Grasse-Sophia : l’idée d’un centre d’excellence liant parfum et IA
Salle comble pour l’#IADATES sur “Intelligence Artificielle, arômes et parfum” qu’organisait l’Institut EuropIA au Palais des Congrès de Grasse, capitale mondiale des parfums. L’IA va aussi révolutionner la parfumerie et une idée s’est tout naturellement dégagée des débats : pourquoi ne pas créer un centre d’excellence qui conjuguerait les savoir-faire de Grasse dans les parfums et ceux de Sophia Antipolis dans l’IA ?
A Grasse, le duo Intelligence Artificielle et parfum se place comme un vrai sujet qui intéresse beaucoup de monde. Il était possible de s’en convaincre lundi à l’occasion de l’#IADATES sur “Intelligence Artificielle, arômes et parfum” qu’organisait l’Institut EuropIA au Palais des Congrès de la capitale mondiale du parfum. Un lundi soir, dans une période de vacances scolaires, sur un thème plus spécifique après les éclats du WAICF, le salon international de l’IA à Cannes, il était possible de s’attendre à une assistance plutôt clairsemée. Surprise. Ce premier rendez-vous IA à Grasse a fait salle comble. Plus de deux cents participants. (Photo WTM : les intervenants à cet #IADATES IA, arômes et parfum).
Ce que les parfumeurs attendent de l'IA
Ce que les parfumeurs attendent de l’IA ? Ces attentes ont pu être précisées par plusieurs représentants de grands groupes grassois de parfum et de producteurs de plantes à parfum lors des interventions animées par Frédéric Bossard, co président de la French Tech Côte d’Azur et de Telecom Valley.
Pour Marithé Béchu, de Grasse Expertise, l’IA apporte ce qui n’existait pas auparavant : une prédiction de la demande. Cela va permettre de mieux gérer les stocks et d’anticiper la demande future ainsi que d’optimiser la tarification, d’automatiser les tâches de gestion administrative. “L’IA c’est une révolution dans l’industrie. Elle ne va pas remplacer l’humain, mais va servir à booster les ventes grâce à l’utilisation de la data. L’IA ne va pas toucher que la fabrication du parfum, mais aussi sa commercialisation”.
Pour les parfumeurs représentés par Frédéric Badie (Payan Bertrand), Philippe Masse (Prodarum), Jean-Baptiste Coffin (Perfumist) ou encore Philippe Claud (Pôle Innov’Alliance), l’IA devrait permettre de créer mieux et plus vite, de stimuler l’innovation, d’obtenir des produits encore plus sains à partir de cultures qui pourront être mieux surveillées et qui éviteront l’usage de produits phytosanitaires. Un bémol toutefois. Il ne faut pas que l’IA vienne se substituer à la créativité humaine et aboutir à une anesthésie de l’acte de création du parfumeur en cherchant uniquement à coller aux attentes du marché.
Oui, l'IA peut sentir
L’Intelligence Artificielle promet pourtant de grandes avancées dans la production de parfums et arômes. Sébastien Fiorucci, professeur à UCA (chimie), a expliqué, avec beaucoup de clarté, ce qu’elle allait apporter en répondant à plusieurs questions : l’IA peut-elle sentir ? Peut-on lui apprendre à reconnaître les odeurs ? Peut-elle aider à mesurer une odeur structurée ? La réponse, chaque fois, est oui. C’est aujourd’hui possible.
L’odorat humain fonctionne à partir de plus de 400 capteurs olfactifs. A partir de l’IA a été développé un modèle mixant le traitement du langage naturel et la théorie des graphes pour la structure chimique. Les odeurs se retrouvent ainsi représentées sous une forme qui ressemble à celle des codes barres. Des expériences d’IA olfactive avec des capteurs bio inspirés, ont notamment déjà été menées et se sont intéressées à l’odorat des insectes afin de développer de nouvelles molécules permettant de les repousser dans les cultures. Prometteur.
Grasse-Sophia pour un centre d'excellence de la nouvelle parfumerie
Directrice de la Maison de l’Intelligence Artificielle, Isabelle Gally, a aussi incité les professionnels à approfondir la question de l'IA à Sophia Antipolis. Quant à la conclusion, elle a été apportée par Marco Landi. Le président de l’Institut EuropIA a rappelé les bouleversements que l’IA allait apporter dans notre vie quotidienne mais aussi dans l’industrie et a lancé une idée : pourquoi ne pas créer à Grasse, un centre d’excellence de la nouvelle parfumerie, liant le monde des parfums et l’IA. Une idée qui a du sens et devrait trouver un écho.
Elle associe Grasse, capitale mondiale des parfums qui a toute la légitimité dans son domaine, et Sophia qui se positionne comme un des grands centres européens d’expertise en IA. Un vrai potentiel de ticket gagnant.
Photo DR : salle comble lundi 13 février au Palais des Congrès de Grasse pour cet #IADATES sur IA, arômes et parfum.