Cyberjournal : l'animateur du nouvel âge numérique
Véritable vitrine de compétences et de services régionaux, le journal électronique est chargé de tisser, à l'heure du numérique, ces liens sociaux indispensables à la vie de la cité.
Au delà d'aspect interactif, le cyberjournaliste et le cyberlecteur participent à une nouvelle dynamique socio-culturelle articulée autour de la notion d'appartenance communautaire chère à l'idéologie du cyberespace. Le journal électronique ne peut plus se contenter d'être un vecteur d'informations aussi pointues soient-elles, il doit produire le fameux lien social en tissant un nouveau type de relations avec son lecteur.Place du villageDominique Nora évoque ainsi en ces termes l'édition en ligne du /www.sjmercury.com/">San José Mercury News: 'Plutôt que d'être perçu comme un service d'information électronique, le Merc Center, comme son nom l'indique, souhaite davantage symboliser un 'lieu' d'échange et de discussion, l'équivalent numérique de la place du village'.Côté européen, 'Le Républicain Lorrain' met déjà plus de 1.200 communes en ligne avec infos pratiques, administratives voire touristiques à l'appui tandis que 'La Tribune de Genève' préfère privilégier la relation avec son cyberlecteur en développant l'idée d'un club TG au sein duquel ses abonnés trouvent des réductions de tout acabit : voyages, produits de la boutiqueprésente sur le site etc...et la possibilité de référencer ses propres homepages.Autre formule pour attirer le cyberlecteur : le faire écrire. Cela s'appelle la 'publication communautaire'. 'Télérama', parmi d'autres, vise à travers l'auto-publication des internautes, à toucher la génération 'cliquante et zappante' explique Gérard Pangon.Faire vibrer la corde communautaire peut également être un moyen d'équilibrer les comptes pour des webzines indépendants comme 'Le Petit Bouquet' qui fait régulièrement appel à la générosité de son cyberlectorat. Autant de tentatives pour fédérer et surtout fidéliser un lectorat mouvant du fait des liens hypertextes.Nomade par essence le cyberlecteur ? Un cyberlecteur interrogé par Valérie Jeanne dans le cadre d'une enquête sur les lecteurs du 'Monde Diplomatique' répond placidement : ' Au fond, le 'Monde Diplomatique' sur papier est fait pour être lu, le site sur internet est destiné au zapping'. Dès lors, le journal essaie de nouer des relations privilégiées avec son lectorat afin de véritablement renouer le dialogue. Pour ce faire, quoi de mieux que l'e-mail pour rendre visible, et surtout accessible, n'importe quelle salle de rédaction ?Nouveaux rapports avec le lecteurChaque cyberjournaliste possède désormais sa propre adresse e-mail et devient ainsi joignable à tout moment. Conséquence ? Dans le nouveau paysage informationnel, le journaliste se positionne au même niveau que le lecteur. L'irruption du mail dans les contacts journaliste - lecteur fait voler en éclats les hiérarchies d'antan : plus d'attentes interminables pour s'entretenir avec un rédacteur en chef. On peut interpeller n'importe qui.Visibilité de la rédaction et accessibilité : tels sont désormais les maîtres mots d'une cybersalle de rédaction. De nouveaux rapports entre le journaliste on-line et son lectorat se dessinent . Nous ne sommes plus dans une diffusion 'one-to-many' mais dans une diffusion 'one-to-one'.Ce nouveau rapport implique l'intervention de techniques baptisées 'push'. Le modèle 'push', par opposition au modèle 'pull', pousse automatiquement l'information vers l'utilisateur. Ce n'est plus le lecteur qui vient chercher l'information, c'est l'information qui vient à lui. De nombreux journaux, comme par exemple 'Europe infos', misent désormais sur l'information personnalisée qui permet, grâce à des agents intelligents, de stocker les centres d'intérêt d'un cyberlecteur et de lui envoyer toutes les informations s'y rapportant. Grâce à une fonction d'alerte, le lecteur recevra dans sa boîte aux lettres électronique, les dernières nouvelles liées aux mots-clefs qu'il aura enregistrés.L'avenir, selon certains, appartient à ces nouvelles techniques. Michel Cartier, professeur à l'Université du Québec, affirme ainsi que 'le succès de l'industrie du contenu ( information) dépendra de sa capacité à répondre à l'individualisation de la demande'.A l'heure actuelle, ce type de 'journal à la carte' a encore ses lettres de noblesse à conquérir. En revanche, le journal électronique, véritable vitrine de compétences et de services ( mise en ligne de CV, d'offres d'emplois, d'informations régionales, de produits régionaux, etc.), sort de sa dimension purement encyclopédique pour se hisser au rang d'organe civique. Et se pose comme une sorte d'animateur de la cité dans le nouvel âge numérique qui s'installe.