Monaco : l'analyse rassurante de Ludovic Subran sur la montée de l'inflation
C'est un économiste écouté qui a donné devant les entrepreneurs du Monaco Economic Board, son analyse sur la montée de l'inflation, au cœur des débats du jour. Plutôt rassurant, Ludovic Subran ne croit "ni à la hausse excessive des salaires, ni à l’inflation monétaire (…) ni à un choc structurel qui mettrait à mal les antidotes de l’inflation que sont la mondialisation, la numérisation et la croissance". A voir évidemment.
Prix à la pompe, tarifs de l'énergie en flèche, produits alimentaires plus chers, syndicats qui grognent pour une hausse des salaires, gouvernement qui annonce un chèque de 100€ de rattrapage à 38 millions de Français : la question d'un retour de l'inflation est dans tous les débats du jour. C'est justement cette question qu'a traitée devant les membres du MEB (Monaco Economic Board), un des meilleurs économistes actuel, Ludovic Subran, chef économiste d'Allianz. Le sujet, "l'inflation dans tous ses états", tournait autour des interrogations du jour : y aura-t-il un retour de l'inflation, le mal des années 80 et faut-il s'en inquiéter ? (Photo MEB : Ludovic Subran lors de la conférence à Monaco).
"La vraie question est de savoir si ça va durer"
Alors ? Le diagnostic ? Plusieurs scénarios ont été évoqués mais Ludovic Subran s’est voulu plutôt rassurant. L’inflation a toujours existé, elle est partout, elle concerne tout le monde, peut être mesurée de multiples façons et devient vite un enjeu politique, souligne l’économiste. Si les interprétations des chiffres peuvent faire débats, la hausse des coûts est cependant réelle et les causes globalement identifiées : réouverture de l’économie, oligopoles dans certains secteurs, sous-investissements, politiques énergétiques hasardeuses, etc.
"Mais la vraie question est de savoir si ça va durer", estime Ludovic Subran. Pour lui la réponse est non. "Je ne crois ni à la hausse excessive des salaires, ni à l’inflation monétaire (…) ni à un choc structurel qui mettrait à mal les antidotes de l’inflation que sont la mondialisation, la numérisation et la croissance". Il n’écarte cependant pas certains risques, en particulier la stagflation, situation qui voit l’excès d’inflation tuer la croissance. Par ailleurs, une certaine pression sur l’énergie, les biens de consommation ou encore l’immobilier pourraient inciter les gouvernements et les banques centrales à revoir plus rapidement leur politique accommodante.
Le scénario d'un atterrissage en douceur l'an prochain
Mais, toujours selon son analyse, l’injection massive d’argent dans l’économie à travers les mesures d’aide ne serait pas la cause de la situation actuelle. "30% de cet argent est passé dans l’économie réelle, le reste correspond à du remboursement de dette ou à de la thésaurisation", note Ludovic Subran. Aussi, finalement, il envisage un scénario plutôt optimiste avec une forme d’atterrissage en douceur après une période de surchauffe, notamment aux États-Unis, en 2022. On croise les doigts et on verra l'an prochain s'il a vu juste.
- Cette conférence a été donnée mardi 19 octobre à la Salle Belle Époque de l'Hôtel Hermitage à Monaco, devant près de 70 acteurs économiques et officiels. Elle était organisée à destination des adhérents du MEB, en partenariat avec Monaco Asset Management et la JCE Monaco.