dans la bibliothèque de son père. 

La littérature "pour empêcher la mort d'avoir le dernier mot"

“Cette proximité, cette fusion, cette manière de vivre et de dormir, de se réveiller dans ce décor de livres, est-ce cela qui vous a projeté à l'intérieur des livres et qui vous a aussi donné l'impulsion nécessaire pour sortir de vous-même”, a pu l’interroger Didier Van Cauwelaert, président du jury. Et d’ajouter son ressenti. “Il y a dans tout votre parcours à la fois paradoxal et d'une grande logique, cette circulation sans cesse entre la difficulté et la capacité à apprivoiser le bonheur.”

C'est ce qui traverse toute son oeuvre. Son premier livre, “Une Fois, un jour”, paraît en 1989. Il en a publié depuis de nombreux autres, alternant textes de réflexion sur les écritures saintes (Un Nuage comme tapis, Noyau d’olive, ou romans comme Au nom de la mère, C’est dit), traductions, recueils de poésies (Opéra sur l’eau), théâtre (Le dernier voyage de Sindbad) et surtout œuvres narratives. On lui doit nombre de romans ou récits, souvent brefs, ayant pour la plupart une tonalité autobiographique et Naples ou ses environs pour cadre, où il fait entendre les échos des rues des quartiers populaires de sa ville natale (Une Fois, un jour, Montedidio, Toi, moi), restitue son expérience intime de la montagne (Sur la trace de Nives,) ou évoque son engagement politique (Impossible).

On y trouvera à chaque fois une poésie très délicate et une subtile ironie qui sont la marque de celui pour qui la littérature n’a finalement qu’un but : "empêcher la mort d’avoir le dernier mot."

Le prix Jeune Audiberti à Emma Lefranc et Aurèle Dieudonné

Parallèlement a été remis le Prix Jeune Audiberti. C’est un concours d’écriture organisé par l’association des amis de Jacques Audiberti, la ville d’Antibes Juan-les-Pins et les éditions Gallimard. Les candidats, âgés de moins de 26 ans, doivent rédiger un texte bref, original et inédit sur le thème “Écrivez musclé, écrivez avec vos poings”, ainsi que le conseillait Jacques Audiberti au jeune Claude Nougaro. Ce prix a été remis cette année à Emma Lefranc, pour son texte “L’en deçà embêté" et à Aurèle Dieudonné pour “Typhon”.

 

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Prix Audiberti Erri De Luca
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