Cannes : première mise en examen dans l'affaire de l'Association des amis du maire
A Cannes, où se prépare une bataille municipale sanglante entre deux représentants de l'UMP, la mise en examen aujourd'hui d'un ancien conseiller du député-maire Bernard Brochand fait grand bruit. Ancien président de l'UPRL (Union patronale des restaurateurs limonadiers de Cannes), président de l'association des amis de Cannes et conseiller du maire de Cannes jusqu'en juillet dernier, Daniel Alessio a été mis en examen pour "abus de confiance", "trafic d'influence passif" et "complicité de détournement de fonds public". Après deux jours de garde à vue, il a été laissé libre mais a été placé sous contrôle judiciaire.
Outre Daniel Alessio est également dans le viseur André Taddeï, qui avait été nommé directeur de cabinet de Bernard Brochand en 2002, et qui est le trésorier de l'association. Ce dernier avait été placé en garde à vue en même temps que Daniel Alessio jeudi matin dans les locaux de la compagnie de gendarmerie de Cannes. Mais, victime d'un malaise vendredi soir, il a été hospitalisé et son audition reportée.
L'affaire certes ne date pas d'aujourd'hui. Voilà des mois que le juge grassois Jean-Pierre Murciano enquête pour savoir si l'association des Amis de Cannes n'avait pas pu servir de relais pour certaines opérations de financement de campagnes électorales. Les premières perquisitions, notamment en mairie de Cannes, avaient eu lieu en mai dernier et ce n'est pas la première fois que les deux responsables de l'association affrontent la garde à vue. Mais jusqu'à présent aucune mise en examen n'était ressortie. Les nouvelles perquisitions du début de la semaine, menées dans les services de la mairie de Cannes ainsi qu'au Baôli, un restaurant discothèque huppé du port Canto qui a obtenu une concession de 30 ans, semblent avoir apporté des éléments nouveaux.
La mairie de Cannes, de son côté, a indiqué dans un communiqué qu'elle n'avait eu "aucune connaissance des motivations et du contenu des investigations" et a affirmé s'être constituée partie civile dans ce dossier.
C'est qu'à cinq mois des municipales, cette première mise en examen est potentiellement explosive. Si le député-maire qui n'est pas candidat (il reste cependant en 3ème position sur la liste et briguerait la présidence de la Communauté d'agglomération du pays de Lérins), il a adoubé son premier adjoint David Lisnard et a placé d'entrée la campagne sur le terrain de la moralité et de la lutte contre la corruption. Ainsi, dans un courrier qu'il avait adressé à Jean-François Copé après la décision de la commission nationale de n'accorder l'investiture à aucun des deux candidats UMP cannois, Bernard Brochand évoquait "une corruption généralisée et des pratiques mafieuses" régnant à Cannes avant son arrivée en 2001.
Ce qui évidemment n'avait guère plu à Philippe Tabarot. Dans une conférence de presse, le conseiller général, candidat lui aussi aux prochaines municipales, avait déploré que Bernard Brochand veuille le "traîner dans la boue" et avait ironisé que "ce n'est pas avant 2001 que 16 gendarmes ont perquisitionné à la mairie". Le développement de l'affaire de l'association des Amis de Cannes pourrait apporter de l'eau à son moulin.
- Pour une idée de l'ambiance, lire l'article sur le Point.fr relatant la réunion autour du problème cannois de la commission d'investiture UMP pour les prochaines municipales : "Les municipales à Cannes empoisonnent l'UMP"