Mycophyto : 4 M€ pour attaquer l'étape de l'industrialisation
Une stratégie rondement menée pour Mycophyto que pilote Justine Lipuma. Après une levée de 1,4 M€ en 2019 pour développer ses solutions de champignons mycorhiziens, l'AgriTech a fêté une seconde levée de 4 M€ pour industrialiser ses produits et envisage déjà une "série" A de 10 à 15 M€ en 2024 lui permettant d'assurer aux agriculteurs une solution naturelle, efficace, facile à utiliser pour remplacer les engrais chimiques. La nouvelle agriculture en marche.
Nouveaux bureaux et labos, nouvelle levée de fonds de plus de 4 M€ : l'année a commencé en pétillant pour Mycophyto, l'AgriTech emblématique de la Côte. Ces deux événements ont été fêtés le 5 janvier dernier lors de l'inauguration des nouveaux locaux à Grasse Biotech, l'hôtel d'entreprises de la cité des parfums. Une inauguration qui a permis aux deux fondatrices, Justine Lipuma, docteur en microbiologies, et Christine Poncet, ingénieur agronome Inrae, ainsi qu'à toute l'équipe (une vingtaine de collaborateurs déjà) de présenter la startups, ses locaux et ses ambitions aux politiques et professionnels azuréens. (Photo DR : Justine Lipuma).
Des solutions mises au point grâce à la première levée de fonds
Mycophyto, certes, s'est déjà bien fait connaître. Son coeur de métier d'abord, rentre dans les préoccupations d'aujourd'hui liées à la défense du climat et à une agriculture durable beaucoup plus proche des équilibres naturels. Vieux de quelques centaines de millions d'années et redécouvert aujourd'hui, ses champignons mycorhiziens viennent assurer tout naturellement une augmentation de la productivité des cultures et la résilience des sols.
Tout l'art de Mycophyto maintenant est de permettre aux agriculteurs de s'en approprier en leur apportant des solutions fiables, efficaces, faciles à utiliser et à des prix soutenables. C'est à cela que la startup s'est attelée. Grâce à une première levée de fonds de 1.4 millions d’euros en 2019, elle a mis au point des produits dédiés à plusieurs types de culture sous forme de poudres ou de liquides. La nouvelle étape, marquée par ce second tour de table d’un montant de 4.155 millions d’euros, est maintenant celle de l'industrialisation. Mycophyto veut se lancer dans la production industrielle à grande échelle avec la volonté de devenir leader sur le marché européen d’ici 2025.
Passer à la phase d'industrialisation des produits
Le chemin déjà parcouru permet de l'envisager. Avec plus de 30 clients récurrents cette année et une présence sur 4 filières agricoles principales (Plantes à parfums, aromatiques et médicinales, maraîchage & fruits / légumes, vigne et aménagements paysagers), l’entreprise a su démontrer les gains de sa solution : augmentation des rendements (entre 15 et 30%), réduction des intrants, dont l’eau, (jusqu’à 40% de stress hydrique en moins), amélioration de la qualité des productions.
Pour passer à l'échelle industrielle cependant, "nous ne devons plus raisonner en milliers de plants traités mais en dizaines d’hectares pour répondre à la demande de nos clients", explique Justine Lipuma. "Il s'agit aussi d'augmenter nos capacités de production et d'industrialiser nos process."
La préparation d'une troisième levée de fonds de 10 à 15 M€
C'est la phase qui démarre. Actuellement Mycophyto dispose de 170 m2 de bureaux et 50 m2 de laboratoires à Grasse Biotech, ainsi que 1.000 m2 de serres à l'INRAe de Sophia Antipolis et au lycée agricole d'Antibes. La société cherche maintenant un terrain d'un hectare pour agrandir ses espaces de travail et de production.
La levée de fonds de pré série A réussie lui permettra cette année de démontrer la viabilité économique de son modèle et de préparer pour 2024, une levée de fonds plus conséquente. Il est envisagée une série A, de l'ordre de 10 à 15 M€ pour continuer d'accélérer en passant sur une ferme industrielle de 4.000 m2 en 2024, puis de 8.000 m2 en 2025. De quoi faire monter la production et le chiffre d'affaires : 800 K€ visés en 2023, 1,5 M€ en 2024 et dans le cadre de la transition écologique, une croissance exponentielle qui peut être raisonnablement caressée dans les années qui suivent. Comme pour les champignons.
Qui a investi dans les "champignons magiques" ?
Pour cette levée de fonds qualifiée de "pré Série A", il n'y a pas eu un unique investisseur, mais beaucoup d'investisseurs de niveaux différents. Justine Lipuma a cherché justement a réunir une pléiade d'investisseurs pour garder une large couverture de son accompagnement financier. La première catégorie est celle des "historiques". Ainsi, l’intégralité des investisseurs de 2019 a décidé de s’engager à nouveau. Région Sud Investissement, Créazur, Olbia Invest et Penfret ont renforcé leur présence comme Erik Orsenna et Dominique Gaillard qui avaient rejoint l'aventure en 2020.
De nouveaux investisseurs, entrepreneurs et Business Angels de différents horizons sont également arrivés. Certains sont des entrepreneurs locaux comme les frères Garotta (entreprise familiale de BTP) ou Jean-Daniel Hernandez (Pdg de Botanica). A noter aussi parmi les nouveaux, les fonds d'investissement de deux caisses régionales du Crédit Agricole (Nouvelle-Aquitaine et Charente-Périgord).
Photo WTM : l'équipe de Mycophyto compte maintenant 20 personnes. Cinq nouveaux recrutements sont prévus actuellement pour assurer la nouvelle étape d'industrialisation (direction industrielle, responsable de supply chain, commerciaux...).