Fin du Nice-Paris Orly d’Air France : la Côte reléguée au second rang ?
La décision d’Air France d’arrêter son Nice-Paris Orly à l’été 2026 et de se faire remplacer sur la ligne par sa filiale low cost Transavia a suscité de vives réactions. Dans un communiqué commun, Alexandra Borchio Fontimp, Eric Ciotti, Charles Ange Ginésy et David Lisnard dénoncent cette atteinte à la navette aérienne.
Annoncé en fin de semaine dernière, le retrait d’Orly par Air France qui n’assurera plus à partir de l’été 2026 le Nice-Paris Orly, l’une des branches majeures de la “navette” sur la capitale, a suscité de vives réactions d’une partie des élus azuréens, même si Air France sera remplacé sur cette ligne par sa filiale Transavia. Dans un communiqué commun, la sénatrice Alexandra Borchio Fontimp, présidente du CRT Côte d’Azur France, le député Eric Ciotti, Charles Ange Ginésy, président du Département et David Lisnard, maire de Cannes ont expliqué pourquoi cette décision était pénalisante pour l’économie azuréenne. Voici le texte du communiqué. (Photo DR).
"Nous apprenons par voie de presse qu’Air France envisage, d’ici 2026, de ne plus assurer les liaisons entre Paris Orly et Nice, Marseille et Toulouse, et ainsi de confier la gestion de ces lignes uniquement à Transavia, filiale low cost de l’entreprise. Cela se traduira par une diminution quantitative et qualitative de l’offre de transports.
Cette décision n’a fait l’objet d’aucune concertation avec les villes concernées, les acteurs économiques azuréens ou encore les élus locaux. Elle n’est pas respectueuse des investissements massifs des destinations pour le tourisme et l’événementiel qui assurent un flux très important de clients à Air France et Transavia et contribuent à faire de la ligne Orly-Nice l’une des plus rentables, voire la plus rentable de France.
Une grande partie de ces clients, notamment réguliers, est attachée à la marque Air France et à ses prestations.
Cette décision brutale va donc aussi nuire à l’activité en affaires et en loisirs, au détriment in fine du transport aérien dont la Côte d’Azur est dépendante.
Elle entraîne une diminution des rotations quotidiennes de l’ordre de 10%, est contraignante pour les clients, qui n’ont d’autre choix que de transiter via Roissy s’ils souhaitent voyager avec Air France, et associe la ligne Nice-Orly à une marque low cost uniquement, et non plus à celle de la compagnie nationale. Enfin, elle menace directement une partie des 400 emplois locaux d’Air France.
Par ailleurs, la navette quotidienne assurée par Air France est vitale pour la Côte d’Azur, tant pour la vie quotidienne de ses habitants, représentant un véritable service public, que pour notre économie et nos entreprises, car aucune ligne de train à grande vitesse ne permet de relier la capitale rapidement.
La destination Côte d’Azur France est une place forte du tourisme national et international, de loisirs comme d’affaires, qui représente 15% du PIB du territoire et 150 000 emplois directs ou indirects. Ce sont ainsi plus de 10 millions de visiteurs qui ont fréquenté notre destination en 2022, dont 28% viennent par avion, parmi lesquels 140 000 congressistes internationaux de haut niveau chaque année.
La Côte d’Azur investit fortement dans le développement et la fidélisation de grands événements internationaux, qu’ils soient professionnels ou grand public, comme le Festival de Cannes, le Carnaval de Nice, Cannes Lions, l’Ironman France, le marathon des Alpes-Maritimes Nice-Cannes, ou la fête des Citrons de Menton.
Ces investissements consentis profitent à l’ensemble de l’écosystème touristique et notamment aux compagnies d’aviation, dont Air France, aussi bien sur les lignes internes que sur les long-courriers.
Les collectivités de la Côte d’Azur, en contrepartie, attendent d’Air France qu’elle joue le jeu de la destination, en maintenant une offre suffisante vers les deux aéroports parisiens et de qualité.
Notre destination, qui accueille le premier aéroport de France (hors Paris) ne peut être reléguée au second rang dans les décisions d’Air France."
