Sophia : menace sur le centre R&D de NVIDIA, ex Icera
C'est par le rachat de la start-up britannique Icera, dont il avait fait grandir le centre de R&D sophipolitain de 60 à 140 personnes, que NVIDIA avait posé un pied dans la technopole. En décidant aujourd'hui de se retirer du marché des puces de smarphones et de céder à la mi-2016 sa filiale Icera, spécialisée dans les modem 3G/4G, le géant américain des cartes graphiques plonge le site sophipolitain dans l'incertitude.
C'est une nouvelle qui vient des Etats-Unis et qui concerne une des entreprises phares de Sophia Antipolis : NVIDIA a annoncé il y a deux jours qu'il vendra l'an prochain sa filiale Icera spécialisée dans les modems 3G/4G destinés à être implémentés dans des chipsets cellulaires (les SoC, Systems on Chip). Une cession considérée à risque pour les 500 salariés de la filiale répartis principalement en France (200 personnes dans la technopole), en Grande Bretagne, le berceau d'Icera (Bristol, Cambridge), et, dans une moindre mesure en Asie et aux Etats-Unis.
NVIDIA projette ainsi de se séparer de sa branche modem au cours du second trimestre de l’année fiscale 2016 (soit entre les mois de mai et juillet 2016). La direction a annoncé vouloir revendre la filiale au complet mais l'on peut craindre que ce soit surtout ses technologies très pointues (Icera détient plus de 550 brevets attribués ou en cours d’attribution) qui intéressent les repreneurs.
L'échec de la stratégie d'ouverture dans les mobiles
L'annonce de la revente d'Icera, signe aussi pour le fondeur NVIDIA, géant américain des cartes graphiques, l'échec de sa stratégie : celui de devenir un acteur majeur dans l'informatique mobile. C'est ce qui avait poussé la firme de Santa Clara a racheter la start-up britannique en 2011 pour 357 millions de dollars. NVIDIA avait alors déjà marqué des points dans les mobiles avec ses Tegra et Tegra 2. Mais il lui manquait une "brique technologique" : la partie bande de base que maîtrise bien notamment Qualcomm, un de ses concurrents avec les Snapdragon. Fabricant de modems 3G/4G, Icera, devait ainsi lui permettre de se renforcer sensiblement dans les circuits pour mobiles et tablettes.
C'est bien ce qui a été tenté. Mais le premier composant sorti de cette stratégie, le Tegra 4i, n'a pas eu le succès escompté. Il n'a convaincu qu'un seul constructeur, Wikio sur ce marché ultra-concurrentiel des SoC (composants réunissant processeur et modem) dominé par Qualcomn, Samsung ou MediaTek. Un marché que même Intel, un autre colosse, a beaucoup de mal à pénétrer. Aujourd'hui aussi, NVIDIA jette l'éponge en décidant d'arrêter les opérations d'Icera avant l'été prochain. Faute d'avoir percé sur les puces pour smartphones, la société réoriente sa stratégie et cherche maintenant à se renforcer sur les cartes graphiques ultra-puissantes pour gamer, ainsi que sur l'automobile et le "cloud". Une dernière activité sur laquelle s'est orienté NVIDIA Sophia, mais qui reste encore marginale pour le centre de R&D.
Les exemples de TI Villeneuve-Loubet et de Samsung Sophia
C'est à travers le rachat du Centre de Recherche et Développement d'Icera en juin 2011, que NVIDIA avait posé un pied à Sophia Antipolis. Son centre de R&D sophipolitain avait été inauguré en janvier 2012 et avait connu depuis une belle croissance en effectifs. Icera, arrivé dans la technopole en 2005, comptait lors de son rachat 60 personnes dans la technopole. Installé au 1.300 route des Crêtes, le site de NVIDIA dirigé par Fabrice Moizan, est depuis monté à 140 personnes. L'abandon de la stratégie mobile du géant de la carte graphique a de quoi alimenter des craintes pour l'avenir.
D'autant plus que la Côte d'Azur se souvient de ce qu'il en est advenu pour un autre géant, Texas Instruments à Villeneuve Loubet, suite là aussi à un grand retournement stratégique ou encore à Samsung qui termine une restructuration mondiale qui ampute son site sophipolitain de 80% des effectifs.