Parasite : retour sur un film qui a tout gagné depuis Cannes
C'est le film-événement. "Parasite" de Bong Joon-ho, Palme d'or 2019 à Cannes a écrasé le palmarès des derniers Oscar : Oscar du meilleur film tout court (le premier long-métrage en langue étrangère à le remporter) et du meilleur film international, Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original. Jeune étudiant, Leo avait eu le même enthousiasme que le jury cannois pour ce film hors norme. La critique qu'il en avait fait à l'époque, reste plus que jamais d'actualité.
Cela va bientôt faire un an que Parasite a débuté sa tournée fantastique des récompenses, et avec son triomphe très récent aux Oscars, il est temps de faire un petit retour sur ce météore. J’avais déjà eu l’occasion de faire l’éloge du film à sa sortie. Je l'ai revu trois fois ensuite en salle, chaque fois avec le même plaisir et chaque fois j'y ai découvert de nouvelles choses. Aussi mon avis sur Parasite n’a depuis pas changé, si ce n’est en mieux. Je persiste et signe.
Cannes 2019 : Parasite, la perle rare du Festival
Inutile de le cacher, j’ai adoré "Parasite", et je ne me sentais pas seul au vu de la (très) longue ovation accordée à ce qui est selon moi l’œuvre cinématographique absolue et incontestable de cette décennie.
Deux ans après Okja, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho est revenu au Festival de Cannes avec "Parasite", une alternative aux films américains à gros-budget dont se fatigue, selon ses propos, le réalisateur.
Le cadre est posé en Corée du Sud dans un pittoresque monde très proche du nôtre où le fossé d’argent entre les différentes classes sociales est à un stade critique. Le film traite de l’histoire de deux familles, l’une est riche à n’en plus pouvoir tandis que l’autre, dans une situation bien plus précaire, se voit obligée de reconfigurer des boîtes de pizza pour pouvoir à peine survivre. Cette deuxième famille, celle des Ki-taek, est cependant décidée à ne pas rester à sa place et à ne pas hésiter à ruser pour monter les marches.
Il se trouve que par relation, le fils des Ki-taek arrive à devenir le professeur particulier d’anglais de la fille de cette riche famille, les Park. A partir de cette entrée, il dispose d'une place stratégique au cœur d’une fourmilière d’argent. Et il va s’en servir pour glisser habilement sa famille à l’intérieur. A la manière de parasites.
Voila pour le fond de l'histoire que Bong Joon Ho raconte merveilleusement. L'image est maîtrisée à la perfection. Chaque plan a un sens, une poésie et accompagne avec brio un scénario qui jamais ne se laisse tenter par la facilité ou les raccourcis maladroits. Il est là question d’un film qui signe la meilleure œuvre du réalisateur. En sortant de la salle, on ne peut pas en attendre plus de la part de Parasite : le film donne tout.
Plein de rebondissements, le long-métrage devient alors la représentation tumultueuse d’une lutte des classes nouvelle génération. Il se transforme en message d’alerte au monde et dénonce une situation qui jamais n’a été aussi inégale. Un sujet qui plaît à Bong Joon-Ho, et qu'il avait déjà traité par le passé dans d’autres réalisations comme l’excellent Snowpiercer.
"Parasite" est un film qui nous interpelle. Il nous fait réfléchir sur la direction qu’a pris le monde et sur les conséquences d’une fracture sociale qui vient s'ajouter aux maux dont souffre déjà la planète (climat, guerres, surconsommation, …). Alors oui, excellant dans tous les domaines, c'est bien pour moi l’œuvre cinématographique absolue et incontestable de cette décennie. Je parie qu'elle restera dans les mémoires de ce siècle qu’il préfigure si bien.
Leo Largillet