Commentaires
Pour que la Côte d’Azur ne soit pas reléguée au second rang…
Mais il va falloir aussi remettre à niveau la ligne de Tende avec une électrification au sud de Limone, aussi bien sur la portion Limone - Vintimille, de même que Nice - Breil. Cette infrastructure dispose d’un véritable atout, surtout sur les portions, Nice - Breil et Breil - Limone, c’est de disposer de nombreux tunnels adaptés pour la double voie (Carabacel, Braus, Grazian, Caranca, Berghe et Tende). Si le tunnel de Carabacel est déjà à double voie électrifiée, les autres tunnels cités pourraient l’être tout autant, cela permettrait un gain de temps considérable pour relier Nice à Turin. Mais l’idéal serait que toute la ligne de Tende soit non seulement électrifiée, mais en plus, il faudrait qu’elle soit intégralement mise à double voie en vue d’avoir un temps de parcours entre Nice et Turin inférieur à deux heures.
Il va falloir que nos élus comprennent que si ils ne veulent plus avoir l’impression que la Côte d’Azur soit reléguée au second rang, tout miser sur l’axe ferroviaire Marseille - Nice - Gênes n’y résoudra rien car Nice restera spectateur des décisions prises par ces deux autres villes. Pour que Nice et la Côte d’Azur puissent devenir acteur de leur destin, il va falloir développer les axes ferroviaires Nord-Sud, à la fois vers Turin et vers Grenoble, un atout non négligeable pour l’aéroport de Nice pour renforcer sa zone de chalandise afin d’ouvrir et pérenniser de nouvelles lignes aériennes intercontinentales sans avoir besoin de passer par Paris. Ainsi il y aura moins besoin de vols entre Nice et Paris. A méditer, cordialement.
Pour ne pas être reléguée au second rang…(suite)
Bonjour
Si on est tous d’accord pour dire qu’il faut une alternative ferroviaire à l’avion pour relier Nice à Paris, c’est au niveau du choix de projet proposé par nos élus départementaux et régionaux pour y parvenir qu’il y a des doutes à avoir. Vouloir doubler la ligne ferroviaire historique entre Nice et Marseille d’une ligne nouvelle destinée uniquement à des TGV ne résoudra rien. L’argument consistant à justifier un tel choix du fait que 80% de la population de la PACA habite le long de l’axe Nice - Marseille c’est se tromper de diagnostic en ayant la mémoire courte. De plus, avec un tel projet, on va répéter les mêmes erreurs et aboutir aux mêmes conséquences : être reléguée au second rang !
On ne peut pas comprendre la saturation de la ligne ferroviaire Nice Marseille sans faire le parallèle avec les dysfonctionnements du réseau ferroviaire dans les Alpes du Sud. Le projet Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur est une très mauvaise nouvelle pour les Alpes du Sud, pourquoi ? La ligne ferroviaire historique entre Nice et Marseille concentre tout le trafic grande ligne entre Nice et le reste de la France, mais aussi à destination de la péninsule ibérique, or cela n’aurait pas dû être le cas. Une grande partie, voire la totalité du trafic ferroviaire grande ligne au départ de Nice devrait éviter Marseille et passer par les Alpes de Haute Provence au niveau de l’agglomération de Digne les Bains comme ce fut initialement prévu. Pour y parvenir, il faut relancer le projet ferroviaire à double voie électrique entre Grenoble et Nice imaginé par l’ingénieur de Digne les Bains, Alphonse Eugène Beau au 19eme siècle. Ce projet passait par La Mure, Gap, Sisteron et Digne et la ligne des Chemins de Fer de Provence entre Nice et Digne aurait dû en faire partie. Or cette desserte entre Nice et Digne est considéré comme d’intérêt local, ce qui explique la voie métrique, au delà ce choix purement politique, condamne toutes les Alpes du Sud à un enclavement sans fin. En réactivant ce projet ferroviaire entre Grenoble et Nice, on permettrait à Digne, mais aussi à Gap d’être desservie par un axe ferroviaire national, voire international, Paris-Grenoble-Nice, mais pas seulement. En rénovant et redimensionnant la ligne ferroviaire du Val de Durance, de même que celle du Cheval Blanc, on pourrait faire passer tout le trafic grande ligne au départ de Nice à destination d’Avignon, le Sud ouest de la France et la péninsule ibérique par la basse vallée de la Durance. Ainsi tout le trafic ferroviaire grande ligne au départ de Nice emprunterait le tronçon entre Nice et Digne, puis continuerait vers Manosque et Avignon, d’un côté, et Gap et Grenoble de l’autre. Grâce à cet apport du trafic grande ligne au départ de Nice, qui éviterait définitivement Marseille, on désenclaverait efficacement les Alpes du Sud à long terme. D’où l’intérêt majeur à relancer ce projet ferroviaire entre Grenoble et Nice imaginé par Alphonse Eugène Beau, pour en faire un axe ferroviaire national, voire international. A méditer, cordialement.